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Amnesty International met l'accent sur les abus

Les forces de sécurité du Cameroun ont été spécifiquement mentionnée cette année dans le dernier rapport d'Amnesty International sur les violations des droits de l'homme dans le monde. Les défenseurs des droits de l'homme s'inquiètent également des abus commis par d'autres secteurs, notamment par les chefs traditionnels.

« Il y a des choses incroyables et inacceptables qui se passent dans les chefferies traditionnelles de la partie septentrionale du Cameroun», relève Hilaire Kamga, président du chapitre camerounais de l'ONG Nouveaux Droits de l'Homme, basée en France.

Le Cameroun, un pays de 15 millions d'habitants, est située à la frontière entre l'Afrique centrale et de l'Ouest. Le sud du pays a beaucoup en commun avec la République centrafricaine, la Guinée équatoriale et le Gabon. Le nord est plus proche des pays sahéliens et de régions telles que le Niger, le Tchad et le nord du Nigéria.

Les citoyens du nord « vivent au quotidien la torture, l'esclavage moderne et bien d'autres entorses aux droits de l'homme », a indiqué M. Kamga. « Plus grave, dans cette partie du pays, il y a des prisons privées installées dans les chefferies traditionnelles où les populations détenues côtoient régulièrement la mort", a-t-il dénoncé, ajoutant qu'une soixantaine de personnes ont été tuées dans ces prisons au cours des deux années écoulées.

L'organisation NDH-Cameroun dit avoir engagé depuis décembre 2001 une campagne contre « ces dérives qui discréditent le Cameroun auprès de l'opinion nationale et internationale ».

Le rapport d'Amnesty, publié le 28 mai, est davantage centré sur les abus commis par les forces de l'ordre. Ceux-ci incluent les exécutions extrajudiciaires comme l'affaire des neuf jeunes gens que les membres du Commandement opérationnel (une unité spéciale de lutte contre le grand banditisme mise sur pied en l'an 2000 par le président Paul Biya) sont soupçonnés d'avoir tués l'an dernier. Amnesty a rappelé que face aux vives pressions nationales et internationales, le gouvernement a entrepris d'enquêter sur les exécutions, et huit responsables de la sécurité ont été arrêtés. Toutefois, aucun résultat de l'enquête n'a été rendu public.
Les huit suspects vont comparaître devant un tribunal militaire le 18 juin.

Les informations sur les exécutions ont continué cette année. Le Messager, un tri-hebdomadaire privé, a révélé le 12 avril 2002 que neuf braqueurs armés auraient disparu ou auraient été exécutés sans jugement à la brigade de gendarmerie de Bafoussam, à l'ouest du pays. Cette information, qui a été démentie par Jacques Fame Ndongo, ministre de la Communication et par le Comité national des droits de l'homme et des libertés (CNDHL), continue cependant à meubler les colonnes des journaux.

Amnesty a également déclaré que les initiatives prises en mai en Belgique par des groupes politiques et des associations issues de la société civile en vue de poursuivre M. Biya pour crimes contre l'humanité ont provoqué une multiplication des opérations de répression et des actes de harcèlement contre les défenseurs des droits humains par les forces de l'ordre.

Dans les provinces anglophones du Sud-ouest et du Nord-Ouest, les forces de sécurité ont continué à faire recours de manière abusive à la brutalité pour contenir les populations lors de manifestations, d'après Amnesty. Le 1er octobre 2001, précise-t-elle, au moins trois personnes ont été tuées et neuf autres blessées lorsque des gendarmes et des policiers ont ouvert le feu pour disperser une manifestation pacifique à Kumbo, dans la Province du Nord-Ouest.

L'organisation des droits de l'homme fait état notamment d'arrestations de 18 militants du Southern Cameroons National Council (SCNC, Conseil national du Cameroun méridional), un mouvement qui revendique
l'indépendance de ces deux provinces anglophones. Ils ont été arrêtés en octobre 2001 et détenus sans jugement pendant deux mois. Six autres ont été remis en liberté récemment après avoir été détenus sans jugement pendant quatorze mois.

Des militants prônant une autonomie accrue pour les deux provinces ont aussi été détenus alors qu'ils distribuaient des tracts appelant à un retour au système fédératif à l'occasion du 30 ème anniversaire de l'Etat unitaire, célébré le 20 mai.

Le Cameroun, une ancienne colonie allemande, était un territoire sous tutelle de l'ONU administré par la France et par la Grande-Bretagne jusqu'à l'indépendance. La partie septentrionale du Cameroun, sous administration britannique, a voté pour faire partie du Nigéria lors du plébiscite de 1961 supervisé par l'ONU, tandis que le sud a opté pour l'intégration au Cameroun francophone, qui est ensuite devenu une fédération. Cependant, en 1972, le Cameroun est devenu un Etat unitaire. Au cours des dernières années, des appels à un gouvernement individuel ont été suscités par le sentiment chez certains secteurs que les deux provinces anglophones, qui représentent un cinquième de la population, ont été marginalisées.

Amnesty international se montre préoccupée par la situation des dix-huit « prisonniers politiques » condamnés en 1999 pour meurtre et vol, à la suite des attaques à main armée qui ont marqué la province du Nord-ouest à l'approche des élections législatives en 1997. La plupart souffraient de graves problèmes de santé du fait de conditions carcérales éprouvantes et d'un isolement prolongé dans le noir. « Ils n'étaient toujours pas autorisés à recevoir les soins que leur état nécessitait », dénonce Amnesty international, qui signale que leur procès était inéquitable.

L'organisation internationale a indiqué que des militants des droits de l'homme et des journalistes qui dénonçaient les violations des droits de l'homme par les forces de sécurité ont été harcelés. Ils incluent le président du Mouvement pour la défense des droits de l'homme et des libertés (MDDHL), Abdoulaye Math, interpellé et « fouillé à corps » en août 2001. Des documents relatifs à des atteintes aux droits de l'homme lui ont été confisqués et ne lui ont pas été rendus, a noté Amnesty.

À Maroua, dans l'extrême nord du pays, les locaux du MDDHL ont été cambriolés. En août, le président du MDDHL et les bureaux de l'ONG 'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture' (ACAT) ont été la cible d'une tentative d'incendie volontaire dans la capitale commerciale, Douala.

Amnesty international regrette que malgré de nombreuses demandes adressées aux autorités camerounaises, celles-ci n'ont pas accordé de visas d'entrée au Cameroun aux délégués de l'organisation pour des enquêtes plus approfondies sur la situation des droits de l'homme.

Aucune réaction officielle immédiate n'a pu être enregistrée concernant le rapport d'Amnesty, mais un cadre proche du gouvernement, qui a requis l'anomynat, estime toutefois, sans précision, que le rapport d'Amnesty international n'est pas crédible.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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