anti-braconnage pour patrouiller quelque 155 000 kilomètres carrés de zones sauvages dans la région orientale du pays, a rapporté mardi le magazine National Geographic Adventure.
L'organisme Africa Rainforest and River Conservation (ARRC) projette de
recruter et de former une force anti-braconnage composée de 400
Centrafricains, pour patrouiller les terres sauvages et protéger la faune.
Ils auront le pouvoir de tirer sur les braconniers en quête de viande de
brousse.
Le groupe entend surtout pourchasser les bandes de maraudeurs braconniers
soudanais qui détruisent la faune de la région et terrorisent les
villageois. Selon l'article de National Geographic, chaque année, des colonnes comptant jusqu'à 200 braconniers soudanais bien armés, traversent la frontière à la recherche de gibier qu'ils ne peuvent plus trouver au Soudan. Après s'être divisés en plus petits groupes, les braconniers déclenchent des incendies dans la brousse, pour débusquer les animaux, puis ils les abattent et fument leur viande. Les populations d'éléphants, de girafes, de crocodiles et de lions ont été réduites de plus de 95 pour cent
dans cette région, jadis considérée comme le Serengeti de l'Afrique
centrale.
Ce projet de défense de la faune comportera aussi des études scientifiques, la réparation des routes, la construction d'écoles et de dispensaires, ainsi qu'une composante d'éducation à l'écologie.
Cette situation illustre bien une crise de plus en plus aiguë de la viande de brousse en Afrique. Celle-ci est devenue une industrie d'une valeur d'un milliard de dollars, dépassant même la déforestation en tant que menace la plus immédiate pesant contre la faune africaine en voie de disparition, rapporte National Geographic. Dans le seul bassin du fleuve Congo, plus d'un
million de tonnes métriques de viande de brousse (équivalant à quatre
millions de têtes de bétail) ont été "récoltées" chaque année dans des
forêts qui reculent sans cesse, soit six fois le taux maximum qui
permettrait de préserver la faune de façon durable, selon la Wildlife
Conservation Society.
Au-delà de la menace pour la faune, la crise de la viande de brousse
pourrait se transformer en une tragédie humaine d'immenses proportions, étant donné que les Africains des zones rurales tirent jusqu'à 60 pour cent des protéines de leur alimentation des animaux sauvages, signale National
Geographic. Lorsque la chasse excessive aura vidé les forêts, les gens disposeront alors de bien peu d'alternatives pour s'alimenter.
Les principaux organismes de conservation n'ont pas tardé à prendre leurs distances face aux efforts potentiellement mortels de lutte contre le braconnage et à la croissance du mouvement dit "éco-mercenaire". Par ceux-ci, des groupes internationaux chargés de faire respecter la loi effectuent le "sale boulot" que des gouvernements et des organismes environnementaux soucieux de leur image publique, ne peuvent faire, constate National Geographic. Plusieurs environnementalistes souhaitent néanmoins que le projet soit couronné de succès.
"Nous ne le ferions pas", aurait déclaré Richard Carroll, du Fonds mondial pour la nature (WWF). "Mais nous espérons qu'il [l'ARRC] y parviendra. Il s'agit vraiment d'un effort de dernier recours. J'espère seulement qu'[ils] comprennent dans quoi [ils] s'embarquent. Ces gens [les braconniers] sont lourdement armés et très dangereux. Il s'agit en fait d'une situation de guerre".
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