Le programme « Male Champions », soutenu par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), vise à inciter les hommes à s’impliquer dans la grossesse de leur partenaire, dans le district de Mberengwa, une région rurale située à environ 300 kilomètres de Harare, la capitale du Zimbabwe. Le programme fait appel à des soignants séropositifs chargés de mobiliser des hommes et leurs partenaires, afin que ceux-ci fassent un test de dépistage du VIH et aient accès aux programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME).
« Lorsque nous avons lancé le programme, la plupart des hommes étaient réticents à l’idée de se faire dépister, surtout lorsque les personnes soignantes étaient des femmes », a dit Elijah Mumba, un soignant à domicile qui travaille à l’hôpital Musumi Mission, d’où est mené le programme.
« Le problème est le suivant : compte tenu de notre socialisation, il arrive que certains hommes ne tiennent pas compte des conseils lorsqu’ils sont donnés par une femme. C’est pour cette raison que nous avons décidé de faire appel à des hommes pour parler aux hommes », a-t-il poursuivi.
« Je ne savais pas si je devais le dire à mon mari, j’ai donc gardé [mon statut] secret pendant environ deux mois » |
La peur de la stigmatisation, de la violence et du rejet des collectivités et des partenaires sont autant de raisons pour lesquelles les femmes fuient les services de PTME, selon un récent rapport intitulé Missing the Target: Failing Women, Failing Children, publié par International Treatment Preparedness Coalition, un groupe de pression international.
L’UNICEF a indiqué qu’au Zimbabwe, plus de 93 pour cent des femmes enceintes ont accès à des soins prénatals, mais que la moitié des patientes dont l’état de santé requiert des programmes de PTME en reçoit. D’après Tsitsi Singizi, la responsable de la communication de l’UNICEF, il semblerait que ce soit l’homme qui décide si une femme peut accéder aux services de PTME.
« Dans la plupart des communautés, la prise de décision relève des hommes. Ce sont eux qui décident si le statut sérologique doit être révélé et après avoir annoncé leur statut, les femmes peuvent être rejetées [par leur partenaire] », a souligné Mme Singizi.
« Bien qu’en fin de compte ils ne nourrissent pas leur [bébé], ce sont les hommes qui décident également des pratiques d’alimentation. Il est donc important que les hommes soient pris en compte et mobilisés si l’on veut qu’un programme de PTME viable soit couronné de succès », a-t-elle ajouté.
L’Organisation mondiale de la santé recommande que les mères séropositives qui sont sous traitement antirétroviral (ARV) allaitent leurs nourrissons pour une période allant jusqu’à 12 mois. Les mères qui ne suivent pas une thérapie sont, quant à elles, encouragées à nourrir leurs bébés avec des substituts de lait maternel afin de réduire les risques de transmission du VIH. Toutefois, pour de nombreuses femmes, il s’agit d’un choix difficile compte tenu de la stigmatisation liée à l’allaitement au biberon et au prix des substituts.
Selon les chiffres avancés par le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, le Zimbabwe afficherait un taux de prévalence du VIH de l’ordre de 15 pour cent. En outre, les enfants de moins de 15 ans représenteraient près de neuf pour cent du 1,3 million de personnes vivant avec le VIH.
D’homme à homme, de père à enfant
En 2008, Mernat Hove et son épouse Elizabeth ont appris qu’ils étaient tous deux séropositifs. Elizabeth fut la première à découvrir son statut après avoir été dépistée au sein de la clinique de soins prénatals locale. « Je ne savais pas si je devais le dire à mon mari, j’ai donc gardé [mon statut] secret pendant environ deux mois », a confié Elizabeth.
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Lorsque Mme Marimo et M. Mumba ont annoncé la nouvelle à M. Hove, ce dernier a quitté la maison furieux. « Au début, j’étais en colère qu’elle [Mme Marino] ait divulgué mon secret à une autre personne [M. Mumba], mais plus tard, j’ai compris que cela était en fait en ma faveur », a dit Elizabeth.
M. Mumba a suivi M. Hove et après plusieurs heures, les deux hommes étaient de retour à la maison. « Mernat avait l’air moins en colère, puis il a accepté de se faire dépister avec moi. Il a lui aussi découvert qu’il était séropositif, mais nous sommes restés ensemble », a dit Elizabeth à IRIN/PlusNews.
M. Hove a déclaré que M. Mumba lui avait expliqué le rôle important que jouaient le dépistage et les services de PTME pour la vie de son bébé. Son désir de protéger son futur enfant a poussé Mernat à se faire dépister et à soutenir son épouse. Le couple a aujourd’hui deux enfants séronégatifs, en bonne santé.
Suite à cette expérience, Mernat envisage de se joindre au programme ‘Male champions’. « Voir mes enfants en si bonne santé me procure beaucoup de plaisir. Si vous les regardez, vous ne pouvez pas croire que leurs parents sont séropositifs ».
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