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L’ONU concocte de nouvelles mesures, mais le temps presse, préviennent certains représentants

Le Conseil de sécurité se réunira la semaine prochaine pour décider des mesures à prendre pour relancer le processus de paix en Côte d’Ivoire, mais le temps est compté si l’on veut respecter les échéances d’octobre, ont prévenu des représentants des Nations unies (ONU).

“Je ne peux pas dire qu’il y a eu le moindre progrès depuis le mois de décembre,” a déclaré à IRIN Alan Doss, l’adjoint au représentant spécial des Nations unies pour la Côte d’Ivoire, après la visite cette semaine du président sud-africain Thabo Mbeki, le médiateur officiel dans la crise ivoirienne.

“Nous travaillons encore sur la base de l’échéance d’octobre, mais j’avoue que les affaires se compliquent chaque jour un peu plus et qu’aucun progrès n’est perceptible dans certains domaines,” a t-il indiqué. “Il n’y a pas de doute, nous aurions préféré voir des avancées plus significatives.”

A la réunion du Conseil pour la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA) qui s’est tenue lundi dernier à Libreville, la capitale gabonaise, les chefs d’Etats ont demandé aux Nations unies de différer la deuxième vague de sanctions contre les personnalités ivoiriennes, le temps que les efforts de médiation de Mbéki puissent porter leur fruit.

Selon certaines sources proches du Conseil de sécurité à New York, le comité des sanctions a fait savoir qu’il se conformera à la demande de l’UA et différera les sanctions (interdictions de voyager et gel des avoirs) prises à l’encontre des personnalités qui, par leurs actions, constituent un obstacle au processus de paix.

Selon ces mêmes sources, le comité des sanctions pourrait envisager de prendre des mesures contre les personnes accusées de violations de droits de l’homme et d’attiser la haine à travers les médias.

“Pour l’instant, nous ne pouvons rien faire contre ceux qui entravent le processus de paix car la médiation sud-africaine se poursuit. Nous attendons,” a indiqué jeudi à IRIN une source diplomatique lors de la réunion des 15 membres du Conseil de sécurité. “Mais nous pouvons nous attaquer à deux problèmes : les violations des droits de l’homme et les messages de haine diffusés par média interposé.”

A en croire cette source, le comité des sanctions attend de disposer de l’annexe du rapport des Nations unies sur les violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire, dans lequel figurent 200 noms, et du dossier contenant les messages de haine diffusés dans les média. Ces deux documents devraient servir de base de travail aux discussions prévues la semaine prochaine.

Selon certaines diplomatiques présentes à Abidjan et à New York, le Conseil de sécurité répondra également à la requête du secrétaire général de l’ONU Koffi Annan d’augmenter de 1 200 hommes le contingent des forces de maintien de la paix de l’ONU en Côte d’Ivoire, un pays coupé en deux depuis le début de la guerre civile en septembre 2002.

Entre temps, la France, ancienne puissance coloniale qui dispose en Côte d’Ivoire de 4 000 hommes de la Force Licorne, a rédigé un nouveau projet de résolution visant à renforcer l’embargo sur les ventes d’armes imposé mi-novembre par l’ONU.

Un embargo sur les ventes d’armes au gouvernement ivoirien et aux forces rebelles du Nord du pays avait été imposé après que le président Laurent Gbagbo ait bombardé le fief des rebelles, rompant ainsi une trêve en vigueur depuis 18 mois.

“Le conseil de sécurité… réaffirme la demande… que tous les états, particulièrement ceux qui ont une frontière avec la Côte d’Ivoire, prennent toutes les mesures nécessaires pour empêcher la livraison, la vente, le transfert d’armes, direct ou indirect, à la Côte d’Ivoire,” indique le projet de résolution dont IRIN a pu se procurer une copie.

Ce projet vise aussi à donner aux 10 000 forces françaises et onusiennes de maintien de la paix l’autorisation d’arrêter et de fouiller tout avion ou véhicule dans les ports, aéroports et aux frontières.

Il demande aussi à l’armée régulière ivoirienne et au mouvement rebelle des Forces nouvelles de fournir dans un mois un inventaire de leur arsenal militaire.

Compte à rebours pour les élections

Alors que les médiations se poursuivent sur le front diplomatique, certains officiels ont prévenu que les retards dans l’application de l’accord de paix négocié en janvier 2003 rendent de plus en plus difficile la tenue des élections présidentielle et législative prévues en octobre.

Selon un rapport interne des Nations unies consulté par IRIN, il faudrait au minimum sept mois pour préparer le processus électoral en Côte d’Ivoire si l’on veut respecter les normes internationales en matière de transparence et d’impartialité du scrutin.

L’opposition a contesté les listes d’électeurs établies lors des dernières élections présidentielles de 2000. Le rapport de l’ONU estime qu’elle n’inclut cette fois-ci que 60 pour cent des personnes en âge de voter.

Toutefois, le rapport recommande que le gouvernement mette à jour les listes électorales existantes, en ouvrant 2 500 centres d’inscription à travers le pays, plutôt que de reprendre à zéro l’inscription des électeurs.

Le rapport a été rédigé après une visite de travail en Côte d’Ivoire en octobre 2004 et recommandait que les préparatifs des élections, notamment la mise en place de centres d’inscription des électeurs, démarrent début décembre.

Mais six après la publication du rapport, aucune mesure n’a été prise pour mettre en route le processus électoral et les chances de voir ses recommandations appliquées avant la tenue des élections s’amenuisent de jour en jour.

“Il y a eu les émeutes de novembre et rien ne s’est passé depuis,” a indiqué un observateur international chargé de contrôler le processus électoral en Côte d’Ivoire.

“Les échéances sont probablement trop proches, si l’on veut faire les choses dans les normes,” a t-il ajouté. “Cela devient de plus en plus difficile, mais je pense que nous devons continuer à travailler sur la base de ces échéances.”

La semaine dernière, Gbagbo s’est exprimé publiquement sur l’éventualité d’un report des élections, indiquant qu’il ne quitterait pas le pouvoir à la fin de son mandat si de nouvelles élections n’avaient pas lieu en octobre prochain.

La tâche est dure

A son retour du sommet de Libreville, Mbeki s’est arrêté en Côte d’Ivoire et à pu se rendre compte cette semaine des obstacles qu’il doit surmonter pour faire progresser le processus de paix et respecter les échéances électorales d’octobre 2005

Les rebelles ont boycotté mardi dernier le conseil des ministres extraordinaire tenu à Yamoussoukro, la capitale administrative située à 50 km au sud de la ligne de front, et auquel Mbeki participait en qualité d’invité d’honneur.

Une fois de plus, les rebelles ont rejeté les appels les invitant à restituer leurs armes aux forces de maintien de la paix de l’ONU.

Ils ont par ailleurs accusé Mbeki de les avoir trahis lors du sommet de Libreville, puisque l’UA a reconnu que le référendum était une option que Gbagbo pouvait utiliser pour faire approuver l’amendement de la constitution après le vote par l’assemblée nationale de la modification de l’article 35 fixant les conditions d’éligibilité à la présidence de la république.

L’ancien Premier ministre, Alassane Ouattara, avait été empêché de se présenter aux élections de 2000 contre Gbagbo au motif que son père était Burkinabé.

Selon de nombreux observateurs politiques, ce problème est à l’origine des troubles qui secouent la Côte d’Ivoire. Entre 25 et 30 pour cent des 16 millions d’habitants que compte le pays sont des immigrants provenant d’autres d’Afrique de l’Ouest ou ont des descendants qui en sont originaires.

Bien que l’assemblée nationale ait approuvé le mois dernier la modification de la constitution pour permettre aux citoyens ayant un seul parent ivoirien de se présenter aux élections présidentielles, Gbagbo n’a cessé clamer que cette modification serait soumise à un référendum.

Les rebelles rejettent cette option car son adoption les obligeraient probablement à désarmer en premier.

“La solution politique… a été abandonnée au profit d’une solution juridique pour mettre fin à la crise. Mais tout le monde sait que cette solution n’apportera pas la paix,” a déclaré en début de semaine Sidiki Konaté, le porte-parole des forces rebelles.

“Au contraire, cela ne fera qu’aggraver les dissensions," a t-il ajouté. "Qui plus est, je pense qu’une telle décision sèmerait les germes d’une reprise de la guerre.”

La coalition du G7, qui regroupe les forces rebelles et les quatre principaux partis d’opposition représentés à l’assemblée nationale, a également protesté contre le consentement de l’UA à autoriser la tenue d’un référendum.

“Recourir à un référendum n’est pas acceptable dans le climat politique et social actuel,” a déclaré jeudi dans un communiqué Alphonse Djedje-Mady, le président du G7 et secrétaire général du Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI).

Le G7 a aussi réitéré ses accusations contre Gbagbo qu’il soupçonne de se préparer à une reprise imminente des hostilités.

Entre temps, le camp du président jubile et indique que les réformes politiques ayant été votées et approuvées par l’assemblée nationale, il incombe désormais aux rebelles de restituer leurs armes et de prouver qu’ils veulent réellement la paix.

“Si ces conditions sont réunies, nous pourrons alors faire un référendum en juin et nous disposerons de quatre mois pour organiser les élections pour sortir de cette crise,” a indiqué à IRIN Mamadou Coulibaly, le président de l’assemblée nationale et proche allié de Gbagbo.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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