1. Accueil
  2. West Africa
  3. Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire se prépare à la guerre, malgré la menace de sanctions de l’ONU

La menace de sanctions a pesé sur la Côte d’Ivoire lundi pendant que le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunissait pour voter un embargo sur les livraisons d’armes et adopter d’autres sanctions contre la Côte d’Ivoire. Sur le terrain toutefois, les forces rebelles et le gouvernement ivoirien se préparent à la guerre.

"D’après les informations qui nous parviennent, toutes les parties au conflit essayent d’acquérir des armes offensives," a déclaré dimanche à la presse le président nigérian Olusegun Obasanjo après quatre heures de discussion sur la crise ivoirienne avec ses homologues du Bénin, du Burkina Faso, du Ghana, du Sénégal et du Togo.

La France a exhorté les membres du Conseil de sécurité à voter un embargo sur la vente d’armes à la Côte d’Ivoire et à limiter les voyages aux autorités ivoiriennes à compter du 10 décembre. La décision des autorités françaises a été prise après que les forces armées ivoiriennes ont rompu le cessez-le-feu de 18 mois et tué neuf soldats des forces françaises de maintien de la paix.

De source diplomatique on indique que le vote, reporté la semaine dernière pour permettre à l’Union africaine de convoquer une réunion des chefs d’état africains, pourrait avoir lieu lundi après-midi.

Thabo Mbéki, le président d’Afrique du Sud, et d’autres membres de son gouvernement ont rencontré à Pretoria des responsables politiques de l’opposition ivoirienne, alors que le Président Laurent Gbagbo a préféré dépêcher le président de l’assemblée nationale, ne faisant rien pour apaiser les craintes des chefs d’état de la sous-région.

"Vous pensez que je vais laisser mon pays sans défense aérienne ?" a t-il demandé dimanche à un journaliste d’une station de radio française.

Les chefs d’état africain ont appuyé le projet de résolution du week-end dernier et sont même allés plus loin, recommandant des sanctions immédiates plutôt que de donner à la Côte d’Ivoire une période de grâce d’un mois.

"Nous approuvons la résolution des Nations Unies, en particulier l’embargo sur la livraison d’armes à la Côte d'Ivoire. Cette résolution doit prendre effet immédiatement," a indiqué Obasanjo, le président en exercice de l’Union africaine.

Depuis que les rebelles ont tenté de renverser le président Gbagbo en septembre 2002, la Côte d’Ivoire est coupée en deux, le sud contrôlé par le gouvernement et le nord aux mains des forces rebelles.

La décision de Gbagbo de remplacer le chef d’état-major des armées Mathias Doué par Philippe Mangou est considérée par une grande partie de l’opinion comme étant le choix de la solution militaire pour résoudre le conflit. Le Colonel Mangou dirigeait le corps d’armée qui avait rompu un cessez-le-feu de 18 mois, en attaquant le territoire des forces rebelles.

"Ce n’est pas une déclaration de guerre, nous cherchons à réunifier notre pays," avait déclaré à IRIN Mangou – considéré comme un partisan de la ligne dure – le 4 novembre, le jour de l’attaque sur Bouaké. Il a réitéré son objectif à la télévision nationale dimanche, après sa nomination au poste de chef d’état-major.

Citant une source militaire, l’agence de presse Reuters a indiqué le week-end dernier que Gbagbo avait déjà commandé de nouveaux avions de combat et des hélicoptères d’attaque et que certains de ces moyens militaires ont déjà été livrés dans des pays limitrophes.

La quasi-totalité des forces aériennes de la Cote d'Ivoire a été détruite le 6 novembre par les forces françaises en représailles au bombardement d’une de leurs bases par l’armée ivoirienne. Ce bombardement a causé la mort de neuf soldats des forces françaises de maintien de la paix.

De nouvelles attaques étaient à craindre lundi, étant donné que l’électricité et l’eau ont été coupées dans le nord, comme ce fut le cas avant la première attaque des forces gouvernementales.

De sources militaire et diplomatique, des travailleurs humanitaires et des résidents ont indiqué que la fourniture d’électricité et d’eau – qui a été rétablie la semaine dernière – a été coupée de nouveau dimanche après-midi pendant la réunion des chefs d’état africains à Abuja.

"Cette situation est le signe précurseur d’une attaque imminente," a indiqué Obasanjo. "Les deux parties ne doivent prendre aucune initiative susceptible d’entraîner des mesures de rétorsion. Nous exhortons tout le monde à respecter le cessez-le-feu."

Les populations civiles du nord se préparent à marcher de Bouaké, le fief des rebelles, en traversant la zone dite "de confiance" pour se rendre à Abidjan distante de 400 km et exiger la démission de Gbagbo.

"Etant donné que la population civile a été prise pour cible et blessée, nous devons prendre notre destinée en main," a indiqué à IRIN Abel Dgohore Gbakayoro, un des organisateurs de la marche.

"Nous pensons pouvoir mobiliser quelque 24 000 personnes pour cette marche. La zone tampon concerne les belligérants et nous ne sommes pas armés. Nous ne devrions pas avoir de problèmes," a t-il conclu.

Les rues d’Abidjan étaient calmes lundi, un jour férié, et le flux d’étrangers quittant le pays a diminué.

Selon un porte-parole des forces armées françaises en Côte d'Ivoire, un vol d’évacuation était prévu lundi et il ne restait que quelque 50 personnes réfugiées sur la base militaire française qui, à un moment donné, en a recueilli près de 2 000.

A l’ambassade de France, on indique que le dernier vol d’évacuation aura probablement lieu mercredi.

Plus de 6 000 étrangers, dont 85 pour cent de ressortissants français, ont fui le pays ces cinq derniers jours après que des Ivoiriens, en colère contre les autorités françaises, ont saccagé et pillé les maisons des expatriés et incendié des commerces et des écoles.

Selon plusieurs sources, des étrangers ont été attaqués à la machette et certaines femmes ont été violées

Aucun mort n’est à déplorer chez les expatriés, mais le porte-parole de Gbagbo a indiqué que 62 Ivoiriens sont décédés et plus de 1 300 ont été blessés pendant les manifestations qui ont opposé les partisans de Gbagbo aux troupes françaises.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join