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L’accès humanitaire au coeur de la conférence des bailleurs

La conférence des bailleurs de fonds en faveur des victimes du cyclone Nargis, tenue à Yangon, ancienne capitale birmane, le 25 mai, était principalement axée sur la nécessité urgente d’assurer que les travailleurs humanitaires puissent se rendre auprès des populations touchées.

Le Myanmar s’est vu promettre une augmentation considérable du soutien financier accordé par la communauté internationale au profit des 2,4 millions de rescapés du cyclone, à condition que le gouvernement birman respecte son engagement auprès de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, à qui il a assuré qu’il accorderait aux travailleurs humanitaires un accès libre aux régions touchées.

La conférence du 25 mai a réuni les représentants d’une cinquantaine d’Etats pour débattre de l’aide à apporter au Myanmar, un pays isolé et pauvre, afin de lui permettre de se remettre de cette vague de destruction.

La tempête de catégorie quatre, qui s’est abattue sur le pays les 2 et 3 mai, a fait 133 000 morts et disparus et semé le chaos dans la région rizicole du pays, une zone de la plus haute importance.

Les représentants des pays occidentaux ont dit espérer que cette conférence – qui fait suite à une rencontre de deux heures organisée le 23 mai entre M. Ki-moon et le généralissime Than Shwe, chef de l’armée birmane – marquerait un « tournant » dans les opérations de secours lancées après le passage du cyclone.

« Le message reposait très largement sur une compassion envers les victimes, un grand désir d’aider, et le souci que cette aide devrait être fondée sur des principes d’accès illimité aux régions et de transparence dans l’utilisation des fonds », a déclaré à IRIN le représentant d’un pays occidental aux pourparlers.

De nombreux gouvernements occidentaux présents lors de la conférence (notamment les Etats-Unis et le Royaume-Uni) ont fait clairement savoir que pour se voir accorder une aide supplémentaire, les généraux birmans devraient assurer l’accès sans entrave des travailleurs humanitaires étrangers aux régions touchées.

« L’un après l’autre, les intervenants ont mis la balle dans le camp du gouvernement », a rapporté le représentant. « Ils lui ont dit "si vous faites le bon choix, on vous soutiendra". Sous-entendu, "si vous faites le mauvais, on ne peut rien faire pour vous" ».

Incendie à l’ambassade, un nouveau revers

Au cours du week-end, selon Aunpama Rao Singh, directeur régional du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Asie de l’Est, l’agence a obtenu la permission de dépêcher six de ses employés internationaux dans les régions touchées ; « très optimiste », elle est convaincue qu’une page a été tournée.

Néanmoins, un incendie, survenu tôt dans la matinée du 26 mai à l’ambassade du Myanmar à Bangkok (où de nombreux travailleurs humanitaires internationaux attendent le visa qui leur permettra de se rendre dans le pays) a entraîné la fermeture du service des visas, et créé un nouvel obstacle pour la communauté humanitaire.

Selon le système onusien de traçage financier, les Nations Unies ont récolté à ce jour 57 millions de dollars sur les 201 millions de dollars sollicités dans le cadre de leur appel d’urgence, soit 28 pour cent de la somme demandée.

Les Nations Unies ont également reçu des promesses de dons supplémentaires à hauteur de 42 millions de dollars, mais ces engagements ne sont pas contraignants.

On ignore si les fonds promis à l’occasion de la conférence des bailleurs de fonds seront versés dans le cadre de l’appel d’urgence.


Photo: Contributor/IRIN
Un incendie à l'ambassade du Myanmar à Bangkok, en Thaïlande, a conduit à la fermeture du service des visas
Un grand nombre de bailleurs présents à la conférence se sont également contentés de présenter l’aide qu’ils avaient déjà apportée, tout en s’engageant à en faire plus s’ils constataient une amélioration de la situation sur le terrain.

Une aide accrue

Parmi les offres présentées, la Communauté européenne a revu à la hausse sa précédente promesse de don de 46 millions d’euros (72 millions de dollars), y ajoutant 17 millions d’euros. La Chine a accordé 11 millions de dollars, l’Australie, 25 millions de dollars australiens (24 millions de dollars) et les Philippines ont doublé leur promesse de don, la portant de 10 millions à 20 millions de dollars.

Ban Ki-moon a appelé à un soutien international plus ferme pour couvrir les besoins immédiats des rescapés du cyclone en matière d’alimentation, d’hébergement, d’approvisionnement en eau salubre et de soins médicaux, et pour les aider à se remettre sur pied en remplaçant les semences, les engrais, les pompes à eau, les bateaux et les filets de pêche perdus.

« Nous avons de bonnes raisons d’espérer que l’aide apportée aux régions les plus gravement touchées sera considérablement accrue dans les prochains jours », a déclaré le secrétaire général. « Ces besoins doivent être financés immédiatement ».

Au cours de la conférence, le général Thein Sein, Premier ministre birman, a affirmé la volonté du gouvernement d’autoriser les vrais travailleurs humanitaires internationaux « sans conditions » à participer aux opérations de secours et de reconstruction ; il a en revanche indiqué que les autorités « examineraient » les demandes « commune par commune ».

Une partie de l’aide toujours bloquée au large du Myanmar

Il a toutefois exclu d’autoriser les navires des marines américaine, française et britannique, chargés de grandes quantités de matériel de secours, à livrer ces cargaisons vitales directement dans le delta touché, par pont aérien ou à l’aide d’une péniche de débarquement spéciale.

Ce matériel devra au contraire être acheminé à bord de navires civils, au port lointain de Yangon, a-t-il déclaré. Selon les travailleurs humanitaires, ce trajet jusqu’aux régions les plus gravement touchées est difficile d’un point de vue logistique et prend du temps.

La junte birmane a élaboré un premier plan de reconstruction post-cyclone de 11,7 milliards de dollars, qui comprend divers projets, dont la reconstruction de 100 000 logements, le remplacement du bétail perdu et la construction de grandes digues dans la région du delta et de « collines artificielles », qui feraient office de barrières pour contenir de nouvelles ondes de tempête.

Les bailleurs de fonds n’ont toutefois pas abordé ce plan dans le détail. « Les gens ont écouté, mais le thème général qui s’est dégagé de la réunion était qu’il était trop tôt pour parler de reconstruction : il reste du travail à faire dans le cadre des secours et du redressement rapide », a expliqué M. Singh.

ak/ds/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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