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La vie positive

Sortir, s’impliquer dans la vie associative, bien manger et surtout profiter de la vie: lorsqu’il s’agit de donner des conseils aux personnes infectées au VIH, Ronke Afolabi n’est jamais à court d’idées. «Evitez de vous isoler, plus avez d’amis, plus vous êtes susceptibles d’être soutenu», répète inlassablement cette femme énergique aux personnes qui comme elle, vivent avec le VIH. «Recevez et donnez de l’affection, trouvez vous des occupations [car] le fait de maintenir une activité physique et mentale aide à éviter la dépression et l’anxiété.» Les individus séronégatifs ont aussi un rôle à jouer : en soutenant les personnes qui sont infectées, et non en les discriminant, rappelle Ronke. «Personne n’a jamais dit ‘oui’ au sida, personne ne l’a demandé, la plupart d’entre nous n’en avait jamais entendu parler [avant de se savoir infecté]», plaide cette Nigériane de 43 ans. «On ne peut pas blâmer ou rejeter la faute sur qui que ce soit, peu importe qui du mari ou de la femme, ou autre, est responsable de l’infection [au VIH].» C’est presque par hasard que Ronke, mère de trois enfants nés plusieurs années avant son dépistage et tous séronégatifs, a appris qu’elle était infectée. Elle assiste alors à une séance de sensibilisation sur le sida qui la fait douter. «Une femme séropositive avait été invitée à témoigner», se souvient-elle. «Je n’aurais jamais pensé pouvoir être infectée, mais la femme qui parlait nous a dit que si l’on ne se sentait pas en forme et qu’on était constamment sous traitement pour des maladies qui ne disparaissaient pas, il était recommandé d’aller faire un test du VIH.» C’était en 2002. A ce moment-là, Ronke, séparée du père de ses enfants après plusieurs années d’union polygame, voyageait beaucoup. «A chaque fois que je rentrais, j’étais toujours fatiguée, je pensais que c’était le stress du voyage qui me rendait malade, mais j’ai quand même appelé la femme [qui avait témoigné] pour lui raconter ce que je ressentais et elle m’a encouragée à aller me faire dépister. C’est comme ça que j’ai découvert mon statut.» Quand elle apprend la nouvelle, Ronke milite depuis plusieurs années en faveur des droits des personnes séropositives. Du coup, elle n’est pas vraiment surprise des difficultés qu’elle rencontre alors dans son entourage. «Au départ, j’ai été confrontée à une forte stigmatisation là où je vivais mais parce que je connaissais mes droits en tant qu’être humain, [les gens] ont compris que j’étais prête à me défendre donc ils ont fini par me laisser tranquille», raconte-t-elle. Mais il a fallu qu’elle se batte. En apprenant qu’elle est infectée au VIH, ses co-locataires et ses voisins ont tenté par tous les moyens de se débarrasser d’elle. Une fervente militante des droits des personnes séropositives «Nous sommes arrivés à un stade où [l’un d’entre eux] utilisait un bâton pour enlever mes vêtements du fil à linge», raconte-t-elle. «J’ai dénoncé l’affaire à la police et j’étais prête à poursuivre [ce co-locataire] en justice. Lorsqu’il s’est rendu compte que j’allais le faire, il m’a suppliée de retirer ma plainte et il a dû payer pour le préjudice qu’il m’avait causé dans cette histoire.» Depuis, Ronke ne cesse d’essayer de convaincre le personnel médical de ne pas stigmatiser les patients séropositifs. «Promouvoir une vie positive commence avec les médecins et les travailleurs de la santé, leur attitude [à l’égard des patients séropositifs] et le langage qu’ils utilisent», estime-t-elle. «Les médecins, les infirmières et les travailleurs de la santé devraient accepter les patients tels qu’ils sont, éviter de les blâmer, d’avoir des comportements négatifs et de les étiqueter comme ‘victimes ou malades du sida’». Elle se réjouit que, grâce aux efforts des activistes avec lesquels elle travaille, les relations entre certains médecins et leurs patients se sont améliorées. Elle est elle-même sous traitement antirétroviral (ARV) depuis un peu plus de deux ans et consacre la plupart de son temps à soutenir les personnes vivant avec le VIH. C’est aussi l’objectif principal de Poters Cares, l’ONG qu’elle vient de créer, et qui compte pour l’instant 35 membres à Lagos, le grand port économique du sud du Nigeria. Elle est également coordinatrice communautaire pour l’armée du Salut. Lorsqu’elle ne travaille pas pour son ONG, elle s’emploie à trouver différentes activités qui lui permettent de gagner sa vie. «Aujourd’hui, ma vie est merveilleuse», affirme-t-elle. Et pour que celle des autres personnes infectées au VIH le soit aussi, elle emploie une bonne partie de son énergie à les aider à vivre positivement. «Mangez sainement, même si vous avez peu de ressources, vous pouvez mangez des aliments ordinaires peu coûteux qui contiennent des hydrates de carbone, des protéines et les éléments nutritifs nécessaires» pour renforcer le système immunitaire, explique par exemple Ronke. Elle conseille également d’être attentifs aux moindres symptômes pour déceler une éventuelle infection afin de pouvoir consulter rapidement un médecin. La sexualité fait partie des sujets qu’elle évoque lors des séances de discussion avec des personnes infectées au VIH. «Prenez des décisions en toute conscience, soyez prudent dans votre vie sexuelle, y compris la maternité, protégez-vous ou envisagez l’abstinence.» Enfin, Ronke plaide pour davantage d’implication des personnes concernées dans les activités de lutte contre le sida et pour une meilleure compréhension mutuelle entre les personnes séronégatives et celles qui vivent avec le virus, appelant ces dernières à un effort d’ouverture. «Comprenez le monde dans lequel vous vivez, essayez d’observer et de comprendre votre propre santé, essayez de comprendre comment les gens ressentent l’interaction avec des personnes séropositives, cela permettra de réduire le stress superflu et facilitera vos relations avec les autres», affirme-t-elle. Et par dessus tout, insiste Ronke sans relâche, «profitez de la vie, riez et soyez joyeux!».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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