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Accélérer l’accès au traitement ARV grâce aux infirmiers

HIV ribbon in the International Women´s Summit: Women´s Leadership in HIV and Aids in Nairobi, Kenya. Allan Gichigi/IRIN
Simay Muluneh, 32 ans, habitante d’Addis Abeba, la capitale de l’Ethiopie, se demandera toujours ce qui aurait pu se passer. Son mari est mort de complications liées au sida il y a 10 ans, et un an après sa mort, en faisant une demande de visa pour aller travailler au Liban, elle a découvert qu’elle était elle aussi séropositive.

En 2002, elle a appris que son plus jeune fils, âgé de seulement deux mois, était également contaminé. Elle a en vain tenté d’obtenir un traitement pour son bébé, mais en quelques semaines, ce dernier a attrapé une pneumonie et en est mort.

Un an plus tard, les hôpitaux publics d’Ethiopie ont commencé à proposer des traitements antirétroviraux (ARV), qui permettent de prolonger la vie des personnes infectées au VIH. Entre 2003 et 2005, le pays a commencé à recevoir des aides du Plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida, ainsi que d’autres donateurs, et les médicaments ont pu être distribués gratuitement.

« Mon mari est mort, mon fils est mort », a dit Mme Muluneh à IRIN/PlusNews. « Si les gens qui donnent les traitements aujourd’hui les avaient donnés il y a plusieurs années, ma vie aurait pu être tellement différente ».

Sur 1,1 million d’Ethiopiens vivant avec le VIH/SIDA, environ un tiers a besoin de traitements ARV, mais seulement 120 000 y ont accès. L’Ethiopie espère que ce chiffre pourra plus que doubler, afin d’atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement, à savoir que 80 pour cent des patients éligibles aux traitements ARV y aient accès d’ici 2010.

Cet objectif est ambitieux. En Ethiopie, la moitié des enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition chronique, et près de 40 pour cent des 85 millions d’habitants du pays vivent au-dessous du seuil de pauvreté. En outre, le plus difficile sera de former et de garder suffisamment de médecins pour que les traitements puissent être administrés, de faire en sorte que les 80 pour cent de la population vivant en zone rurale aient accès aux services de santé, et de rendre le programme ARV autosuffisant sur le plan financier, en prévision d’un éventuel tarissement des sources de financements.

« En Ethiopie, le programme VIH/SIDA n’en est qu’au premier stade de son développement », a déclaré Abeje Zegeye, conseiller en santé publique auprès du programme VIH/SIDA de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) en Ethiopie. « Il y a beaucoup de chemin à parcourir avant que l’accès aux traitements puisse être élargi ».

Objectif : l’autosuffisance

Une grande partie des efforts du pays en matière de lutte contre le sida a été financée par les dons. Le coût mensuel d’un traitement ARV est de 14 dollars par patient : une somme dérisoire selon les références occidentales, mais énorme dans un pays où le revenu annuel par habitant est de 220 dollars seulement. En 2009, les Etats-Unis donneront à eux seuls plus de 350 millions de dollars aux programmes de lutte contre le sida, et financeront les salaires de 1 600 spécialistes rattachés au ministère de la Santé.

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Environ un tiers des revenus du gouvernement provient des aides et des prêts internationaux, qui risquent de diminuer en raison de la conjoncture économique actuelle, selon l’Association éthiopienne d’économie.

« Ce programme coûte très cher », a commenté Yilbeltal Assefa, directeur des services médicaux au ministère éthiopien de la Santé. « C’est très difficile pour le gouvernement de prendre le relais, donc les donateurs devraient continuer à apporter leur soutien pendant un moment encore ».

Cependant, le problème le plus urgent ne concerne pas les financements, mais le manque de médecins. Le docteur Aster Shewaamre, qui supervise le centre ARV de l’hôpital de Zewditu, à Addis Abeba, où 5 000 patients infectés au VIH/SIDA reçoivent des traitements, ne gagne que 270 dollars par mois.

Du fait du bas niveau des salaires et des conditions de travail difficiles, de nombreux professionnels de la santé cherchent à exercer à l’étranger, dans des pays où ils gagnent mieux leur vie. M. Assefa a affirmé que pour atteindre d’ici 2010 l’objectif d’accès quasi-universel aux ARV fixé par les Nations Unies, les programmes ARV devraient mobiliser 80 pour cent des 2 000 médecins du pays.

Cependant, le gouvernement a habilité les infirmiers à prescrire et assurer le suivi des thérapies ARV, ce qui permettra d’élargir l’accès aux traitements, en particulier dans les zones rurales, où les médecins sont peu nombreux.

Transfert des tâches

« Ce n’est pas la peine d’attendre que les gens meurent par manque de médecins », a déclaré M. Assefa. « Nous transférons les tâches des médecins vers les infirmiers ; le programme ART [thérapie antirétrovirale] d’Ethiopie repose désormais essentiellement sur les infirmiers ».

Le taux de prévalence du VIH/SIDA en Ethiopie – 2,3 pour cent de la population adulte – est bas par rapport aux autres pays africains, et il tombe en outre à moins de un pour cent dans les zones rurales, mais il pourrait augmenter rapidement, car l’Ethiopie développe ses routes et ses infrastructures, les étendant aux régions les plus reculées.

« Dans toutes les zones rurales, les gens connaissent au moins une ou deux méthodes de prévention », a affirmé M. Zegeye, de l’USAID. « Le problème, c’est qu’ils n’ont pas accès aux traitements ».

Une grande partie de la population rurale, qui s’élève à 64 millions d’habitants, est prise en charge par les 24 000 postes d’extension sanitaire installés dans les villages, où travaillent des étudiants n’ayant reçu qu’un an de formation médicale. Le personnel de ces postes d’extension sanitaire apporte une assistance pour les accouchements, s’occupe des questions d’assainissement, et est habilité à prescrire des médicaments antipaludéens, mais pas à administrer des traitements ARV. « Pour atteindre l’accès universel, il faudrait que l’on puisse les utiliser », a observé M. Zegeye.

Le gouvernement a opté pour une autre solution : il espère parvenir, d’ici trois ans, à faire passer de 400 à 1 300 le nombre de cliniques où travaillent des infirmiers et des médecins formés à administrer les traitements, avec l’aide du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Si Mme Muluneh est encore là pour regretter son mari et son fils défunts, elle le doit au programme ARV de l’hôpital de Zewditu, où elle travaille aujourd’hui comme conseillère, encourageant d’autres patients atteints du VIH/SIDA à suivre le traitement qui leur a été prescrit.

« Je ne crois pas que je mourrai du sida », a-t-elle déclaré. « Je mourrai un jour, comme tout le monde, mais pas du sida ».

jm/kr/kn/he/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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