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Les commerçants chinois encouragés à vendre des préservatifs

Chinese shop in Cape Verde that has agreed to sell condoms Alex Alper/IRIN
Bien que les jeunes Capverdiens sexuellement actifs sachent où trouver des préservatifs gratuits, plus de 30 pour cent d’entre eux ne les utilisent pas, d’après une étude gouvernementale menée en 2006. Des volontaires du Corps de la paix américain, en collaboration avec une organisation non gouvernementale locale, ont recruté des gens, suffisamment proches des jeunes pour pouvoir leur vendre des préservatifs mais assez éloignés d’eux pour ne pas le divulguer : les commerçants chinois.

Lors d’une enquête nationale menée par les volontaires, 25 pour cent des 424 jeunes participants ont répondu qu’ils ne profitaient pas des préservatifs gratuits mis à leur disposition à cause de la « gêne » à aller en chercher. L’enquêtrice Alex Alper a expliqué à IRIN/PlusNews que son équipe espérait que la solution puisse se trouver tout près – dans le quartier des petits commerces chinois.

Mme Alper a expliqué que ces boutiques offraient davantage d’anonymat que les centres de santé publics, où les préservatifs gratuits sont disponibles. « La communauté chinoise au Cap Vert a des relations purement commerciales avec les populations locales. Leurs commerces sont partout, mais les Chinois sont socialement séparés ».

Comme la communauté chinoise au Cap Vert a beaucoup augmenté à la fin des années 90, les chercheurs connaissent les lieux où ses petits commerces vendant des produits d’importation bon marché se sont progressivement établis, principalement dans les îles de Santiago et São Vicente.

En février 2009, il y avait environ 300 commerces chinois, selon l’ambassade de Chine au Cap Vert. Des responsables de l’ambassade ont dit à IRIN que plus de la moitié des quelque 1 500 résidents chinois dans les îles de l’archipel travaillaient dans les petits commerces. 

Convaincre

Les enquêteurs du projet pilote, d’une durée de quatre mois, ont recensé 15 commerces chinois dans la ville de Ribeira Grande, qui compte quelque 20 000 habitants, sur l’île de Santo Antão. Cette communauté a été choisie parce que 69 des 117 jeunes habitants de la ville interrogés ont dit approuver la vente de préservatifs dans les commerces chinois, tandis que 31 se sont prononcés contre.

Un tiers des jeunes enquêtés à l’échelle nationale ayant désapprouvé l’idée a indiqué comme première raison de son choix « la mauvaise qualité des produits chinois ».

Les responsables du projet ont d’abord pensé que le plus difficile serait donc de convaincre les jeunes de la qualité des préservatifs vendus, et de les amener à les acheter alors qu’ils étaient disponibles gratuitement dans les centres de santé, a raconté Mme Alper. Plus de 6 000 préservatifs sont distribués dans les centres de santé chaque mois à Ribeira Grande, d’après les autorités.

Mais ce sont en fait les commerçants chinois qu’il a d’abord fallu réussir à convaincre.

« D’abord nous leur avons envoyé des lettres en portugais, expliquant l’idée de la vente de préservatifs. Pas de réponse. Ensuite une traduction en chinois de la lettre. Toujours pas de réponse », a-t-elle raconté. « L’organisation non lucrative [locale] VerdeFam a organisé une formation. Personne n’est venu. Finalement, nous avons juste fait du porte-à-porte pour les convaincre [les commerçants] qu’il s’agissait d’une bonne décision commerciale ».

Shop owner Qing Guo Shen who agreed in January 2009 to add condoms to his store inventory, packets of three for 10 US cents
Photo: Alex Alper/IRIN
Qing Guo Shen a accepté d'ajouter des préservatifs à la liste des articles disponibles dans sa boutique
Sept commerçants ont donné leur accord. Ils gardent la moitié du prix de vente du préservatif, tandis que VerdeFam récupère les 0,05 dollar restants, selon Mme Alper.

Qing Guo Shen, un commerçant âgé de 30 ans, a expliqué à IRIN/PlusNews qu’il était indécis au départ parce qu’il ne voulait pas s’engager à stocker des préservatifs s’il devait les payer en avance et prendre le risque de ne pas les vendre.

Mais depuis le 20 janvier, M. Shen a ajouté à son étal des paquets de trois préservatifs subventionnés, vendus à 0,10 dollar, au même titre que des stylos et des sandales, des tuniques ou des jouets. Interrogé sur les motifs de son revirement, il a dit : « je voulais aider quelqu’un ».

Mme Alper a expliqué que les commerçants avaient répondu de manière favorable quand ils avaient appris qu’ils pouvaient rendre les préservatifs non vendus n’importe quand et sans frais.

Le risque VIH

En décembre 2007, le Cap Vert affichait un taux de prévalence du VIH de moins de un pour cent, mais le responsable du Comité national de coordination de la lutte contre le sida a dit à IRIN/PlusNews qu’il craignait que les infections soient en hausse.

« Nous avons donné beaucoup d’importance à la prévention pour garder les taux à des niveaux faibles. Mais nous sommes dans un pays qui s’ouvre de plus en plus », a dit José Antonio Dos Reis, secrétaire exécutif du Comité. « Nous sommes au carrefour du tourisme, de l’immigration et des comportements à risque ».

Le responsable du Comité a noté qu’un nombre élevé de Capverdiens reconnaissaient avoir des partenaires sexuels multiples – 40 pour cent chez les femmes et 69 chez cent pour les hommes, selon une étude gouvernementale menée en 2005.

Mme Alper a dit à IRIN/PlusNews qu’il était encore trop tôt pour savoir quel impact, s’il y en avait un, aurait la vente de préservatifs au coin de la rue sur son utilisation. « Nous ne savons pas si les gens accordent assez d’importance à la discrétion pour être prêts à payer pour des préservatifs. Et même si les commerces chinois offrent relativement plus d’anonymat que les centres de santé, il reste toujours les employés capverdiens travaillant dans ces boutiques ».

Pour M. Shen, il est trop tôt aussi pour savoir si ce nouvel article sera rentable. « Jusqu’à maintenant, seuls des hommes ont acheté des préservatifs. Les ventes varient au cours de la semaine. Attendons de voir ».

pt/np/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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