« Mes parties intimes sentaient mauvais et je me demandais si c’était parce que j’étais séropositive ; je ne pouvais plus rester sans rien faire et j’en ai parlé à une infirmière qui m’a envoyé chez un médecin », a dit Mme Mworia à IRIN/plusNews.
Le frottis, l'un des tests prescrits par le médecin, a révélé à cette occasion l’existence de lésions précancéreuses. « Je ne savais même pas qu’il existait quelque chose qui s’appelait un cancer du col de l’utérus, qui peut devenir très facilement mortel, m’a-t-on appris ».
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), chaque année 2 635 Kényanes sont diagnostiquées avec un cancer du col de l’utérus, dont 2 111 décèdent de cette maladie, ce qui en fait le cancer le plus répandu parmi les femmes de ce pays. On estime qu’environ 38,8 pour cent des femmes dans la population générale sont atteintes d’une infection à papillomavirus (HPV) du col de l’utérus – une des principales causes du cancer du col de l’utérus – à un moment de leur vie.
Risque élevé, faible connaissance
Pour que l’infection HPV du col de l’utérus dégénère en cancer, il faut que certains co-facteurs soient présents, incluant le tabac, la contraception hormonale à long terme ou une co-infection par le VIH. Cependant, les professionnels de santé recommandent fortement que toutes les femmes de plus de 21 ans soient examinées pour une recherche du cancer du col de l’utérus.
« Les femmes qui sont séropositives ont un système immunitaire faible et cela les rend très sensibles au papillomavirus humain persistant qui évolue en cancer du col de l’utérus », a dit Lucy Muchiri, maître de conférence en pathologie humaine à la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université de Nairobi, et membre du Groupe de travail sur le cancer du col de l’utérus de l’Afrique subsaharienne.
« Cela prend relativement peu de temps pour que le HPV ne se développe en cancer expansif du col de l’utérus chez les femmes séropositives… Cela prendra plus de temps chez les femmes qui ne sont pas séropositives ».
Les frottis de dépistage – qui recherchent des modifications des cellules dans le col de l’utérus – sont disponibles dans la plupart des centres de santé des districts au Kenya, mais selon l’OMS, moins de six pour cent des femmes y ont accès.
« Il est affligeant que, bien que la plupart des décès liés à un cancer chez les femmes soient causés par ce cancer du col de l’utérus, ce soit celui dont on parle le moins ou qui est le moins connu par les populations, y compris les femmes » |
Selon Françis Kimani, directeur des services médicaux au ministère de la Santé, le Kenya prévoit un programme de dépistage pour une détection précoce et un traitement du cancer du col de l’utérus, ainsi qu’une campagne d’éducation largement diffusée.
Manque d’éducation
« Je pense que notre meilleure chance c’est de poursuivre l’éducation pour que les gens connaissent la maladie, et le dépistage précoce de cette maladie peut être très utile », a dit M. Kimani à IRIN/PlusNews. « Il est vrai que peu de gens – surtout dans les zones rurales – connaissent la maladie ».
Des études ont montré que le HPV est plus répandu parmi les femmes qui ont des partenaires sexuels multiples et des rapports sexuels non protégés.
« Peut être que pour le prévenir en premier lieu, il faudrait encourager dans ce cas les mêmes méthodes que celles utilisées pour combattre le VIH, comme l’utilisation de préservatifs, l’abstinence et le fait de rester fidèle à un partenaire », a suggéré Mme Muchiri.
Elle a noté que le gouvernement avait aussi besoin d’investir pour rendre le vaccin contre le HPV – qui protège contre quatre souches principales du HPV, dont deux sont responsables de 70 pour cent des cancers du col de l’utérus – largement disponible dans les hôpitaux publics.
Disponibilité du vaccin
L’organe kényan responsable de la pharmacie et des produits toxiques a approuvé la vente d’un vaccin contre le HPV dans le pays en 2007, mais sa disponibilité reste extrêmement limitée et son coût est prohibitif pour la plupart des Kényans.
« Le HPV est un virus sexuellement transmissible et avec le vaccin en place, il est important d’encourager les parents à emmener leurs jeunes filles âgées de neuf à 15 ans se faire vacciner avant le début de leur vie sexuelle », a-t-elle dit.
Une étude récente, menée par une organisation non gouvernementale locale, le Centre pour l’étude de l’adolescence, a montré que quatre jeunes filles kényanes sur 10 avaient des rapports sexuels avant l’âge de 19 ans, dont bon nombre d’entre elles dès l’âge de 12 ans.
« Une fois qu’elles deviennent sexuellement actives, il est important de les encourager à faire des frottis de dépistage ou de détection visuelle des lésions précancéreuses, mais même à ce stade la vaccination est toujours possible, tant que la personne n’a pas contracté le virus », a ajouté Mme Muchiri.
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