Selon le Conseil national de coordination des catastrophes (NDCC), plus de 453 000 personnes ont été affectées par la tempête, et environ 116 000 se sont réfugiées dans 200 centres d’évacuation.
L’appel du gouvernement survient alors que les Philippines subissent une nouvelle tempête tropicale, faisant obstacle aux interventions d’aide humanitaire.
« Je viens tout juste d’autoriser l’envoi d’un appel éclair [flash appeal] », a dit le ministre de la défense Gilberto Teodoro aux journalistes le 28 septembre, ajoutant qu’il allait adresser une lettre au Coordinateur des Nations Unies aux Philippines ce même jour.
Les Philippines sollicitent une aide économique, la fourniture d’équipements lourds et, si possible d’équipes de secours internationales pour assister les unités locales, débordées par la crise, a ajouté le ministre.
« Nous ne pouvons pas attendre. Selon nos prédictions, un nouveau délai pourrait faire en sorte que nous agissions trop tard. C’est pourquoi nous demandons l’aide de la communauté internationale », a-t-il poursuivi.
L’appel de M. Teodoro est intervenu peu après le discours de la présidente Gloria Arroyo. Celle-ci a indiqué que « cet événement extrême », qui a entraîné des précipitations deux fois plus importantes que l’ouragan Katrina, qui avait frappé la Nouvelle-Orléans il y a quatre ans, « a poussé à leurs limites nos services de secours ».
« Mais nous ne romprons pas », a poursuivi Mme Arroyo, d’un air déterminé. Des responsables de la santé ont pourtant rapporté la destruction d’environ 80 pour cent des infrastructures de santé de Manille. Plusieurs hôpitaux publics ont également dû être évacués.
Les États-Unis, la Chine, Singapour et le Japon ont annoncé le versement d’une aide de centaines de milliers de dollars, et l’armée américaine a envoyé des hélicoptères et des hommes dans les zones affectées.
Photo: FAO/UNCS/UNISYS |
Selon le NDCC, plus de 453 000 personnes ont été affectées par la tempête tropicale Ketsana, qui a balayé la région de Manille et l’île de Luzon, dans le nord du pays, le 26 septembre |
Mais avec l’est de Manille quasi entièrement recouvert d’une couche de boue de plus de 30 centimètres, les habitants sont nombreux à attendre encore les secours.
« Nous avons encore besoin d’aide. Il y a de quoi manger, [mais] pas de réchauds pour cuisiner, pas de réfrigérateurs. Ils sont trop nombreux à avoir besoin d’aide », a indiqué Marites Fernando, maire de Marikina, une banlieue est de Manille qui a été dévastée. Plus de 10 000 personnes sont entassées dans des centres d’évacuation improvisés.
« Avec tous ces gens qui n’ont encore reçu aucune aide, nous mettrons du temps à nous en remettre », a-t-elle dit à IRIN.
Dans le quartier de Bagong Silangan, situé au bord d’un cours d’eau à Quezon City, à quelques kilomètres à peine du bureau gouvernemental de protection sociale, plus de 3 000 personnes s’entassent sur un terrain de basketball couvert en attendant de l’aide.
Les survivants qui ont échappé aux inondations le 26 septembre n’ont que les vêtements qu’ils portaient à ce moment-là. Plusieurs enfants dorment directement sur le sol en ciment. Il n’y a pas de latrines, et des excréments humains jonchent la route.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde la population contre l’apparition de maladies et déclaré qu’il fallait absolument remettre en état les infrastructures de santé. « Les maladies qui se transmettent par l’eau ou la nourriture, comme la leptospirose et la diarrhée, constituent une menace à la santé des individus affectés par la tempête », a indiqué Shin Young-Soo, directeur régional de l’OMS pour le Pacifique-Ouest, basé à Manille.
« Il y a également un risque plus élevé d’infection respiratoire aiguë et d’infection de plaies ou de blessures résultant des travaux de réparation effectués après les inondations. La gestion des déchets médicaux constitue également une priorité ».
Photo: Jason Gutierrez/IRIN |
Les responsables sanitaires ont mis en garde contre l’apparition de maladies alors que les survivants s’entassent dans des centres d’évacuation, parfois au milieu des cadavres comme ici, sur un terrain de basketball couvert près de Quezon City |
Selon Bobby Santillosa, chef d’une équipe locale de secours d’urgence, la population de Bagong Silangan n’a reçu aucune aide du gouvernement ou d’organismes d’aide humanitaire. Elle a uniquement eu accès aux denrées fournies par des individus concernés par la catastrophe et des groupes privés.
« Nous attendons toujours qu’on nous distribue de la nourriture, de l’eau et des médicaments. Les secouristes sont arrivés trop tard. Certains habitants étaient déjà morts », a-t-il dit à IRIN.
Vingt-neuf personnes ont trouvé la mort dans ce quartier seulement, a-t-il ajouté. Bien que l’on ne dispose pas de statistiques à jour pour ce vaste quartier pauvre, on estime à plus de 100 le nombre de disparus.
« Je n’ai rien mangé depuis samedi et mes deux enfants non plus. Nous avons besoin de vêtements de bébé et de couvertures, et tout est recouvert de boue », a dit Evelyn Abesamis, une grand-mère de 55 ans dont la maison, faite en bois, a été emportée avec tout ce qu’ils possédaient.
« Il n’est resté que le siège des toilettes », a-t-elle ajouté en avançant péniblement dans la boue avec ses deux enfants, transportant ses deux petits-enfants, âgés de deux et trois ans.
La présidente a reconnu que l’aide du gouvernement n’était pas distribuée assez largement, mais a affirmé que des interventions massives se feraient prochainement grâce à l’aide extérieure. « Nous commençons à reconstruire les infrastructures et à aider les villageois à reconstruire leurs maisons pour que la vie reprenne son cours », a dit Mme Arroyo dans une déclaration.
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