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Une adolescente déterminée à vivre

Jacqueline Dlamini [un nom d’emprunt] n’a pas droit à une adolescence aussi heureuse que celle de ses amis : elle a appris sa séropositivité alors qu’elle avait à peine 15 ans et a dû démarré une thérapie antirétrovirale.

Violée à 14 ans par son oncle, qui l’a menacée de mort si elle parlait, Mlle Dlamini est parvenue à garder le silence jusqu’à ce qu’elle tombe malade et que les infirmières d’une clinique locale lui conseillent de subir un test de dépistage du VIH/SIDA.

Grâce au soutien de sa mère, présente lors de la remise des résultats, Jacqueline a finalement pu témoigner du viol dont elle avait été victime et démarrer un traitement antirétroviral (ARV), censé prolonger l’espérance de vie des personnes vivant avec le virus.

Ces médicaments lui «ont beaucoup changé [la vie]», a-t-elle confié, même si devoir prendre des médicaments pour le restant de ses jours est la chose la plus «ennuyeuse» possible.

Proposer un traitement ARV aux enfants n’est pas une tâche aisée : les laboratoires pharmaceutiques ne parviennent pas à mettre en place des combinaisons à dose fixe qui soient adaptées. Ainsi, les médecins au chevet de Jacqueline doivent perpétuellement adapter la dose aux fluctuations du poids de l’adolescente.

«Un jour, ils doivent prendre [une dose de] 30 grammes, puis de 40 grammes le lendemain... c’est très compliqué. Un grand nombre d’enfants de mon groupe de soutien trouve cela très agaçant», a expliqué le responsable du groupe auquel appartient Jacqueline Dlamini.

Le docteur Tammy Meyers, directeur de la clinique pédiatrique Harriet Shezi de l’hôpital Chris Hani Baragwanath de Johannesburg, la capitale économique sud-africaine, a noté qu’observer un traitement demandait «énormément d’efforts» aux jeunes enfants.

La mère de Jacqueline lui a acheté un téléphone portable, qui sonne chaque fois qu’elle doit prendre son traitement.

«Je le prends tous les jours. Je ne veux rien faire qui puisse compromettre l’efficacité du traitement», a-t-elle ajouté d’un ton déterminé, une boîte colorée à la main qui renferme ses médicaments.

Le régime alimentaire de Jacqueline ne ressemble en rien à celui d’une adolescente de son âge. Elle évite de manger des friandises, elle n’a jamais bu d’alcool, ni touché à une cigarette - ce qui lui vaut bien des taquineries de la part de ses camarades, qui jugent son mode de vie «ennuyeux».

A part ses parents et sa tante, personne ne sait pourquoi Jacqueline est si stricte avec elle-même. Elle préfère être traitée de «rabat-joie» par ses amis plutôt que de devoir partager une sucette, comme le font toutes les adolescentes de son âge. Elle n’a pas non plus révélé sa séropositivité à son petit frère de dix ans.

Et lorsqu’elle doit aller chercher ses ARV à l’hôpital, Jacqueline Dlamini quitte l’école avant la fin des cours, prétextant devoir aller acheter son traitement contre l’asthme.
Pour la mère de Jacqueline, sa fille est, de toute évidence, encore «trop jeune pour ne serait-ce que penser à dévoiler» son statut.

«Je ne veux pas que les gens parlent d’elle dans la rue. Les enfants sont très méchants de nos jours», a-t-elle déclaré.

Quant à Jacqueline, elle ne souhaite pas «aller à l’école et voir les murs des toilettes recouverts de graffitis qui disent: ‘Jacqueline est séropositive’». «Si mes rêves deviennent réalité, quand j’aurai ma propre voiture, ma propre maison et un travail, alors je serai prête.»

Jacqueline étale fièrement ses bons résultats scolaires et parle de son projet de devenir pilote d’avion. Comme la plupart des parents d’adolescents, sa mère aimerait qu’elle étudie davantage plutôt que «de rêver, écrire des poèmes ou lire des romans à l’eau de rose», surtout qu’il ne reste plus à Jacqueline que deux années d’école.

Elle vient d’ailleurs de rencontrer un garçon, qu’elle voit au centre commercial du quartier avec un autre couple d’amis. Son petit ami, un jeune homme de 20 ans, ne sait pas qu’elle est séropositive.

«Si cela devient sérieux entre nous deux et que nous passons à l’étape suivante, alors je le lui dirai, mais je ne veux pas brusquer les choses», a-t-elle affirmé.

Les médicaments qu’elle prend deux fois par jour sont les seules choses qui différencient Jacqueline des autres adolescentes de son âge : elle cuisine, fait le ménage, lit des romans d’amour, sort quand elle est censée étudier.

«VIH ne signifie pas que je vais disparaître et sida ne veut pas dire que je vais bientôt mourir … je suis déterminée à rester en vie», a-t-elle conclu.

Ce rapport fait partie d’un numéro spécial sur l’Afrique du Sud à lire en anglais sur le site de PlusNews.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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