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Le défi du retour de la paix

[Liberia] Ganta Methodist hospital under repair. [Date picture taken: 11/27/2006] Obinna Anyadike/IRIN
Ganta Methodist Hospital - one of six new ART sites in Liberia
Derrière l’expression «Reconstruction post conflit» se cachent les défis monumentaux auxquels est confronté un pays qui, comme le Liberia, essaie de se relever des ravages de la guerre. Parmi ces défis, la lutte contre le VIH/SIDA est loin d’être le plus simple.

Après 14 ans de conflits civils, les indicateurs socioéconomiques du Liberia sont parmi les plus catastrophiques au monde. Selon le Fonds Monétaire International, le taux de chômage se situe aux alentours de 85 pour cent, et les trois quarts environ de la population vivent avec moins d’un dollar par jour.

De plus, 90 pour cent des Libériens sont considérés comme devant faire face à une insécurité alimentaire chronique.

Les populations attendent du gouvernement nouvellement élu de la Présidente Ellen Johnson-Sirleaf qu’il réduise le niveau de pauvreté et rétablisse les infrastructures ainsi que les services sociaux pour les besoins de trois millions d’habitants, avec un budget national de seulement 128 millions de dollars.

Le VIH/SIDA constitue un défi supplémentaire. Le Liberia affichait fin 2003 un taux de prévalence de 8,2 pour cent, mais les périodes de paix peuvent parfois conduire à une brusque augmentation du nombre d’infections.

Parmi les explications figurent la mobilité nouvellement acquise des populations et la dislocation des familles. «D’autres facteurs favorisent la propagation du VIH/SIDA en situation post conflit, tels que la prostitution et la destruction des structures d’information», a conclu une étude de recherche sur le genre et la reconstruction post-conflit, préparée par l’Université des Nations-Unies.

«Les hommes revenant de guerre, les femmes anciennement réfugiées et les enfants ayant été séparés de leurs parents et de leurs familles représentent une combinaison de défis, par rapport à la question du VIH/SIDA», a précisé un rapport de Manuel Carballo et Steve Solby, du Centre International pour la Migration et la Santé, basé en Suisse. «Chacun de ces groupes peut devenir plus vulnérable au VIH pendant les périodes de conflits, et pour diverses raison, chacun de ces groupes peut présenter de nouveaux niveaux de risque pendant les situations post-conflit.»

L’ONG internationale Save the Children a insisté sur l’extrême vulnérabilité des populations affectées par les conflits. Dans un mémorandum sur le Liberia, publié en 2006, cette organisation a pointé du doigt l’inquiétant phénomène des relations sexuelles payantes entre les enfants et les personnes en exercice, y compris les soldats de la paix et les travailleurs humanitaires.

«Les parents affirment être incapables d’empêcher leurs enfants d’avoir des relations sexuelles en échange de biens et de services, car ceux-ci ne disposent pas de moyens économiques suffisants leur permettant de subvenir aux besoins de leurs enfants», révèle ce rapport. «Dans certains cas, les familles interrogées ont expliqué que ces relations sexuelles transactionnelles étaient un moyen de soutenir l’ensemble de la famille et d’avoir accès à certains produits, tels la nourriture ou encore de l’argent pour se procurer de la nourriture.»

Faiblesse des autorités nationales

Les réfugiés libériens qui s’étaient enfuis vers la Guinée et la Côte-d’Ivoire voisines continuent d’affluer vers la ville frontalière de Ganta, dans le nord-est du pays, trois ans après la fin de la guerre civile au Liberia.

Parmi eux figurent des enfants seuls, ce qui suscite de vives inquiétudes quant aux risques de trafic et d’exploitation sexuelle, voire même d’enrôlement de ces enfants en tant que combattants dans une région qui demeure hautement instable.

Le Comité International de Secours (IRC), une organisation qui vient au secours des victimes des conflits armés, a mis sur pied des unités de protection des enfants qui leur apportent de l’assistance.

Mais ces unités opèrent dans un environnement caractérisé par la porosité des frontières, et la faiblesse des autorités, qui sont incapables de réglementer la prolifération des «orphelinats» privés et des écoles coraniques, où les enfants sont sans cesse soumis à des risques d’abus.

«Personne ne semble utiliser de préservatifs, il y a un faible niveau de sensibilisation sur le [VIH/SIDA], mais également beaucoup de prostitution», a indiqué Geoffrey Kirenga, le principal responsable de programme de l’IRC à Ganta.

Difficile, mais pas impossible

La mise en œuvre d’un programme de traitement contre le sida sûr et efficace a longtemps été considérée comme envisageable uniquement dans un environnement parfaitement stable.

Or, il a été démontré que ce type de programme peut être déployé dans une zone de guerre et dans les pays se remettant d’une longue période de conflits.

Cependant, les défis sont de taille, particulièrement en ce qui concerne les autorités nationales censées jouer un rôle de coordination, mais qui disposent de capacités limitées. Il n’y a pas suffisamment de personnel médical qualifié, au niveau local, car celui-ci a tendance à être débauché par les programmes privés plus rémunérateurs.

Le Liberia dispose de six centres de distribution d’antirétroviraux, qui conseillent quelque 800 personnes, et sont dirigés par les églises, les agences humanitaires et le secteur privé. Un seul est piloté par le gouvernement. Les lacunes concernant la prise en charge sont criantes.

«Les agences ont tendance à travailler dans leur coin», a reconnu un travailleur humanitaire, et le Programme national de lutte contre le sida, géré par le gouvernement, est parfois écarté.

Le manque d’informations publiques sur le VIH/SIDA entraîne une forte stigmatisation. Ce manque d’informations fait également que certains patients ont du mal à comprendre que le traitement est à vie, ce qui sape souvent leur programme médical.

«Le défi à relever concerne l’observance» du traitement, a reconnu un responsable de Médecins Sans Frontières (MSF), qui travaille dans le centre médical de cette institution caritative, à Sanniquelie, à deux heures de route de Ganta.

MSF doit se retirer de Sanniquelie en avril et déléguer au ministère de la santé la responsabilité du traitement de 60 patients à l’aide de médicaments antirétroviraux.

«Il s’agira là d’un lourd héritage pour le gouvernement», a noté le responsable de MSF. «Si vous ne disposez pas d’un personnel médical motivé, alors vous êtes confronté à un réel problème».

oa/he/gs/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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