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Les conditions de vie ne s’améliorent tout simplement pas

Scavenging for food in rubbish dumps. Foto Mapfumu/IRIN
Le récent décès de Renson Gasela, secrétaire à l’Agriculture du Zimbabwe, et de deux autres hauts responsables du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) dans un accident de voiture a mis en lumière l’incapacité du pays à proposer une réponse dans les situations d’accidents, d’urgences ou de catastrophes.

Les trois hommes ont été secourus plus de huit heures après l’accident : les forces de police de la ville minière proche de Zvishavane, dans le sud-est, n’avaient pas de moyen de locomotion et les unités de pompiers n’avaient pas suffisamment de carburant pour parcourir les 25 kilomètres qui les séparaient des lieux de l’accident. Les services d’urgence ne sont arrivés sur les lieux qu’après que le secrétaire général du MDC, Welshman Ncube, ait fourni du carburant.

« Cet accident n’est qu’une simple illustration du lamentable échec du gouvernement de coalition qui n’a pas tenu ses engagements envers le peuple zimbabwéen », a dit l’analyste politique John Makumbe à IRIN, car le temps de réponse aurait probablement été moins long si de hauts responsables de la ZANU-PF – le parti qui forme le gouvernement d’unité nationale du Zimbabwe avec le MDC – avaient été victimes de l’accident.

« La vérité, c’est que ce gouvernement inclusif ne fait pas ce qu’on attend de lui et n’améliore pas la qualité de vie des Zimbabwéens. Récemment, les écoles ont ouvert leurs portes, mais une majorité d’étudiants ont été renvoyés chez eux, car leurs parents ou tuteurs n’avaient pas suffisamment d’argent pour payer les frais de scolarité. Les rayons des supermarchés sont bien achalandés, mais dans de nombreux foyers, les gens meurent de faim ».

Le gouvernement d’unité nationale– une coalition fragile qui rassemble la ZANU-PF du président Robert Mugabe, le MDC du Premier ministre Morgan Tsvangirai et une faction dissidente du MDC dirigée par le vice-Premier ministre Arthur Mutambara – n’a pas réussi à inspirer confiance depuis sa formation en février 2009.

Des services en faillite

National Railways, la compagnie nationale ferroviaire du Zimbabwe, se trouve au bord de la faillite, tout comme le Zimbabwe United Passenger Company, le service public de bus ; les ordures domestiques commencent à s’accumuler dans les zones urbaines, les municipalités ne pouvant les collecter ; Henry Madzorera, le ministre de la Santé et de la protection de l’enfance, a annoncé que 78 pour cent des postes de sage-femme étaient vacants.

La fourniture d’électricité, qui est déjà intermittente, ne devrait pas s’améliorer, le Zimbabwe prévoyant de vendre 300 mégawatts de son électricité à l’Afrique du Sud pendant la Coupe du monde organisée par la FIFA dès le mois de juin.

Barbra Mawara, jeune cadre dans une usine de la capitale, a dit à IRIN qu’elle avait renoncé à quitter le pays après la formation du gouvernement d’unité nationale, mais qu’elle y songeait à nouveau.

« Ces derniers mois, je me suis rendue compte que nos vies n’allaient certainement pas s’améliorer – le coût de la vie est devenu encore plus élevé qu’auparavant. Le présent et l’avenir sont sombres »
« Ces derniers mois, je me suis rendue compte que nos vies n’allaient certainement pas s’améliorer – le coût de la vie est devenu encore plus élevé qu’auparavant. Le présent et l’avenir sont sombres, les Zimbabwéens sont fatigués et manquent de volonté. Les responsables politiques ont oublié les Zimbabwéens pendant qu’ils se disputaient les postes », a-t-elle dit.

L’exaspération devant le manque de progrès réel gagne désormais les responsables politiques. « Le MDC est tombé entre les mains de personnes avides qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts. Nous avons lancé une campagne auprès de la population en vue des élections [qui devraient avoir lieu en 2011 ou 2012] », a dit Job Sikhala, ancien haut responsable du parti de M. Mutambara qui a quitté ce mouvement pour former le parti MDC 99. [Le MDC a été créé en 1999].

Selon lui, la politique du gouvernement de coalition n’a pas vraiment permis d’améliorer la vie de la population, M. Mugabe contrôlant toujours l’agenda national. « Mugabe garde le contrôle du gouvernement inclusif, il conduit le bus tandis que Tsvangirai joue le rôle de receveur et que Mutambara charge les bagages ; ce n’est pas comme ça que les choses vont véritablement changer ».

Le dernier exemple en date du manque apparent de respect de M. Mugabe pour ses partenaires de la coalition et l’Accord politique global, qui a ouvert la voie à la formation du gouvernement d’unité nationale, a été la nomination de George Chiweshe à la tête de la Haute Cour.

M. Chiweshe a dirigé la Commission électorale du Zimbabwe en 2008 ; selon le MDC, cette commission a assisté à des fraudes menées à grande échelle afin de s’assurer que M. Tsvangirai ne remporte pas les élections présidentielles de manière incontestable et les résultats ont été publiés un mois après le vote.

Une solution d’attente

« Le gouvernement inclusif a seulement réussi à arrêter l’hémorragie, mais il n’a pas soigné la blessure. Une certaine stabilité a été atteinte, mais aucun progrès n’a été réalisé », a dit à IRIN le journaliste politique Luke Tamborinyoka.

« Aucun progrès n’a été réalisé concernant l’audit des terres, le processus de rédaction de la constitution et l’ouverture de l’espace médiatique ; le chômage et la pauvreté sont élevés, et bien que les étagères des supermarchés soient bien achalandées, peu de personnes peuvent acheter des marchandises », a-t-il dit.

Le militant des droits de l’homme et journaliste politique Rejoice Ngwenya a dit à IRIN : « Les responsables politiques soutiennent qu’il y a peu de violences politiques et que l’on trouve des marchandises sur les étagères des supermarchés, et ce grâce au gouvernement inclusif, mais cela ne constitue pas une bonne excuse, car les politiques sont responsables de la violence et de la mauvaise situation économique ».

M. Ngwenya a ajouté : « De toute façon, la violence ne cesse d’augmenter et les gens ne peuvent toujours pas acheter de nourriture, car elle est très chère. L’incapacité à obtenir une marge de crédit afin d’améliorer les performances du gouvernement inclusif a conduit à l’affaiblissement de la coalition depuis sa formation ».

dd/go/he/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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