« Nous avons travaillé pour [obtenir] davantage de fonds pour le sida, mais je dirais que nous n’avons pas fait assez pour nous assurer que nous avons moins de sida pour cet argent », a dit le docteur Stefano Bertozzi, de l’Institut national de la santé publique au Mexique.
Il a souligné qu’en dépit de la remarquable augmentation des ressources disponibles pour le VIH/SIDA – une somme record de 13 milliards de dollars a été allouée en 2008 -, il y avait eu peu de tentatives pour évaluer la rentabilité des interventions.
L’augmentation non négligeable des financements a permis à quatre millions de personnes d’accéder au traitement antirétroviral (ARV) dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, mais 25 années de dépenses dans la prévention du VIH n’ont pas réussi à réduire de manière significative le nombre de nouvelles infections, avec, chaque jour, deux personnes nouvellement infectées pour une personne mise sous traitement.
M. Bertozzi a estimé que la communauté de lutte contre le sida devait développer des stratégies pour pallier la diminution des financements, mais devait aussi améliorer l’efficacité des dépenses sur le sida pour parvenir à des résultats similaires, ou même meilleurs, en termes de santé, avec potentiellement moins de moyens.
Choisir les interventions de manière plus stratégique pourrait aider. « Nous devons arrêter de mettre en œuvre de larges programmes sans évaluer leur efficacité », a-t-il dit, mentionnant les programmes en faveur de l’abstinence comme un exemple d’une approche qui ne s’était pas suffisamment prouvée efficace pour la soutenir.
Des programmes ciblés et bien gérés, visant les populations les plus vulnérables, comme les travailleurs du sexe ou les consommateurs de drogues injectables, sont les plus rentables, tout comme les programmes qui intègrent aux services VIH d’autres questions de santé, comme la tuberculose.
« Nous n’avons pas fait assez pour nous assurer que nous avons moins de sida pour cet argent » |
« Des milliards de dollars sont en jeu, et des millions de vies », a prévenu James Kahn, de l’Université de Californie, à San Francisco, aux Etats-Unis. M. Kahn a présenté plusieurs intervenants, qui ont évalué la rentabilité de différentes interventions sur le VIH, et a noté que les bailleurs de fonds et les responsables de la mise en œuvre des programmes devaient s’assurer de la capacité des pays à dépenser les fonds, de même que de la rentabilité des différentes options de traitement et de prévention.
Au Lesotho, un pays qui affiche un taux de prévalence du VIH de 23 pour cent et est confronté à des obstacles majeurs dans l’élargissement de sa couverture ARV, 65 pour cent des financements du VIH/SIDA proviennent de bailleurs de fonds internationaux.
Une évaluation menée par Regien Biesma, du Royal college of surgeons en Irlande, a révélé que les dépenses des bailleurs de fonds avaient permis de répondre à des problèmes comme le manque d’équipement, de médicaments et d’infrastructures, mais avaient peu fait pour faire tomber les barrières qui empêchaient l’élargissement des programmes de traitement, comme la trop forte centralisation du système de santé et le manque de capacités de gestion pour mettre en œuvre les politiques. Les bailleurs de fonds ont aussi échoué à harmoniser leurs efforts, ou à renforcer le gouvernement pour lui permettre de définir ses propres priorités.
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