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Pour une révision urgente de la stratégie anti-antituberculose

[Kenya] Community health worker in a Nairobi slum. IRIN
Les travailleurs de la santé, comme cet homme d’un quartier pauvre de Nairobi, au Kenya, aident les personnes atteintes de tuberculose à prendre leur médicament quotidien.
Dans les salles d’attente bondées de certains hôpitaux africains, les toux et les corps amaigris des patients témoignent du retour en force de la tuberculose, une maladie opportuniste qui se développe sur des organismes affaiblis par le VIH face à laquelle le monde médical n’est pas suffisamment outillé, a indiqué Médecins sans frontières. Dans son rapport intitulé 'A bout de souffle ? La prise en charge de la tuberculose XXI siècle', l’ONG internationale MSF, qui milite pour un accès universel aux médicaments essentiels, plaide pour une révision de la stratégie contre la tuberculose au niveau mondial. La tuberculose tue près de deux millions de personnes par an, presque exclusivement dans les pays en voie de développement. Pourtant, on en guérit dès lors qu’elle est détectée et traitée rapidement. La tuberculose est la principale infection opportuniste et la première cause de décès chez les personnes séropositives. Pour les 12 millions de personnes (dont près des deux tiers vivent en Afrique subsaharienne) co-infectées par le VIH et la tuberculose, le problème est dramatique. "Les programmes nationaux contre la tuberculose ne tiennent pas compte du lien entre les deux maladies", a indiqué le docteur Gilles van Cutsem de MSF, qui est aussi responsable du centre de traitement contre le VIH et la tuberculose de Khayelitsha, dans la banlieue du Cap en Afrique du Sud. La difficulté vient du fait que la stratégie mondiale contre la tuberculose, le DOTS (Directly Observed Treatment Short-course, ou traitement de courte durée sous supervision directe), a été conçue avant que l’on connaisse l’impact de l’épidémie de sida sur des services de santé déjà débordés. Lancés en 1994 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et appliqués dans 180 pays, les DOTS ont permis d’améliorer les diagnostics et les traitements. Mais, selon l’Alliance mondiale pour le développement des médicaments contre la tuberculose, basée à New York, seul un tiers des patients atteints de tuberculose en bénéficient. "Le VIH/SIDA a changé les modes de traitement et de contrôle de la tuberculose", a indiqué le docteur Francine Matthys, spécialiste de la tuberculose à MSF. Le DOTS permet de détecter la forme pulmonaire active de la tuberculose, la souche la plus infectieuse de la maladie, mais les personnes vivant avec le VIH/SIDA ont de forte chance de développer une forme latente et extra-pulmonaire de la tuberculose que les tests de diagnostic standard ne peuvent détecter. Lorsqu’elle n’est pas détectée ni traitée, la tuberculose est la principale cause de décès chez les personnes séropositives. "Les patients co-infectés par le VIH et la tuberculose sont les parents pauvres des programmes antituberculeux", a fait remarquer van Cutsem. Les nouveaux tests utilisés dans les pays occidentaux sont plus efficaces pour détecter les formes de tuberculose, mais ils sont trop complexes et onéreux. "Nous avons besoin d’un test simple et adapté qui fournit des résultats fiables même dans les pays pauvres", a confié à PlusNews le docteur Matthys. Bien après la disparition des symptômes de la tuberculose, le traitement nécessite la prise quotidienne d’un comprimé pendant huit mois. Mais étant donné que l’arrêt prématuré du traitement créé une résistance aux médicaments (un problème observé dans le monde entier), le DOTS permet, sous la supervision directe d’un agent de santé, de s’assurer que le patient prend régulièrement ses comprimés pendant une période d’au moins deux mois. Cette stratégie mobilise du personnel et reste fastidieuse autant pour les agents de santé que pour les patients. En outre, elle ne peut s’appliquer que dans un environnement stable, ce qui exclue les populations mobiles comme les nomades, les travailleurs migrants, les réfugiés ou les personnes déplacées. Le DOTS prend le contre-pied de la stratégie des traitements antirétroviaux qui veut que les patients prennent eux-mêmes leurs médicaments, des pense-bêtes étant fournis pour le leur rappeler, le cas échéant. L’autre difficulté est que les services antituberculeux fonctionnent indépendamment des programmes antisida. "Ils sont gérés par des administrations distinctes, se trouvent dans des locaux distincts et ont même des équipes distinctes", a indiqué Marta Darder, coordonnatrice de la Campagne d’accès aux médicaments essentiels en Afrique du sud. MSF expérimente une autre approche dans ses centres de traitement intégrés. C’est le cas à Khayelitsha, où sept patients tuberculeux sur 10 sont séropositifs. "Nous essayons de briser le mur qui sépare les deux services en intégrant les équipes", a fait remarquer van Cutsem. "Ce n’est pas facile, mais c’est bien plus pratique pour les patients." Avec des services intégrés, les patients se rendent à un seul guichet, bénéficient d’un seul système de surveillance et s’adressent à un seul guichet de traitement. Cela réduit leur frais de transport et leur fait gagner du temps. Reconnaissant les limites du DOTS, l’OMS et l’agence Stop TB Partnership ont mis sur pied un groupe de travail sur la tuberculose et le VIH pour coordonner et renforcer la lutte contre les deux épidémies. "Cette nouvelle stratégie permettra de prolonger et d’améliorer les conditions de vie des patients infectés par le VIH", a indiqué le docteur Paul Nunn, coordonnateur de l’unité Stop TB for TB/HIV and Drug Resistance au siège de l’OMS à Genève. D’après le rapport de MSF, la principale lacune du DOTS est qu’il est conçu à partir d’anciennes technologies et non pas à partir d’outils de diagnostic, de vaccins et de médicaments plus récents et plus efficaces. Le sida montre toutes les limites du DOTS et amène à repenser la stratégie antituberculeuse mondiale, a conclu le rapport.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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