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Le VIH, une question de biologie ?

Woman diagnosed with cervical cancer in Uganda World Health Organization
En Afrique, la progression du sida ne s’explique peut-être pas uniquement par les comportements sexuels des populations, selon une nouvelle étude, dont les conclusions suggèrent que les Kényanes seraient biologiquement plus exposées au virus.

Dans le cadre de cette étude, des prélèvements vaginaux ont été effectués en vue de comparer les taux de CD4 [globules blancs qui orchestrent la réaction immunitaire du système aux infections] de jeunes femmes originaires de Kisumu, au Kenya, à ceux de jeunes femmes originaires de San Francisco, en Californie.

Les chercheurs ont ainsi découvert que les échantillons prélevés sur les femmes kényanes affichaient un taux bien plus élevé de CD4 « activés » - il s’agit normalement de CD4 à l’état latent qui ont réagi à une infection dans l’organisme.

De précédentes études avaient révélé qu’un taux important de ces CD4 activés pouvait grandement contribuer à la reproduction locale du VIH, qui précède sa propagation dans l’ensemble de l’organisme. En effet, le VIH se propage en infectant les CD4, qui se multiplient pour lutter contre les infections.

Les prélèvements vaginaux des Kényanes affichaient également un taux plus faible de protéines naturelles permettant de protéger l’organisme contre l’infection par le VIH, et des taux plus élevés de CD4 dotés de récepteurs permettant au VIH de s’attacher et de se reproduire.

Les auteurs de l’étude estiment que ces résultats pourraient laisser à penser que les différences biologiques expliquent en partie pourquoi les Africaines affichent des taux de prévalence du VIH bien plus élevés que les Américaines.

L’étude, réalisée par des chercheurs de l’université de Californie, à San Francisco, et le Kenya Medical Research Institute, a été publiée dernièrement dans la revue AIDS.

Les répercussions sur l’environnement

« [Si] nous découvrons que d’autres infections [telles que les vers intestinaux] augmentent le risque de transmission du VIH... il s’agira de mettre en place  des mesures de santé publique [de base] »
L’étude ne porte pas sur les raisons de ces différences, mais à en croire les chercheurs, celles-ci pourraient être le résultat d’infections, notamment du paludisme, qui sont endémiques dans certaines régions d’Afrique et provoquent une hausse du taux de CD4 activés dans certaines parties du corps, dont l’appareil génital.

Le docteur Craig Cohen, chercheur principal, met en garde contre une généralisation des résultats de cette étude à des régions situées hors d’Afrique de l’Est ; toutefois, explique-t-il, si d’autres études, de plus grande envergure, confirmaient la véracité de la théorie selon laquelle les maladies endémiques jouent un rôle dans la transmission du VIH, cela pourrait révolutionner les efforts de prévention.

« Supposons que nous découvrions que d’autres infections [telles que les vers intestinaux] augmentent le risque de transmission du VIH », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Si c’était le cas, il s’agirait de mettre en place [en Afrique subsaharienne] des mesures de santé publique en vigueur dans des pays tels que les Etats-Unis depuis 100 ans».

Selon M. Cohen, les conclusions de l’étude ne minimisent pas l’importance de traiter les facteurs de risque connus de transmission du VIH, notamment les rapports avec des partenaires multiples et simultanés, les rapports sexuels transactionnels et l’inégalité des genres, qui empêchent les femmes de négocier des rapports sexuels moins risqués.

M. Cohen et son équipe ont soumis une demande de financement à l’Institut national de la santé des Etats-Unis, pour pouvoir mener une étude de suivi de plus grande envergure, afin de déterminer les effets des infections endémiques, notamment des parasites intestinaux et du paludisme, sur les CD4 activés dans le col de l’utérus, et leur rapport avec l’exposition au VIH. Si leur hypothèse sur le rôle de la biologie dans la transmission du VIH est confirmée par d’autres études de plus grande envergure, cela permettra de « déstigmatiser » le VIH.

« Je pense que beaucoup de gens dans le monde, des gens qui influent probablement sur les financements, pensent que le VIH est le problème des "populations pauvres d’Afrique", mais qu’en réalité, c’est "leur faute" », a dit M. Cohen à IRIN/PlusNews. Or, « la transmission du VIH pourrait s’expliquer en partie par les conditions dans lesquelles vivent les populations ».

llg/ks/he/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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