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Un modèle qui montre ses limites

[Botswana] Poster from Botswana's ARV therapy programme. MASA ARV Programme
Poster from the Masa ARV therapy programme
La décision du gouvernement du Botswana de fournir gratuitement des traitements antirétroviraux aux personnes séropositives fut considérée comme une mesure bien audacieuse à un moment où les pays voisins débattaient de la toxicité des médicaments et du financement de leurs programmes de traitement. Deux années plus tard, alors que la plupart des pays d’Afrique australe s’y engageaient à peine, 35 000 Botswanais des secteurs public et privé bénéficiaient d’un traitement antirétroviral financé par les fondations Bill et Melinda Gates et Merck Company. Mais malgré l’extension du programme de distribution, les autorités s’alarment que nombreux sont ceux qui ne viennent en consultation que lorsque la maladie est à un stade avancée, ce qui rend leur traitement plus difficile à supporter et plus onéreux. En général, les ARV sont prescrits lorsque la numérotation CD4 des patients chute à 80, a indiqué le docteur Ernest Darkoh, responsable du programme national de distribution d’ARV. Chez une personne séronégative, la numération normale des CD4 varie entre 500 et 1 500. A un taux inférieur ou égal à 200, l’état de santé du patient est très préoccupant et un traitement ARV doit lui être prescrit. A l’hôpital Princess Marina de la capitale Gaborone, le service des maladies infectieuses se trouve derrière le bâtiment principal. Avec près de 12 000 personnes inscrites au programme ART, cet hôpital est l’un des plus importants centre de traitement du VIH/SIDA au monde. Les agents de santé de l’hôpital reçoivent chaque jour en consultation près de 200 patients et un bon nombre d’entre eux est déjà à un stade très avancé de la maladie. Pour y remédier, il conviendrait de démarrer plus tôt la formation de deux mois qui est donnée aux patients séropositifs afin de les préparer à la prise d’ARV, à indiqué à PlusNews Virgina Kebinakgabo, la responsable du service des maladies infectieuses. Cet afflux important de patients peut s’expliquer par la crainte de la stigmatisation et de la discrimination dont ils sont l’objet. Ces patients parcourent de longues distances pour consulter un médecin, car ils préférent l’anonymat relatif que garantit l’hôpital. Un patient de Molepolole qui vient de parcourir 50 kilomètres a confié à PlusNews :"Je viens ici parce que je ne veux pas que ma famille me voit faire la queue pour prendre des ARV." Le Botswana a tous les atouts pour maîtriser la propagation de l’épidémie: une volonté politique affirmée, une utilisation optimale des ressources existantes, un programme de traitement bien établi. Mais la stigmatisation de la maladie reste un obstacle majeur. "Les gens ne peuvent pas encore parler librement de l’épidémie. Et s’ils ne peuvent le faire, il leur sera bien plus difficile de se faire aider", a indiqué Chris Molomo, le responsable de la commission nationale de lutte contre le sida. Dans ce pays de près de 1,7 millions d’habitants, seul un petit groupe de personnes a osé déclarer publiquement sa séropositivité. Le dépistage systèmatique comme nouvelle stratégie Dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la stigmatisation, le gouvernement du Botswana a initié une politique de dépistage systématique. Ainsi, dans les hôpitaux comme dans les cliniques privées, les agents de santé proposent désormais aux patients de se faire dépister. Ainsi, les autorités se sont rendues compte que les programmes nationaux de lutte contre le sida peuvent échouer faute de connaissance du statut sérologique des populations. "Il est temps de mettre en place une politique de santé plus agressive pour lutter contre le VIH/SIDA et de l’appliquer systématiquement, comme dans toutes les autres pathologies. Dans un pays où près de 40 pour cent des adultes sexuellement actifs sont séropositifs et où des traitements ARV sont disponibles, ne pas proposer des tests de dépistage gratuits relèverait de l’incurie", a indiqué Darkoh. Selon Darkoh et Molomo, comme la plupart des centres de santé dépistent désormais près de 90 pour cent de leurs patients, cette pratique a permis à un nombre de plus en plus important de personnes de connaître leur séropositivité. Mais certains groupes de défense des droits de l’homme ont fait part de leur préoccupation face à une politique qui ne tient pas compte du droit des patients à refuser de se faire dépister arguant que, sans une connaissance complète de la procédure et de son impact, cette mesure peut être contraignante pour les patients. "Le patient n’a aucun pouvoir de décision. Cette mesure ne tient pas compte du fait que les gens ont des droits et qu’ils peuvent décider librement. Il est donc très peu probable qu’un patient indique à son médecin qu’il refuse de se soumettre au test de dépistage", a souligné Christine Stegling, coordonnatrice du réseau BONELA. Selon Stegling, cette mesure est une décision politique "sans aucun fondement technique" et personne ne sait comment elle est appliquée par les centres de santé. Le public est mal informé sur les tests de dépistage et certains centres ne possèdent toujours pas de kits de dépistage rapide. "Cette mesure ne règle rien si ce n’est qu’elle permet de résoudre les difficultés techniques liées au retard pris dans la mise en œuvre des programmes ARV. Et même dans ce cas, je ne suis pas certaine que cette mesure soit pertinente", a t-elle ajouté. D’après Stegling, le gouvernement devrait définir un cadre juridique qui permettrait aux personnes de mieux vivre leur séropositivité. Le Botswana, par exemple, ne dispose d’aucun arsenal juridique pour lutter contre la discrimination dont sont victimes les personnes séropositives sur leur lieu de travail. Les agents de santé posent un autre problème car ils projettent leur propre peur du VIH/SIDA sur les patients, a t-elle fait remarquer. En fin de compte, les gens finissent par avoir peur de se faire dépister malgré la disponibilité des traitements ARV, a t-elle conclu. Cet article est tiré d’un dossier spécial PlusNews sur les thérapies en Afrique

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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