L’étude (en anglais) s’est intéressée à 2 332 patients séropositifs qui ont débuté un traitement dans une grande clinique urbaine de Soweto, le plus grand township de Johannesbourg, et dans une clinique rurale de la province de Mpumalanga, entre 2003 et 2009. Les participants ont été interrogés sur leurs comportements sexuels avant et après leur mise sous traitement ARV.
Les patients, aussi bien les hommes que les femmes, étaient moins susceptibles d’être sexuellement actifs une fois qu’ils avaient débuté une thérapie ARV, qu’ils soient ou non engagés dans une relation solide, sans lendemain ou bien les deux. Ils étaient également moins enclins à avoir des rapports sexuels non protégés ou des partenaires sexuels multiples.
« Nous ne nous attendions pas à des baisses aussi importantes », a dit l’un des co-auteurs de l’étude, Neil Martinson, de l’Unité de recherche périnatale du VIH de l’Université de Witwatersrand à Johannesbourg. « Je pense que nous nous attendions à ce que les individus se sentant mieux s’adonnent à une plus grande activité sexuelle, et non le contraire ».
L’étude, qui a été publiée dans le journal AIDS, n’avait pas pour objectif de découvrir les raisons pour lesquelles les participants modifiaient leurs comportements sexuels. Toutefois, M. Martinson a avancé que les patients qui avaient « vu la mort en face » et ensuite se sentaient mieux grâce aux ARV étaient moins disposés à contaminer d’autres personnes.
Les services de conseil et les messages sur les rapports sexuels à moindre risque proposés lors des visites à la clinique ont certainement joué un rôle important.
« Lorsqu’ils se rendent dans les cliniques pour commencer leur thérapie ARV, [les patients] sont probablement bombardés de brochures, d’affiches et autre qui les incitent à adopter des comportements sexuels à moindre risque », a dit M. Martinson.
Guy de Bruyn, un des co-auteurs qui travaille également à l’Unité de recherche périnatale du VIH de l’Université de Witwatersrand, a souligné que l’étude avait été menée dans un milieu de recherche et qu’elle ne reflétait peut-être pas les expériences des patients séropositifs recevant des soins auprès du secteur de santé public sous-financé d’Afrique du Sud.
Néanmoins, selon les auteurs de l’étude, l’élargissement des programmes de traitement du VIH pourrait avoir d’importantes retombées positives sur les efforts de prévention du virus en Afrique.
« Deux fois plus de raisons de mettre les personnes sous traitement »
Les résultats de l’étude ont également des répercussions sur un projet de stratégie de prévention appelée « stratégie de dépistage universel du VIH et de traitement immédiat ». Cette méthode consiste à pratiquer le dépistage universel du VIH et à procéder au traitement immédiat de toutes les personnes infectées par le virus. La charge virale (quantité de virus dans le corps) des patients qui suivent un traitement diminue et ces derniers présentent moins de risques de transmettre le virus.
Toutefois, le traitement anti-VIH n’efface pas le risque de contamination et tout bénéfice pourrait être annulé si les individus avaient davantage de rapports sexuels non protégés, en pensant que les risques de contamination sont moins grands (un phénomène connu comme compensation du risque ou désinhibition comportementale).
« Au moins, dans le cadre de notre expérience, [la désinhibition comportementale] n’est pas apparue comme une question majeure », a dit M. de Bruyn. « Aucune hausse des comportements à risque n’a été enregistrée parmi les personnes qui suivaient un traitement pendant une longue période ».
Il s’agit de la première étude menée dans la région qui s’intéresse aux risques sexuels au sein d’un groupe important de patients séropositifs, avant et après leur mise sous traitement.
M. Martinson a indiqué que les résultats devaient être confirmés par une autre étude, qui serait de préférence menée dans le cadre d’un environnement de santé public et à laquelle participeraient des patients qui suivraient un traitement depuis au moins cinq ans. Il a également souligné qu’une étude qualitative serait nécessaire afin d’interroger en détail les participants avant et après leur mise sous traitement afin de déterminer les raisons de tout changement comportemental.
« Si [les résultats sont] confirmés, il y a deux fois plus de raisons de mettre les personnes sous traitement, non seulement pour leur propre santé, mais également pour réduire les comportements sexuels à risque », a-t-il dit.
ks/mw/cd/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions