1. Accueil
  2. West Africa
  3. Côte d’Ivoire

Manifestation des jeunes patriotes contre la présence des forces françaises

Brandissant des machettes, jetant des pierres et des pneus incendiés, utilisant des catapultes pour mieux viser les soldats français qui leur font face, les jeunes patriotes partisans du président ivoirien Laurent Gbagbo ont de nouveau manifesté contre la présence des forces françaises de maintien de la paix dans une Côte d’Ivoire coupée en deux.

Près de 300 jeunes gens entamaient mardi leur troisième jour de protestation devant les grilles de la base militaire française située près de l’aéroport d’Abidjan, faisant fi des injonctions du président Gbagbo leur intimant d’arrêter tout acte de violence.

La reprise des manifestations des jeunes patriotes après une trêve de trois mois intervient tandis que les tensions politiques resurgissent, fragilisant davantage un processus de paix qui semble s’enliser.

Le récent accord signé dans la capitale ghanéenne Accra entre Gbagbo, les parties de l’opposition parlementaire et les forces rebelles occupant le nord du pays n’a toujours pas été appliqué. Le gouvernement n’ayant pas voté les réformes politiques promises, il semble désormais clair que le désarmement des rebelles ne démarrera pas le 15 octobre comme prévu.

Comme dans les précédents moments de crise depuis la signature en janvier 2003 de l’accord de paix négocié en France, les 4 000 soldats français positionnés en Côte d’Ivoire aux côtés des 6 000 casques bleus des Nations Unies font l’objet d’attaques de la part des partisans de Gbagbo.

Ces attaques touchent aussi les ressortissants du nord de la Côte d’Ivoire et des autres pays de l’Afrique de l’Ouest, suspectés d’être des sympathisants des rebelles. Le 29 septembre, ces ressortissants ont été les principales victimes de l’intervention brutale des policiers et des militaires dans le marché populaire d’Adjamé, à Abidjan.

L’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) s’est dite vivement préoccupée par les violations des droits de l’homme qui auraient pu se produire à cette occasion.

De nombreux commerçants ont été molestés et leurs marchandises ont été confisquées par les forces de sécurité, qui ont dit faire la chasse aux commerçants qui n’étaient pas en règle.

Lundi, les forces françaises ont été prises à parti par de jeunes patriotes armés de machettes dans la ville de Sikensi, à 80 km d’Abidjan, selon un communiqué des forces Licorne qui précise avoir dû tirer des balles en caoutchouc pour se défendre, blessant un manifestant.

Au cours des deux dernières semaines, les hélicoptères de combat MI-24 du gouvernement ont fréquemment survolé Abidjan à basse altitude, faisant craindre à la population une reprise de la violence. Les militaires ivoiriens ont érigé des barrages routiers, ont constaté les habitants de la capitale économique.

Le malaise est devenu palpable parmi l’importante communauté d’expatriés français vivant dans la ville après le meurtre, dimanche, d’un restaurateur français ans la ville balnéaire de Grand Bassam. Le consul de France a indiqué que le citoyen français a été abattu dans son restaurant après avoir été brutalement frappé par ses agresseurs.

Selon certains diplomates, Charles Blé Goudé, le bouillant leader du mouvement des jeunes patriotes, très lié au président Gbagbo, est l’organisateur des récentes manifestations qui ont eu lieu à l’entrée du 43e bataillon d’infanterie de marine d’Abidjan (BIMA).

Cette fois, son cheval de bataille est l’arrestation, en septembre, de 12 militaires français accusés d’avoir cambriolé la succursale, à Man, de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), une institution qu’ils étaient censés protéger en plein territoire rebelle.

Mardi, des témoins ont indiqué que les militaires français ont fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour disperser la foule de jeunes patriotes qui manifestaient devant le BIMA.

Le porte-parole des forces françaises, le Colonel Henry Aussavy, a indiqué à IRIN que 15 de ses hommes ont été légèrement blessés lors de cette confrontation.

Ces actes de violence ont eu lieu malgré l’appel au calme lancé par Gbagbo lundi soir au cours d’une intervention télévisée.

«Tous ceux qui veulent organiser des manifestations devant le 43e BIMA et devant l’ONUCI, je leur demande de rester chez eux,» a déclaré le président Gbagbo.

Le Président a réitéré son appel au calme mardi lors d’une réunion avec ses commandants militaires et ceux des forces d’interposition françaises et onusiennes.

Lors de cette réunion, Gbagbo a affirmé qu’il était temps de mettre un terme aux «rumeurs folles» qui circulent, dans une allusion aux bruits qui ne cessent de courir sur l’éventualité d’un coup d’Etat, selon le compte rendu de la réunion obtenu par IRIN.

Ces rumeurs ont été amplifiées par les journaux pro-Gbagbo, notamment par Notre Voie, Le Temps et le Courier d’Abidjan, qui ont récemment écrit de nombreux articles sur les supposés complots, coups d’Etat et autres projets d’assassinat.

Gbagbo a justifié les récentes protestations par la proximité du 15 octobre, une date retenue par les accords d’Accra III pour le début du désarmement des forces de défense et de sécurité.

«Je pense qu’il ne faudrait pas faire une fixation sur la date du 15 octobre,» a t-il indiqué.

Les derniers pourparlers de paix tenus en juillet à Accra, la capitale ghanéenne, fixait à la mi-octobre le début du désarmement des rebelles, des forces armées et des milices et demandait au parti de Gbagbo de mettre en œuvre les réformes politiques longtemps reportées.

Ces réformes visent à accorder aux quatre millions d’immigrés vivant en Côte d’Ivoire et originaires des autres pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’à leurs descendants, le droit de posséder des terres, d’avoir la nationalité ivoirienne et de se présenter aux élections présidentielles.

L’objectif des réformes était également de garantir des élections libres et transparentes pour l’année prochaine.

Le parlement a clos sa session extraordinaire la semaine dernière sans qu’aucune de ces réformes ait été votée.

La rentrée parlementaire a eu lieu mercredi, mais il y a peu de chance que ces réformes soient votées à temps pour amorcer le processus de désarmement prévu le 15 octobre.

Personne ne semble avoir une idée précise de ce qui se passera ensuite, mais les manifestations des trois derniers jours sont une preuve supplémentaire de la montée de la tension politique.

Plusieurs diplomates et commentateurs politiques ont décrit les manifestations de cette semaine comme une épreuve de force de Gbagbo et de ses partisans.

«Toutes ces démonstrations de force ne sont qu’un moyen de tester la réaction de l’opposition. Les vrais troubles sont à venir,» a indiqué un analyste politique, ancien conseiller de Gbagbo.

Un diplomate ressortissant de l’Afrique de l’Ouest et travaillant pour les Nations Unies à confié : «Nous savons tous qui se cache derrière tout ça.»

Et le diplomate de conclure que, bien plus inquiétant que les récents actes de violence, «la voie sur laquelle la Côte d’Ivoire est engagée ne semble mener nulle part».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join