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Migration, sexe et isolement dopent le risque VIH dans l’est

Former sex workers in eastern Niger who received microcredit as part of HIV education and awareness project Phuong Tran/IRIN
Les travailleurs du sexe se rendant dans l’est du Niger, de même que l’intense circulation transfrontalière des éleveurs de bétail, des hommes d’affaire et des migrants, augmentent le risque VIH dans la région de Diffa, selon le gouvernement nigérien. Pourtant, alors que cette zone affiche le taux de prévalence du VIH le plus élevé du pays, les centres de dépistage sont en nombre insuffisant et la sensibilisation sur l’épidémie trop faible pour une population de passage, ont dit des responsables à IRIN/PlusNews.

Le taux de prévalence du VIH dans la région de Diffa est de 1,7 pour cent, selon une étude gouvernementale de 2006.

Mais le taux d’infection réel est probablement plus élevé, selon Boukar Ousmane Moktar, directeur d’un centre de santé à Bosso, le dernier poste frontière du Niger avant le Tchad. Sur les 169 tests de dépistage du VIH effectués dans son centre au cours du premier semestre 2009, 73 étaient positifs, a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Parmi eux figuraient des patients tuberculeux pour lesquels nous soupçonnions une co-infection », a dit M. Moktar. Environ neuf patients tuberculeux sur 10 ont été dépistés positifs au VIH, a-t-il ajouté.

Nana Youssey, responsable de l’organisation locale Association nationale pour la promotion de la santé publique, et formatrice pour des ONG (organisations non gouvernementale) dans le cadre du Programme VIH/SIDA multi-pays (MAP) de la Banque mondiale, a dit à IRIN/PlusNews que les enquêtes gouvernementales avaient négligé Diffa au cours des dernières années. « Dans l’enquête nationale sanitaire de 2002, Diffa n’était même pas incluse. Elle ne l’a pas été avant 2006. Nous sommes si loin ici et le terrain est tellement difficile que y accéder, même juste pour étudier le risque VIH, est en soi un énorme problème ».

Mme Youssey a expliqué qu’elle avait formé des ONG locales pour accroître la sensibilisation sur le VIH entre 2004 et fin 2008, et était actuellement en train d’évaluer l’impact de ce projet.

Former sex workers in eastern Niger- raising awareness about HIV, but still not tested
Photo: Phuong Tran/IRIN
Des micro-crédits dans le cadre d’un projet d’éducation et de sensibilisation sur le VIH
Travailleurs du sexe


A Bataoungour, un village situé à 10 kilomètres de la ville frontalière de Bosso, plusieurs femmes ont dit à IRIN/PlusNews qu’elles avaient cessé leur activité de travailleuses du sexe après avoir reçu un micro-crédit alloué par un projet financé par la Banque mondiale. Au total, sept groupes de 20 travailleuses du sexe ont chacun bénéficié d’un micro-crédit.

Bawa Ari, âgée de 33 ans et mère de quatre enfants, a dit à IRIN/PlusNews qu’elle avait commencé son activité de travailleuse du sexe en 2005, après avoir quitté son mari à qui elle avait été unie à l’âge de 12 ans. « Il ne s’est jamais occupé de moi, il ne nous nourrissait pas, ne nous habillait pas ». Tout comme d’autres travailleuses du sexe, elle a reçu de petits crédits en échange de la promesse d’abandonner son activité et de contribuer à sensibiliser d’autres travailleuses du sexe sur le risque VIH.

Mme Ari a expliqué qu’elle n’utilisait jamais de préservatifs et n’en avait jamais vu jusqu’en 2008, dans le cadre de la formation au micro-crédit et au VIH qu’elle avait reçue.

Mais lorsque IRIN/PlusNews lui a demandé, ainsi qu’aux autres femmes, si elle avait été dépistée pour le VIH, elles ont toutes répondu que non.

Madou Abbakoura, responsable de l’ONG travaillant avec les femmes, a expliqué que l’objectif de son organisation était de sortir les femmes du travail du sexe.

Le coordonnateur national de la Coordination intersectorielle de lutte contre les IST (infections sexuellement transmissibles)/VIH/SIDA, Moussa Idé, a dit à IRIN/PlusNews qu’un afflux de travailleurs du sexe dans les années 1990, fuyant des actes de répression contre la prostitution lors de l’instauration de la Charia (la loi islamique) au Nigeria voisin, s’était maintenant atténué, et qu’il y avait désormais autant de travailleurs du sexe étrangers que locaux.

M. Idé a expliqué que le gouvernement s’apprêtait à lancer en septembre une enquête nationale sur les travailleurs du sexe et les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, afin « de mieux cibler ces groupes afin de réduire significativement l’incidence de la maladie [VIH] ».

Dans l’est du Niger, il y a une demande constante de travailleurs du sexe, tout au long de l’année, a-t-il dit. « Les activités socio-économiques – agriculture, pêche, coupe de bois – font qu’on trouve [dans la région] une douzaine de nationalités différentes qui se côtoient en permanence », a-t-il dit. « Tous ces personnes qui vivent loin de leurs foyers séjournent en moyenne six mois au bord du lac [Tchad] avant de regagner leurs [foyers], seulement s’ils ont [gagné suffisamment d’argent] ».

A une centaine de kilomètres à l’ouest de Bosso, dans la capitale régionale également appelée Diffa, Mohamane Issa a dit à IRIN/PlusNews qu’il avait découvert au bout de cinq ans de mariage avec son ex-épouse – une travailleuse du sexe – qu’il avait été infecté au VIH. Il a raconté avoir perdu un enfant à cause du sida. « Il y a tellement de prostituées ici en ville », a-t-il dit. « Il n’y a pas de pression pour qu’elles se fassent dépister ».

Selon la Coordination intersectorielle de lutte contre les IST/VIH/SIDA, il y a huit centres de dépistage du VIH pour moins d’un demi million de personnes réparties dans 450 villages.

Faits

186 / ONG travaillant sur le VIH à Diffa

25 millions de dollars / Montant de la subvention du MAP de la Banque mondiale

8 900 / Nombre d’orphelins du sida au Niger

34 pour cent / Prévalence du VIH chez les travailleurs du sexe au Niger

1,7 pour cent / Prévalence du VIH dans la région de Diffa

8 / Nombre de centres de dépistage du VIH dans la région de Diffa

480 000 / Population de Diffa

Source: ONUSIDA 2006, Coordination intersectorielle de lutte contre les IST/VIH/SIDA
La transmission mère-enfant


Les résultats préliminaires d’une étude gouvernementale de 2009 sur l’infection VIH parmi les femmes enceintes à Diffa a révélé un taux de prévalence de 2,2 pour cent, mais le directeur adjoint du centre de santé de la région de Diffa, le docteur Kiari Fougou L. Aïssa, qui supervise deux programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant dans la région, a dit que toutes les mères ne se faisaient pas dépister. « La stigmatisation sur le dépistage [du VIH] est largement répandue et certaines femmes ne parviennent pas à obtenir l’accord de leur mari », a dit M. Aïssa. « Nous ne pouvons pas rompre l’harmonie familiale et ne pouvons que leur [les hommes] conseiller d’informer leurs épouses ».

Sur les 3 593 femmes venues au centre pour des consultations prénatales entre janvier et juin 2009, 672 ont été dépistées pour le VIH et 19 étaient séropositives, a dit le médecin.

M. Idé a expliqué que l’objectif de la Coordination pour Diffa était d’augmenter le taux de dépistage du VIH, d’encourager les ventes de préservatifs dans les régions isolées, de travailler plus étroitement avec les chefs traditionnels et religieux, et d’accroître l’impact de la sensibilisation sur le VIH près du lac Tchad.

pt/aj/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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