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L'ancien premier ministre demande l'ouverture d'une enquête sur le bilan du génocide

L'ancien premier ministre rwandais, Faustin Twagiramungu, a demandé mardi
l'ouverture d'une enquête sur le bilan des victimes du génocide rwandais de
1994, a rapporté l'Agence de presse basée à Arusha, Internews.

Twagiramungu, le premier témoin de la défense dans le procès des suspects du
génocide, Elizaphan Ntakirutimana et son fils, Gérard, a déclaré au tribunal
qu'il était nécessaire d'ouvrir une enquête sur le bilan exact des victimes
du génocide rwandais entre avril et juin 1994.

Occupant la charge de Premier ministre à partir de juillet 1994, il avait
participé aux obsèques de nombreuses victimes du génocide, a expliqué M.
Twagiramungu, cité par Internews. Selon lui, il convient d'apporter des
éclaircissements sur le nombre des personnes qui se trouvaient là où ont se sont déroulés les massacres, le nombre de morts et le nombre de corps
enterrés après le génocide.

Il a observé qu'à l'occasion des obsèques des personnes massacrées au stade de Kibuye, à l'ouest du Rwanda, on avait annoncé que 80 000 personnes y
avaient trouvé refuge.

" Ce que je sais c'est que le plus grand stade du Rwanda est le stade
d'Amahoro, construit par les Chinois, et qu'il ne peut contenir que 25 000
personnes. Je sais que nous n'avons pas enterré 80 000 corps, " a déclaré
Twagiramungu. " Je ne crois pas qu'on puisse enterrer autant de corps en
trois heures. Je ne sais même pas si on peut en enterrer 2 000 dans la même
période. "

Il a ajouté que moins de 2 000 corps ont été inhumés à la paroisse de
Mibilizi, en préfecture de Cyangugu, au sud-ouest du Rwanda, malgré un bilan
annoncé antérieurement faisant état de plus de 2 000 victimes dans la
région.

D'après M. Twagiramungu, il est inconcevable d'imaginer que 40 000 personnes peuvent contenir dans les salles de classes d'une école primaire, comme l'avaient déclaré à la presse certains témoins, a rapporté Internews.

" Je vais faire le parallélisme suivant. J'ai vu des prisons surpeuplées, des prisons construites pour 1000 détenus et renfermant plus de 6 000 prisonniers, et c'est incroyable, il est impossible de tenir debout, ensuite vous essayez de me dire que des personnes se sont réfugiées dans cette petite salle et qu'elle en contenait 40 000 ! Je pense que c'est impossible, " a-t-il dit.

" Je vous donne ces chiffres pour que vous puissiez comprendre la propension
des gens à l'exagération. J'ai dit plus tôt que nous portons tous une part
de responsabilité dans ce qui s'est passé. Nous n'avons jamais jamais rendu
de comptes sur ces décès. S'il y en avait 80 000, où se trouve le reste des
corps ? Je pense que la seule solution est de faire des recherches, " a-t-il
ajouté.

M. Twagiramungu a été premier ministre désigné du Rwanda avant le génocide,
et chef du gouvernement entre juillet 1994 et août 1995 avant de
démissionner et de s'enfuir au Kenya puis à Bruxelles en Belgique où il
réside actuellement. Il était également président du Mouvement démocratique républicain en 1994.

Elizaphan Ntakirutimana, ancien pasteur de l'Eglise d'adventiste du septième jour, et son fils Gérard, médecin, sont coaccusés de génocide et de crimes contre l'humanité dans le cadre des événements qui se sont déroulés à l'Eglise de Mugonero et dans le complexe hospitalier de la préfecture de Kibuye, à l'ouest du Rwanda.

Parallèlement, le second témoin de la défense dans ce procès, Jérôme Nataki,
un autre fils de M. Ntakirutimana, est venu déposer à la barre mardi,
affirmant que ni son père ni son frère n'ont jamais eu d'arme en leur
possession, voyagé en compagnie de milices ni participé à une réunion
politique d'aucune sorte, a rapporté l'agence de presse indépendante
Hirondelle.

" Mon père était aussi dévoué à sauver des âmes que mon frère l'était à
sauver des vies, " selon Nataki, qui a choisi ce nom - plus court que
Ntakirutimana - après avoir acquis la nationalité américaine, selon sa
déposition. Nataki a vécu au Rwanda jusqu'en juillet 1994 puis s'est enfui
en Zambie et ensuite aux Etats-Unis, a précisé Hirondelle.

D'après le procureur, on estime à 5 000 le nombre de Tutsis massacrés dans
le complexe hospitalier. Elizaphan et Gérard sont coaccusés d'avoir persuadé
des Tutsis de se réfugier dans l'église de Mugonera puis d'y avoir emmené des milices et des soldats pour les assassiner.

A la fin du mois de juin 1994, le premier rapporteur spécial des Etats-Unis sur la situation des droits de l'homme au Rwanda, qui avait été nommé en mai, a confirmé que 500 000 Rwandais avaient été tués depuis le début du mois d'avril de cette même année.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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