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Apprendre aux femmes rurales à contrôler leur vie sexuelle

Une association camerounaise tente de convaincre les femmes des zones rurales qu’en dépit de leurs difficultés à choisir leur sexualité, elles disposent d’armes pour éviter l’infection au VIH. D’après le ministère camerounais de la Santé, la province de Yaoundé, la capitale, au centre, et les provinces rurales, notamment celles du sud et de l’est, affichent les taux de prévalence du VIH les plus élevés du pays, au-delà de huit pour cent, contre 6,9 pour cent au niveau national, selon les Nations unies. Plus de 60 pour cent des personnes infectées par le virus sont des femmes, les jeunes femmes de moins de 25 ans étant les plus touchées. Dans cette tranche d’âge, ce sont les filles de la province d’Adamaoua, dans le centre du pays, qui sont le plus infectées au VIH, soit 20 pour cent contre 7,5 pour cent dans la province du Littoral, où se trouve la ville portuaire de Douala, selon les Nations unies. Face à ce constat, des organisations non-gouvernementales ont décidé d’orienter leurs efforts de lutte contre l’épidémie vers les femmes des campagnes, en prenant en compte les spécificités du milieu rural. «Les femmes des zones rurales sont en général peu éduquées et n’ont pas le choix de leur sexualité», a expliqué à PlusNews Damaris Mounlom, coordinatrice de l’organisation camerounaise Femmes-Santé-Développement en Afrique sub-saharienne, Fesade. «Il ne sert donc à rien de donner à ces femmes des messages directifs [pour se protéger de l’infection au VIH], ça ne marche pas», a-t-elle dit. «Plutôt que de leur faire peur, il vaut mieux leur montrer de quels moyens elles disposent pour éviter malgré tout [d’être infectée]». Pour cela, cette organisation fondée en 1989 et soutenue par la coopération canadienne, la Banque mondiale et le Conseil national de lutte contre le sida, insiste auprès des femmes sur le fait qu’elles ont la possibilité de se protéger en adoptant «des comportements sexuels responsables», a dit Mme Mounlom. Lors des ateliers de sensibilisation, les animateurs proposent aux femmes un certain nombre de comportements sexuels possibles, tels que l’abstinence, la fidélité, les rapports protégés ou non protégés. Ils leur demandent d’en choisir un et d’expliquer leur choix. Les éducateurs analysent ensuite avec les femmes, en fonction de leurs choix, quelles sont les conséquences de chaque comportement et quels sont ceux qui ont le plus de chances de prévenir l’infection au VIH, a dit Mme Mounlom. «Nous ne disons pas aux femmes ce qu’elles doivent faire, nous voulons seulement qu’elles sachent à quoi elles s’exposent en acceptant tel ou tel comportement», a-t-elle expliqué. «Ce qu’elles peuvent faire, c’est dire : non, je suis en danger». Ce message n’est pas toujours facile à faire passer auprès de femmes dont l’immense majorité dépend financièrement de son mari, a reconnu Mme Mounlom, et qui n’ont souvent pas la possibilité d’imposer le port du préservatif, d’empêcher leur mari d’avoir des relations sexuelles extra-conjugales ou de refuser les rapports non protégés. Rares sont ainsi celles et ceux qui achètent les préservatifs que laisse la Fesade dans les villages, même subventionnés à 25 francs CFA, soit cinq cents l’unité pour le préservatif masculin, et 200 francs CFA (0,36 dollars) l’unité pour le préservatif féminin. «Lors des distributions, les populations prennent les préservatifs, mais ceux qui sont laissés en vente ne trouvent pas preneurs. Il y a un manque de volonté», a dit Mme Mounlom. «Nous encourageons les femmes à aborder doucement le sujet avec leur mari, à engager la conversation dès que cela est possible», en utilisant la même méthode d’analyse des comportements et de leurs conséquences, a-t-elle dit. Si toutefois le dialogue n’est pas possible avec le conjoint, la Fesade encourage les femmes à demander de l’aide au sein de leur communauté. «Il y a toujours des personnes influentes dans une communauté, des chefs traditionnels ou religieux, qui peuvent parler au mari pour le convaincre de changer de comportement», a dit Mounlom. Cette aide extérieure est possible, selon Mme Mounlom, car les personnalités influentes sont de plus en plus souvent des acteurs de la lutte contre le sida, grâce à de nombreux efforts de sensibilisation développés à leur intention par les structures ou associations rurales et communautaires, très nombreuses au Cameroun. A titre d’exemple, un recensement effectué dans le cadre du programme ‘Roll-back malaria’ (Eradiquer le paludisme) des Nations unies dans la région du Centre, l’une des 10 provinces du pays, où se trouve la capitale Yaoundé, a permis d’identifier 2 680 «structures de regroupement humain» dans 15 des 22 districts que compte la province. La plupart de ces structures s’intéressent aux questions de développement et de santé. Peu d’entre elles s’occupent exclusivement du sida mais elles incluent de plus en plus souvent des programmes de lutte contre l’épidémie. Mme Mounlom a dit que le recours à une intervention extérieure s’était déjà montré efficace pour des femmes qui n’avaient pas réussi à convaincre leurs conjoints. «Les femmes doivent sortir de la résignation et comprendre qu’elles ont les moyens d’agir», a-t-elle estimé. «Même s’il faut le faire en douceur, pour ne pas être accusé de pousser à la révolte».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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