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Des rapports dénonçant l'exploitation sexuelle des enfants réfugiés choquent Annan

Des enfants réfugiés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone ont été assujettis à des abus et à une exploitation sexuels, probablement perpétrés par des employés d'ONG nationales et internationales, du HCR et d'autres institutions de l'ONU, par d'autres réfugiés, par les forces de l'ordre du pays d'accueil et par d'autres personnes, si l'on en croit une évaluation conjointe effectuée par Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et par Save the children-Royaume-Uni.

Le Secrétaire-Général de l'ONU, Kofi Annan, a été « clairement choqué et perturbé par les nouvelles de l'abus possible de grande ampleur d'enfants dans des camps de réfugiés en Afrique de l'Ouest », a indiqué la Division du Département de l'Information de l'ONU dans un communiqué de presse mercredi. Il précise que M. Annan « a donné ses instructions pour enquêter sur ces accusations le plus minutieusement et le plus rapidement possible, et pour que des actions de redressement visant au renforcement de la protection des femmes et des enfants soient prises autant que nécessaire ».

Les constatations initiales de l'évaluation, publiées mardi, révèlent que l'échange de sexe contre de l'argent ou contre des présents semblait être une pratique répandue. Les victimes sont principalement des filles âgées de 13 à 18 ans, tandis que le groupe le plus vulnérable comprend des orphelins et des enfants séparés de l'un ou des deux parents. Les auteurs « sont souvent des hommes occupant des postes de pouvoir et d'influence relatifs qui, soit contrôlent l'accès aux biens et aux services, soit ont des biens et/ou un revenu ». Les ressources à leur disposition sont « considérablement plus élevées que celles des réfugiés » et ils exploitent cette disparité extrême.

"Les exploiteurs semblent être en mesure de payer pour le sexe quand et avec qui ils veulent, et le font en toute impunité, puisque les personnes qu'ils exploitent ne peuvent pas se plaindre de leur situation de peur de perdre leur source de survie de base », soulignent le HCR et SCF-UK dans leur rapport intitulé : 'Note pour les partenaires d'exécution et opérationnels sur la violence et l'exploitation sexuelle: L'expérience des enfants réfugiés en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone'

[Le rapport est accessible sur
http://www.reliefweb.int/w/rwb.nsf/UNID/6010F9ED3C651C93C1256B6D00560FCA?Ope
nDocument]

L'équipe d'évaluation a eu des entretiens et des séances de groupes avec 1 500 adultes et enfants. Elle a aussi reçu des allégations d'abus contre 67 individus basés dans un éventail d'agences responsables du bien être et de la protection des réfugiés et des communautés déplacées à l'intérieur. Elle a toutefois averti que la mission d'évaluation n'avait pas la prétention d'être une enquête, qu'elle n'a donc pas été conduite avec la méthodologie requise si tel avait été l'objectif, et que le HCR « n'a pas assumé la responsabilité du suivi des investigations ».

Le personnel a échangé des produits humanitaires contre des services d'ordre sexuel

L'évaluation, conduite du 22 octobre au 30 novembre 2001, a découvert que la plupart des accusations compromettent le personnel masculin local (national), qui échange des biens et des services humanitaires de base contre du sexe avec des enfants, parfois pour rien de plus que quelques biscuits ou une savonnette. La pratique semble particulièrement prononcée dans des endroits ayant de grands programmes humanitaires bien établis, a-t-elle expliqué.

Les réfugiés se sont sentis incapables de défier le comportement du personnel de l'agence en raison de leur dépendance vis à vis des biens et des services humanitaires pour leur survie et aussi en raison du pouvoir détenu par de tels travailleurs. En outre, l'absence des hauts fonctionnaires et du personnel international dans les camps aurait apparemment permis au personnel subalterne de l'agence d'agir en toute impunité, a constaté l'évaluation. Les mécanismes de dénonciation des abus d'une manière sûre et confidentielle se sont avérés inadéquats. Des adolescents en Guinée et au Liberia auraient déclaré que si on dénonçait un travailleur d'une ONG, on s'exposait à des problèmes pas seulement avec cette personne mais aussi avec les autres membres du personnel.

Parmi les auteurs de ces forfaits, le personnel militaire national chargé de la sécurité autour et à l'intérieur des camps, qui a maintes fois exploité des filles pour peu ou pas de paiement puisque les enfants ont peur de refuser. Les autres exploiteurs incluent des enseignants, des leaders des réfugiés qui sont en position de contrôler les ressources à cause de leur association étroite avec le HCR, les ONG et avec d'autres partenaires d'exécution et des opérations, ainsi que des personnes relativement prospères tels que les extracteurs de diamants, les employés des compagnies d'abattage et les hommes d'affaires locaux.

La pauvreté et le manque de nourriture ont été cités comme des facteurs contribuant à ce phénomène.

Les facteurs qui contribuent à l'exploitation sexuelle des enfants réfugiés incluent la pauvreté et l'absence d'options pour gagner sa vie et répondre aux besoins élémentaires de survie, d'autant que les politiques des gouvernements d'accueil empêchent parfois les réfugiés de travailler contre des salaires. Les réfugiés ont cité l'insuffisance des rations comme le premier facteur contribuant à l'exploitation sexuelle. Ils ont indiqué que la nourriture qu'ils reçoivent pour 30 jours est épuisée en 10 jours. Le rapport cite une femme: « je suis mère de sept enfants et lorsque il n'y a plus de nourriture, mon plus jeune enfant ne cesse de crier et de s'agripper à ma jupe, que pensez-vous qu'on puisse faire lorsque votre fille vous en apporte ? ».

Les données sur le nombre de filles tombées enceintes comme conséquence de l'exploitation sexuelle sont difficiles à recueillir, mais il existe des preuves de grossesse d'adolescentes dans la majorité des camps, d'après le rapport. Il existe des taux élevés d'analphabétisme parmi les mères adolescentes qui, en règle générale, n'ont pas été scolarisées. Dans la plupart des réunions que les équipes d'évaluation ont tenues avec les réfugiés, indique encore le rapport, les mères adolescentes « avaient des signes visibles d'accablement» et de résignation. Elles étaient l'unique groupe qui, à certains moments, était incapable de suggérer des recommandations à l'équipe d'évaluation.

Il a également été fait état de harcèlement sexuel, avec des victimes âgées entre quatre et douze ans, de viol et d'autres formes de violence sexuelle. Les auteurs incluaient des parents du sexe masculin, des membres du personnel de la sécurité, des adolescents, des toxicomanes et des alcooliques, des voisins, des handicapés mentaux, des ex-combattants, et des membres du personnel médical.

Le HCR affirme qu'il a commencé à prendre des mesures.

Le HCR a affirmé mardi qu'alors que l'équipe d'évaluation a clairement dit qu'elle n'était pas en mesure de vérifier les accusations, aucun doute ne subsiste quant à « l'existence d'un sérieux problème d'exploitation sexuelle qui exige des mesures et une enquête dans le futur ». Pour ce faire, une équipe d'enquêteurs s'est rendue dans la région depuis la mi-février et devrait achever sa mission vers la fin de cette semaine, a indiqué à IRIN le directeur régional du HCR, Abou Moussa.

L'équipe est composée d'enquêteurs spéciaux de l'ONU basés à New York, de fonctionnaires du bureau de l'Inspecteur général du HCR et d'un expert extérieur spécialisé dans les abus sexuels à l'égard des enfants.

M. Moussa a informé que dans l'intervalle, le HCR a commencé à prendre des mesures comme le renforcement de la sécurité dans les camps, le fait de demander aux leaders des camps de dénoncer les abus commis par le personnel du HCR auprès des hauts fonctionnaires du HCR, d'améliorer la distribution de l'aide et des services pour s'assurer qu'ils parviennent aux réfugiés, et d'informer les enfants réfugiés et les autres réfugiés de leurs droits et de leurs acquis sociaux.

Il a aussi commencé à fournir des lopins de terre aux réfugiés dans certaines régions pour qu'ils puissent devenir plus autosuffisants, a ajouté M. Moussa.

Le HCR a précisé qu'il envisageait ou préparait d'autres mesures. Celles-ci incluent le déploiement davantage de personnel féminin et l'établissement d'un mécanisme d'information qui procure aux réfugiés un canal sûr pour soulever des plaintes auprès des hauts fonctionnaires du HCR. « Il est important de créer une atmosphère telle que les personnes puissent venir et parler », a souligné M. Moussa. « Nous pourrons alors punir les auteurs ». Il a ajouté que « les réfugiés doivent pouvoir avoir accès aux administrateurs de haut rang ».

Les autres mesures consistent à garantir que l'aide humanitaire actuelle offerte aux réfugiés réponde aux besoins et aux normes minimales de base, à introduire un code de conduite et une interdiction contre des rapports sexuels entre les employés et des enfants de moins de 18 ans, ainsi que des mesures améliorant l'accès des réfugiés au système judiciaire pour s'assurer que les contrevenants seront poursuivis.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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