Mme Omulo a découvert qu’elle était séropositive au cours d’une consultation anténatale, avant la naissance de son cinquième enfant. Elle s’est vu administrer des médicaments destinés à empêcher la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME) et a accouché à l’hôpital ; puis, elle est rentrée chez elle. « Quand les tests ont révélé que j’étais séropositive, j’ai eu peur de le dire à mon mari, ou même à ma belle-mère, parce que je ne savais pas ce qu’ils pourraient me faire », a déclaré Mme Omulo à IRIN/PlusNews.
« Ils se sont mis à faire pression pour que je commence à donner d’autres aliments à mon enfant, à trois mois seulement, comme le dicte la tradition, et je ne pouvais rien y faire ... J’ai eu peur de leur dire pourquoi l’enfant ne pouvait être qu’allaité, alors j’ai commencé à lui donner de la purée de pommes de terre et de la bouillie ».
L’Organisation mondiale de la santé recommande aux mères séropositives de nourrir leurs bébés exclusivement au sein pendant les six premiers mois pour augmenter leurs chances de survie dans les cas où une alimentation de substitution est inacceptable ou financièrement impossible. Plusieurs études ont en effet montré que l’arrêt précoce de l’allaitement augmentait le risque de mortalité des nourrissons exposés au VIH.
« Lorsque j’ai emmené le bébé à l’hôpital pour un deuxième test après quelques mois, les résultats étaient positifs, mais j’ai continué à mentir, en disant que j’avais suivi les instructions des infirmières ».
Selon Elizabeth Achola, coordinatrice du programme de PTME du Maseno Mission Hospital, le déni et la non-divulgation du statut VIH au conjoint et à la famille comptent parmi les principaux obstacles aux efforts déployés par l’hôpital pour protéger les enfants du VIH.
« La plupart des mères qui viennent ici pour des consultations anténatales sont très réticentes à dévoiler leur statut à leurs maris », a-t-elle déclaré. « D’ailleurs, la plupart préfèrent venir avec d’autres membres de leur famille qu’avec leur mari ». Quand les infirmières ont demandé à Mme Omulo de venir à ses séances de soutien psychologique accompagnée d’un parent, elle est venue avec sa sœur, qui a gardé le secret.
« Celles qui ont choisi le lait maternisé sont contraintes d’allaiter lorsqu’elles rentrent chez elles, et celles qui ont choisi de nourrir leurs bébés exclusivement au sein sont obligées de les sevrer quand c’est encore dangereux pour eux de le faire », a expliqué Mme Achola. En outre, il est difficile d’aider psychologiquement ces mères car rares sont celles qui admettent avoir fait fi des bonnes pratiques d’alimentation.
En raison des pratiques culturelles relatives à l’alimentation des nourrissons, et de leur peur de la stigmatisation, de nombreuses femmes préfèrent risquer d’infecter leurs enfants, plutôt que faire face aux retombées d’une possible découverte de leur statut VIH.
La sensibilisation des communautés est essentielle pour éradiquer la stigmatisation et créer un environnement sûr, afin que les femmes puissent protéger leurs enfants du virus. « Si l’on ne s’attaque pas à ce problème [l’alimentation inadaptée des nourrissons] cela pourrait anéantir les progrès déjà accomplis en matière de prévention de la transmission chez le nourrisson, en particulier dans les régions rurales, où les croyances traditionnelles et la stigmatisation ont encore beaucoup de poids », selon Mme Achola.
Aujourd’hui, le service de contrôle du sida de l’université de Maseno et le Maseno Mission Hospital ont créé un club où les mères séropositives peuvent se rencontrer, échanger leurs expériences et se soutenir mutuellement dans leurs efforts, à mesure qu’elles tentent de protéger leurs enfants du VIH.
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