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Une organisation des droits de l'Homme invite le gouvernement à enquêter sur les abus

L'organisation des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a invité le gouvernement de la Côte d'Ivoire à immédiatement démanteler les milices civiles, à établir une commission internationale d'enquête, dans le but de mener des investigations sur les abus des droits humains commis pendant la guerre civile, et à déférer leurs auteurs devant la justice.

L'organisation sise à New York a déclaré que des abus ont été commis par les forces de sécurité, par les rebelles occupant le Nord du pays ainsi, que par les mercenaires libériens à la solde des deux côtés durant les onze mois de conflit.

Un rapport de 55 pages intitulé : 'Pris entre deux guerres : Violence contre les civils dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire', a été publié ce mardi au moment où le parlement ivoirien examinait un projet de loi d'amnistie pour les combattants des deux parties.

Le rapport d'HRW fournit des informations sur les nombreux massacres de civils qui ont suivi la mutinerie de l'armée en septembre 2002, en particulier dans l'Ouest de la Côte d'Ivoire, où des miliciens non encadrés et des mercenaires libériens ont été utilisés par les deux camps.

En dépit du recul des hostilités dans le reste du pays en mars, la sécurité demeure précaire près de la frontière libérienne et ce, malgré une forte présence dans la région des dispositifs de maintien de la paix français et ouest-africain.

HRW a accusé tant le gouvernement que les rebelles d'exécutions sommaires, de violences sexuelles à l'égard des femmes et des filles, ainsi que de pillage des possessions civiles.

"Les milices civiles sont un héritage périlleux de la guerre, et elles demeurent actives dans certaines parties de l'Ouest ", a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique d'HRW. "Les désarmer et les tenir responsables de leurs actes devraient constituer la première priorité du gouvernement de réconciliation ", a-t-il ajouté.

Lors d'un incident cité dans le rapport, les combattants libériens soutenus par le gouvernement ivoirien ont tué au début du mois de mars de cette année plus de soixante civils à Bangolo, une localité se trouvant sur la ligne de front, à 400 km au Nord-Ouest d'Abidjan. Pratiquement toutes les victimes provenaient des ethnies du Nord ivoirien, considérées comme étant du côté des groupes rebelles. Certains ont été fusillés à bout portant et mains liées, explique le rapport.

Moins de deux semaines plus tard, poursuit HRW, les rebelles ont attaqué le village avoisinant de Dah, tuant plus de quarante civils. Citant des témoins, le rapport précise que certaines victimes ont été brûlées vives quand leurs maisons ont été incendiées.

Human Rights Watch fait état d'un mode de collaboration entre les forces de sécurité ivoiriennes et les milices civiles locales selon lequel des civils burkinabè ont parfois été arrêtés et fusillés au grand jour en plein centre des villes de l'Ouest comme Duékoué.

L'organisation affirme que les abus tirent leur origine de la discrimination ethnique et du climat d'impunité datant des élections présidentielles et législatives de l'an 2000 pendant lesquelles plusieurs centaines de personnes ont été tuées ou blessées par les forces de sécurité et par leurs collaborateurs civils.

"A moins qu'il y ait un réel engagement à déterminer la responsabilité pour les abus par tous les côtés - aussi bien depuis les élections d'octobre 2000 que pendant le récent conflit - il est difficile de voir comment cette société très polarisée peut être réunifiée", a confié M. Takirambudde.

L'ancien Premier ministre Alassane Ouattara a été disqualifié comme candidat présidentiel à ces élections après que les autorités avaient décrété qu'il n'était pas Ivoirien mais Burkinabé.

La guerre civile a éclaté le 19 septembre 2002 à l'issue d'une mutinerie d'hommes armés au quartier général de la gendarmerie dans la capitale économique, Abidjan, tandis que d'autres mutins s'emparaient d'autres villes clé plus à l'intérieur du pays telles Bouaké et Korhogo.

Un accord négocié sous l'égide de la France en janvier 2003 a abouti à la formation en mars d'un gouvernement de réconciliation nationale, incluant neuf ministres rebelles.

Cette semaine, le parlement ivoirien se penche sur un projet de loi d'amnistie, déjà approuvé par le président Laurent Gbagbo et par le gouvernement du Premier Ministre indépendant, Seydou Diarra, qui ouvrirait la voie au désarmement et à la démobilisation des rebelles.

Le projet de loi couvre tous les membres du personnel civil et militaire ayant tenté de renverser le gouvernement, après les élections présidentielles controversées de septembre 2000. Il exclut néanmoins les crimes économiques, les violations du droit international humanitaire ainsi que les 'sérieuses violations' des droits de l'Homme.

La définition exacte de " sérieuses violations " n'a pas encore été clairement déterminée, mais des responsables publics ont indiqué qu'elle visait à couvrir des crimes tels que le viol et le meurtre qui n'ont rien à avoir avec les combats.

L'amnistie entend surtout couvrir les actes de désertion et de rébellion militaire, ce qui permettrait aux soldats et aux agents de police ayant rejoint les rebelles d'être réincorporés dans les forces de sécurité.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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