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Epargné par le VIH, Paul se bat aux côtés de sa famille

[Cote d'lvoire] Abidjan buildings. IRIN
Viviane, Paul et Sylvie vivent à Abidjan, une ville fortement touchée par l’épidémie de VIH/SIDA qui ravage le pays.
Ils ont l’air d’un couple comme les autres. Le charmant Paul, 37 ans, a un diplôme de médecine. Sa femme Viviane est une femme élancée, qui pourrait être mannequin. Leur fille, Sylvie, est une jolie fillette qui vient juste de fêter son cinquième anniversaire. Mais derrière cette image de bonheur parfait, la réalité est toute autre: Viviane et sa fille vivent toutes les deux avec le VIH/SIDA et Paul ne cesse de se demander pourquoi il a été épargné par le virus. «Il n’y a donc aucune recherche effectuée sur des couples comme le nôtre ?», s'interroge-t-il. Alors que Paul retrace les évènements qui ont marqué ces deux dernières années, Viviane est assise, silencieuse et austère. A l’évocation de certains moments de leur vie commune, un beau sourire brise la sévérité de son visage et illumine ses yeux. Ils espèrent que le pire est derrière eux, mais ils ont peur pour leur fille. Sylvie, qui saute gaiement sur les genoux de ses parents, ne sait pas qu’elle est malade, et ses parents estiment qu’elle est encore trop jeune pour comprendre. «Elle demande parfois pourquoi elle doit prendre des pilules si elle n’est pas malade», explique Paul. «Alors je lui dit qu’ils la rendent grande et forte». Paul a découvert la séropositivité de Viviane et de Sylvie après leur dépistage dans une clinique de la ville, où ils s’étaient rendus tous les trois. Il se rappelle distinctement du jour où il est allé chercher les résultats. «C’était le 15 septembre 2004. Une assistante sociale m’a demandé : que feriez vous si votre femme était séropositive ? J’ai répondu : ‘Elle est ma femme et je l’aime, alors nous allons combattre cela ensemble’». Ce n’était pas totalement une surprise pour Paul. Viviane, qui avait toujours été en bonne santé, est tombée malade après avoir donné naissance à Sylvie. Elle toussait continuellement et elle a perdu 15 kilos en plusieurs mois. De son côté, Sylvie était victime d’infections pulmonaires à répétition. Mais Paul n’avait pas envisager le sida avant qu’un ami médecin lui conseille de se rendre dans un centre de dépistage volontaire et anonyme. Paul gagne sa vie comme intérimaire dans une petite clinique privée d’Abidjan, la capitale économique du pays. Ses connections dans le milieu médical lui permettent d’ailleurs d’obtenir des médicaments et des consultations meilleur marché, dit-il, sinon ils n’auraient pas été en mesure de subvenir aux besoins de la famille. En Côte d’Ivoire, les médicaments antirétroviraux (ARV), qui permettent d’allonger l’espérance de vie des patients, sont subventionnés par l’Etat et ses partenaires internationaux pour ne valoir que 5 000 francs CFA (9,3 dollars américains) par trimestre. Mais les traitements des maladies opportunistes, qui se développent sur des organismes affaiblis par le VIH, tout comme les examens biologiques, indispensables à la mise sous traitement, sont entièrement à la charge des personnes malades. Faute de moyens financiers, le couple ne peut envoyer Sylvie à l’école. Viviane se croyait à l’abri C’est après l’annonce des résultats du dépistage que Viviane a évoqué son ancien petit ami, suggérant qu’il était probablement mort du sida. «Je n’ai jamais rien vu qui aurait pu prouver l’infection, mais c’est à cela que la famille de mon ‘ex’ a fait allusion lorsqu’il est mort. J’ai une fois demandé à une amie si je devais me faire tester mais elle a dit : ‘Tu ne devrais pas tant que tu es en bonne santé. Une fois que tu fais le test, il se peut que tu tombes malade alors il vaudrait mieux que tu n’y penses pas du tout». Viviane s’était sentie rassurée lorsque Paul a été testé en 2002 lors d’un examen d’entrée à l’école de police. Les résultats étaient négatifs. «J’avais peur de parler à Paul de mon ancien petit copain. Je pensais qu’il pourrait me quitter», a expliqué Viviane. «Lorsqu'il a été testé négatif, j’ai pensé : je dois être okay, alors. Cela faisait au moins cinq ans que nous avions des rapports non protégés». Se penchant en avant, Paul bredouille, encore et encore, son incompréhension. «Nous partageons tout : les lames de rasoir, les brosses à dents… comment se fait-il que je n’ai jamais contracté le virus ?». Grâce au soutien et aux soins constants prodigués par Paul, Viviane et Sylvie ont pu commencé à prendre des ARV, recevant leurs médicaments au centre de santé de Yopougon, un quartier populaire de la banlieue nord d’Abidjan. Mais alors qu’elle allait physiquement beaucoup mieux, Viviane a commencé à montrer des signes de dépression mentale sévère. «Elle courrait hors de la maison en pleine nuit, pleurant et disant que toutes ces années d’études avaient été gâchées», raconte Paul. «Elle est même devenue agressive et a dit à tout le monde qu’elle était séropositive». La famille de Viviane l’a rejetée. Leurs voisins sont devenus distants, refusant poliment de partager repas et ustensiles de cuisine. Cinq mois après le début du traitement ARV, Viviane était hospitalisée dans un hôpital psychiatrique. Là, le personnel a décidé de changer son traitement, pensant que sa dépression était due aux effets secondaires des ARV. Un mois après, elle était guérie. Mais bien qu’elle ait pris le dessus sur la maladie, le combat de Viviane n’est pas terminé. «J’ai toujours été la fille chérie de la famille», explique-t-elle. «Je suis la seule fille à avoir été à l’université. Maintenant, je ne les intéresse plus. Ils n’appellent jamais et ne nous rendent plus visite. Je trouve cette situation très difficile à accepter». «Les gens ont peur du VIH/SIDA», affirme-t-elle. «Et c’est cette mentalité qui est difficile à changer». Ce dont elle a le plus envie, dit-elle, c’est de trouver un emploi afin qu’elle arrête de s’inquiéter en permanence. «J’ai un diplôme de droit, mais je ferai n’importe quoi pour que mon esprit reste actif. Même si je pouvais juste laver les sols, je le ferai». Une fois Viviane sortie de la pièce, Paul explique que sa femme a toujours peur qu’il la quitte. «Elle manque de confiance en elle, mais je vois le bon côté des choses. Un jour, les scientifiques trouveront un remède au virus. La tuberculose et la peste n’étaient-elle pas mortelles autrefois ?»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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