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Faire le « test de l’amour »

Love in a time of AIDS. IRIN
The idea that women will be able to use microbicide gels without their partner's knowledge, may not be realistic
Dans le petit royaume du Swaziland, une nouvelle campagne vise à inciter les couples à aller ensemble faire un test de dépistage du VIH, ou « test de l’amour » - un acte par lequel deux partenaires intimes témoignent de leur attachement mutuel.

Si cette nouvelle initiative menée par Population Services International (PSI), une organisation non gouvernementale (ONG) spécialisée dans le marketing social, porte ses fruits, les changements de comportement tant attendus par les groupes de santé pourraient survenir.

Inciter les personnes à faire un test de dépistage est un défi de taille. En effet, selon les chiffres avancés par le gouvernement, au Swaziland, seul un individu sur cinq connaît son statut sérologique.

« Lorsque les deux partenaires sont sensibilisés en même temps aux risques du VIH, ils ont tendance à mener conjointement des efforts afin de changer leur comportement, en utilisant par exemple des préservatifs », a déclaré Sam Vilakati, un agent chargé du conseil et du dépistage à Mbabane, la capitale.

« Encourager les individus à adopter des comportements sexuels responsables a toujours été le ‘Graal’ des campagnes de lutte contre le sida au Swaziland. Cette quête est davantage susceptible d’aboutir si les partenaires sont informés et impliqués de la même manière », a-t-il souligné.

Sam Vilakati figure parmi les milliers de professionnels de la santé au Swaziland qui ont observé les initiatives de lutte contre le VIH/SIDA aller et venir sans parvenir à faire chuter un taux de prévalence élevé. En effet, près d’un quart de la population adulte sexuellement active est porteuse du virus.

La solution proposée par le « test de l’amour » semble simple, mais elle requiert des manoeuvres prudentes dans le champ miné des changements de comportement.

« Nous étions confrontés à des problèmes lorsque les individus se faisaient dépister seuls – ils recevaient des conseils et tous les renseignements nécessaires pour vivre avec le VIH », a dit Sipho Dlamini, gestionnaire au sein de PSI Swaziland.

« Mais lorsqu’ils rentraient chez eux, leurs partenaires, quant à eux, n’avaient pas reçu de conseils et lorsqu’ils apprenaient la nouvelle, ils réagissaient avec peur et rejet. De tels comportements incitaient de nombreuses personnes à cacher leur séropositivité à leurs partenaires et cela a aidé à alimenter la propagation du virus », a-t-il poursuivi.

Toutefois, dans le cadre du projet « test de l’amour », les couples agissent ensemble.

« Après le dépistage, les couples participent immédiatement et ensemble à une séance de conseils, où on leur présente une stratégie pour réduire les risques, ainsi qu’une stratégie pour vivre positivement », a expliqué Sipho Dlamini.

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Le ministère de la Santé, le Comité national d’intervention d’urgence en matière de VIH/SIDA, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Programme commun des Nations Unies sur le sida (ONUSIDA) sont tous partenaires de l’initiative, qui allie sensibilisation publique et dépistage clinique et conseils.

PSI a fait appel aux services d’agences de publicité de renom afin d’attirer l’attention du public et propose des campagnes publicitaires accrocheuses. Ainsi, des individus et leurs partenaires se rendent dans les neuf cliniques de PSI, qui sont principalement situées dans des régions urbaines et périurbaines, ainsi que dans des cliniques privées et publiques.

« Souvent, les couples ne font pas un test de dépistage ensemble. Et 65 pour cent des personnes s’étant fait dépister sont des femmes et seulement 35 pour cent sont des hommes. Avant le lancement de la campagne ‘test de l’amour’, seuls deux pour cent des personnes dépistées avaient subi un test avec leur partenaire », a poursuivi M. Dlamini.

Dominique Neil, conseiller technique média pour PSI Swaziland, a expliqué que le nom « test de l’amour » avait été choisi, car il fait référence au dévouement et au respect mutuels. Toutefois, dans une société patriarcale comme celle du Swaziland, où l’égalité des sexes est une notion nouvelle et souvent méprisée par les traditionalistes, une telle démarche peut susciter la controverse.

« Sur notre affiche figure le dessin d’un homme agenouillé devant une femme, comme s’il la demandait en mariage. Certains de nos partenaires swazis étaient inquiets et nous ont demandé : ‘Pourquoi cet homme swazi est-il agenouillé devant une femme?’ Nous prévoyons que 40 pour cent des personnes dépistées fassent le test avec leur partenaire. Si nous atteignons cet objectif, alors notre stratégie aura porté ses fruits », a noté M. Dlamini.

« Nous avons commencé [à proposer des tests de dépistage] au mois d’avril, après avoir mené des campagnes de sensibilisation régionale dans quatre régions du Swaziland. [Au total], le nombre de personnes dépistées a doublé en avril et en mai et le nombre de couples dépistés a, quant à lui, triplé », a précisé Dominique Neil.

PSI est présent dans toute l’Afrique australe et d’autres pays observent l’initiative avec intérêt.

« L’initiative a fait sensation auprès de tous nos partenaires dans la région [d’Afrique australe]. Ces derniers pensent l’adapter à leur pays », a ajouté M. Dlamini.

Les équipes d’IRIN/PlusNews se sont entretenues avec Janice et Sipho, un couple qui attendait de faire le « test de l’amour », dans une clinique à Mbabane. Bien qu’ils aient reconnu être inquiets à l’idée d’apprendre un éventuel résultat positif, ils se sont dits convaincus d’avoir pris la bonne décision.

« Nous savons que nous devons nous faire dépister, comme tout le monde », a déclaré Janice. « J’avais peur tout comme Sipho, les choses seront plus faciles si nous faisons le test ensemble. »

jh/kn/he/cd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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