Le 10 mars, le général Edmond Rasolofomahandry, chef d’état-major de l’armée malgache, a déclaré que les forces armées resteraient neutres et qu’elles agiraient dans l’intérêt de l’union nationale ; cette déclaration faisait suite à la mutinerie d’un groupe de soldats, survenue le 8 mars, dans une grande base militaire d’Antananarivo, la capitale.
Les soldats avaient annoncé qu’ils ne respecteraient plus les ordres du gouvernement, et avaient bloqué l’accès au camp. Le 11 mars, les militaires mutins ont annoncé avoir désigné le colonel André Andriarijaona, leur chef, pour remplacer M. Rasolofomahandry à la tête de l'armée.
Le 10 mars, le président Marc Ravalomanana a présenté des excuses publiques, reconnaissant avoir commis des erreurs au cours de son mandat.
« Je m’adresse à vous du fond du cœur. S’il y a eu des erreurs, j’en suis désolé », a ainsi déclaré M. Ravalomanana. « J’en suis tout à fait désolé, mais je vous promets de faire de mon mieux pour assurer la réussite de la conférence nationale et pour l’union nationale ».
M. Ravalomanana a été la cible d’une campagne populaire menée par Andry Rajoelina, le leader de l’opposition et maire déchu de la capitale Antananarivo, qui accuse le président, élu à deux reprises, de dérive anti-démocratique, et exige sa démission. Plus d’une centaine de personnes ont trouvé la mort au cours des manifestations, doublées de pillages, qui ont commencé en janvier à Antananarivo.
M. Ravalomanana a dit comprendre la frustration et la colère de ceux qui ne le soutiennent pas, et affirmé que la crise politique malgache devait être résolue. « La conférence nationale sera un événement majeur pour permettre de stabiliser le pays », a-t-il estimé.
Photo: IRIN |
Manifestations anti-gouvernementales dans le centre de la capitale (photo d'archives) |
La conférence doit permettre d’offrir aux deux hommes au cœur de l’impasse politique (MM. Ravalomanana et Rajoelina) une occasion d’assouplir leurs positions, jusqu’ici inflexibles, sans perdre la face.
« Cette conférence doit permettre de trouver un moyen de mettre en place des solutions politiques, économiques et sociales à long terme », selon Rodney Ford, directeur de communication à l’ambassade américaine.
Pour certains analystes, soutenir les institutions démocratiques est la seule solution. « C’est la seule façon de trouver une solution, et de donner aux gens d’ici la chance de résoudre la crise politique eux-mêmes », a déclaré un analyste, sous couvert de l’anonymat.
Mais sur le terrain, à Antananarivo, la situation ne semble guère s’améliorer. L’annonce de la protection accordée par la communauté internationale à M. Rajoelina a provoqué la colère des partisans du gouvernement en place. Ils accusent la France, ancienne puissance coloniale à Madagascar et qui a hébergé M. Rajoelina à la demande de la communauté internationale, de s’immiscer dans les affaires politiques du pays.
Des échauffourées ont eu lieu de nouveau le 10 mars entre les partisans de l’opposition et ceux du président, alors qu’un groupe pro-Ravalomanana tentait de manifester devant l’ambassade de France.
Les tensions sont également de plus en plus vives au sein des forces de sécurité. Mamy Ranaivonarivo, ministre de la Défense, a annoncé sa démission le 10 mars ; plus tard, le jour même, il a fait une nouvelle apparition pour revenir sur ses déclarations.
Des sources au sein du gouvernement ont expliqué que le ministre avait été contraint de démissionner par des éléments de l’armée qui refusaient de continuer à respecter les ordres du gouvernement, pour protester contre les méthodes employées par les autorités pour mettre fin aux manifestations de l’opposition. M. Ranaivonarivo est le second ministre de la Défense à avoir démissionné en un mois.
Tandis que les pillages se poursuivent dans les rues d’Antananarivo, et que la situation de sécurité s’aggrave, les organisations non-gouvernementales (ONG) se préparent à faire face à une crise humanitaire potentielle. Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies a déployé ses opérations de distribution alimentaire dans le pays.
« La demande en aide nutritionnelle a augmenté depuis le début de la crise », a indiqué à IRIN Krystyna Bednarska, directrice du PAM à Madagascar. « Les problèmes empêchent les gens de travailler. Beaucoup ont perdu leur emploi et ce sont les plus vulnérables qui sont touchés ».
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