« Je n’arrive pas à travailler si je ne suis pas sous l’emprise de la drogue », a-t-il confié à IRIN/PlusNews. « Aucune idée ne me vient à l’esprit, et je ne reconnais pas les pièces. [Avant de travailler], j’ai besoin de fumer [de la marijuana] et parfois, j’ai besoin de m’injecter de la drogue ».
Víctor, qui n’a pas souhaité révéler son patronyme, a commencé à fumer de la marijuana à l’âge de 15 ans. Il vivait alors avec son père et sa belle-mère et était victime de mauvais traitements. Ainsi, la solitude et l’isolement l’ont poussé à trouver refuge dans la drogue.
Puis il a rapidement essayé d’autres types de substances, et en 2003, il a consommé pour la première fois de l’héroïne. Depuis, il est incapable d’arrêter de consommer des drogues injectables. Avant de commencer à travailler comme mécanicien, il a vendu de nombreux biens personnels afin d’acheter de l’héroïne dans un premier temps, et de la cocaïne ensuite.
Víctor ignore son statut sérologique, mais il reconnaît devoir parfois partager des seringues avec une dizaine d’amis. « L’idéal voudrait que chacun dispose d’une seringue jetable, mais ce n’est pas facile, c’est la raison pour laquelle nous partageons [les seringues], mais je ne crois pas avoir le VIH », a-t-il dit.
« C’est dommage que la consommation de drogue ne soit pas légalisée au Mozambique. Si elle l’était, les seringues seraient facilement accessibles aux consommateurs de drogues injectables comme c’est le cas actuellement des préservatifs… »
En réalité, les pays proposant des programmes d’échange de seringues n’ont pas légalisé la consommation de la drogue, mais ils reconnaissent que les consommateurs de drogues injectables constituent une population à risque et que ces derniers doivent être pris en compte par les campagnes de prévention. Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), entre cinq et 10 pour cent des infections au VIH à travers le monde sont liées aux consommateurs de drogues injectables partageant des seringues contaminées.
« L’idéal voudrait que chacun dispose d’une seringue jetable, mais ce n’est pas facile, c’est la raison pour laquelle nous partageons les seringues » |
Le plan stratégique national de lutte contre le VIH/SIDA 2005–2009 ne reconnaît pas les consommateurs de drogues comme un groupe vulnérable et il n’existe aucune donnée officielle concernant le nombre de personnes ayant contracté le virus après avoir consommé des drogues.
Manuel Fernando Condula, coordinateur du Réseau national des organisations non gouvernementales (ONG) engagées dans la lutte contre la drogue, a indiqué que l’organisme avait élaboré des campagnes de sensibilisation au risque VIH/SIDA lié à la consommation de drogues par injection destinées aux communautés et aux écoles.
L’organisme propose également des ateliers visant à modifier les comportements des personnes toxicomanes dans certains quartiers de la capitale, comme Mafalala, Mavalane et Matutuíne, où s’achètent et se vendent les drogues.
« La responsabilité du Réseau vise à aider la population toxicomane à réduire sa consommation de drogues et à éviter que de nouveaux consommateurs ne plongent », a expliqué Manuel Fernando Condula. Nombreux sont les personnes qui ignorent les risques de contamination liés à l’échange de seringues, a-t-il poursuivi.
Get Jobs, une ONG locale engagée dans la lutte contre l’épidémie qui promeut l’éducation et aide les travailleurs du sexe à trouver d’autres emplois, a mené une étude entre 2007 et 2008, à Maputo, à Beira, la deuxième plus grande ville du pays, et à Nacala, une ville portuaire du nord, afin de déterminer les besoins et les habitudes des consommateurs de drogues.
Les résultats, qui n’ont pas encore été rendus publics, serviront à concevoir un programme destiné aux personnes toxicomanes. « Lorsque le projet sera mis en œuvre, je ne pense pas que nous y inclurons la distribution de seringues, comme le font certains pays », a souligné Hélder Manuel Massingue qui a coordonné l’étude.
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Le VIH en hausse parmi les consommateurs de drogues injectables |
Eugénia Teodoro, une psychologue clinique au service de santé mentale du ministère de la Santé, a indiqué qu’il n’y avait pas de stratégie de prévention du VIH spécifiquement élaborée pour les consommateurs de drogues injectables et que le nombre de personnes toxicomanes partageant des seringues était inconnu. Elle a ajouté que tous les consommateurs de drogues et d’alcool étaient vulnérables au VIH.
« Nous savons qu’une personne sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue peut facilement oublier d’utiliser un préservatif », a-t-elle rappelé.
Le ministère propose des séances d’information sur les conséquences de la consommation de drogues et d’alcool et prévoit de créer des centres de traitement et de réinsertion pour les personnes toxicomanes.
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