M. Sidibé s’est défini lui-même comme un « incorrigible optimiste » et s’est engagé à faire de l’accès universel aux services VIH/SIDA une priorité. Son objectif est d’éviter 2,6 millions de nouvelles infections et de sauver 1,3 million de vies d’ici la fin 2010. Il a aussi assigné à son agence la tâche de s’assurer que 70 millions de femmes seraient dépistées au VIH et que sept millions d’orphelins recevraient une assistance.
« Nous ne pouvons pas transformer l’épidémie si nous ne produisons pas de résultats, si nous ne nous assurons pas que les femmes et les enfants sont au centre de nos préoccupations », a-t-il dit, lors d’une visite à la clinique Ubuntu dans le quartier pauvre de Khayelitsha, dans la ville du Cap. M. Sidibé a aussi souligné la nécessité de considérer le VIH et la tuberculose comme une double épidémie.
Il a estimé l’investissement nécessaire pour atteindre ces objectifs à 25 milliards de dollars. « Nous ne pouvons pas laisser la crise économique nous paralyser », a-t-il dit, reconnaissant les difficultés à mobiliser des financements dans le contexte actuel de crise économique mondiale.
« Les [efforts] de stimulation [de l’économie] et les ajustements économiques doivent être faits en gardant à l’esprit un visage humain. Le monde a une responsabilité politique pour stabiliser la chute des marchés, mais [il a aussi] la responsabilité morale et sociale [de s’assurer] que les quatre millions de personnes sous traitement continueront à en avoir, que six millions d’autres y auront accès, et que nous ne briserons pas les espoirs de 12 millions d’orphelins ».
Interrogé sur la provenance des financements, M. Sidibé a souligné que 14 milliards de dollars étaient déjà disponibles au niveau des ressources nationales, et a insisté sur l’importance de considérer ces dépenses comme un investissement dans les populations.
« [Cet investissement] nous aidera à renforcer nos systèmes de gouvernement, à construire des sociétés démocratiques, à réformer nos lois, et à nous assurer qu’il y a des gens en bonne santé pour pouvoir continuer à travailler et à produire ».
Il a révélé une stratégie en trois volets destinée à atteindre son but d’une « transition du sida », dans laquelle le nombre d’infections serait inférieur au nombre de personnes sous traitement : construire un mouvement social autour de la prévention ; s’attaquer aux causes sous-jacentes du VIH, comme la position des femmes dans la société, la violence sexuelle et les partenaires multiples ; et une recherche continue sur les moyens de prévention comme les microbicides, les vaccins et les prophylactiques post-exposition, entre autres.
S’adressant à une foule bouillonnante composée de responsables communautaires et politiques, de membres d’organisations de lutte contre le sida, de travailleurs de la santé et de membres de la communauté, M. Sidibé a salué le rôle du quartier de Khayelitsha comme étant un exemple de bonne pratique dans la lutte contre l’épidémie.
« Khayelitsha a su montrer avant tout le monde que l’accès universel [au traitement antirétroviral, ARV] était possible, que l’accès universel n’était pas un rêve. Vous avez réussi à mettre un terme à cette guerre entre le sida et la santé, à rompre la conspiration du silence et à construire l’un des plus larges mouvements sociaux ayant amené tout le monde [à travailler] ensemble et à fournir des ressources à notre lutte ».
L’organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) a commencé à distribuer gratuitement des ARV à Khayelitsha en 2001, lorsque l’approvisionnement des centres de santé publics en médicaments contre le sida était encore illégal, le gouvernement estimant que l’élargissement de l’accès à ces traitements était trop complexe et trop cher à mettre en place.
M. Sidibé a exprimé l’espoir que sous sa direction, l’ONUSIDA devienne « la voix des sans-voix », une aspiration illustrée par le choix de Khayelitsha comme le lieu où il a prononcé son premier discours lors de sa visite en Afrique du Sud.
Il a proposé une autre orientation pour l’ONUSIDA, qui consisterait à transférer la réponse à l’épidémie de sida aux communautés et aux pays, « afin que chaque communauté et nation se l’approprie ».
Enfin, il s’est engagé à mobiliser l’ONUSIDA pour continuer à lutter contre la criminalisation du VIH, et à « travailler pour protéger les personnes qui sont exclues – homosexuels, travailleurs du sexe, utilisateurs de drogues – et pour celles qui n’ont pas accès à l’information et aux services ».
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