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« Tout n’est que misère, mort et souffrance »

A child lies unattended in the Intensive Care Unit at Harare Central Hospital. A work boycott by doctors and nurses has left the few remaining staff overwhelmed IRIN
Pour Tongai Chinamano*, 35 ans, habitant de Hopley Farm dans la banlieue de la capitale zimbabwéenne, Harare, être séropositif dans son pays équivaut à être condamné à mort.

Un sarcome de Kaposi – un type de cancer de la peau répandu chez les personnes vivant avec le VIH - a été diagnostiqué chez M. Chinamano en juin 2008. Le médecin qui s’est occupé de lui lui a recommandé de démarrer immédiatement une radiothérapie pour traiter les lésions étendues et douloureuses qu’il porte sur les jambes, mais il n’a toujours pas reçu de traitement.

Peu de temps après avoir été diagnostiqué, M. Chinamano s’est rendu à l’hôpital Parirenyatwa – l’un des principaux hôpitaux nationaux de référence, également le seul hôpital public du pays à proposer la radiothérapie – simplement pour s’entendre dire que les 18 machines de radiothérapie de l’hôpital étaient toutes en panne.

Pendant trois mois, il est retourné à l’hôpital chaque semaine, mais les machines n’étaient toujours pas réparées.

« J’ai dépensé beaucoup d’argent en transport pour me rendre à Parirenyatwa avec l’espoir qu’un jour, on m’annoncerait une bonne nouvelle », a dit M. Chinamano à IRIN/PlusNews. « Le cancer ronge ma jambe petit à petit, et la douleur est insupportable ».

En octobre, M. Chinamano était devenu incapable de marcher sans béquille. Désespéré, il s’est rendu une fois de plus à l’hôpital Parirenyatwa. Cette fois-ci, on lui a dit que bien qu’une des machines ait été réparée, il n’y avait personne pour la faire fonctionner puisque les médecins et les infirmiers étaient en grève. M. Chinamano a raconté qu’il s’était effondré contre un arbre à l’extérieur de l’hôpital et qu’il s’était mis à pleurer sans plus pouvoir se contrôler, pendant que sa femme le regardait sans rien pouvoir faire.

« J’ai pleuré sans honte ce jour-là, parce que j’avais trop mal à l’intérieur », s’est-il souvenu. « Tout ce que je voulais ce jour-là, c’était simplement de mourir ; j’avais le sentiment que j’avais assez souffert ».

L’histoire de M. Chinamano est semblable à celle de beaucoup de Zimbabwéens qui, confrontés à la maladie et au coût élevé des soins médicaux dans le secteur privé, se battent pour obtenir des services, même les plus basiques, dans un secteur public à l’agonie.

La grève des travailleurs de la santé a entraîné la fermeture quasi-totale des trois hôpitaux de la région de Harare – Harare central, Chitungwiza et Parirenyatwa – qui disposent tous d’unités de prescription d’antirétroviraux (ARV) et de traitements pour les infections opportunistes liées au VIH.

Les travailleurs de la santé ont estimé qu’il était inutile pour eux de retourner travailler, si c’était uniquement pour « regarder mourir les patients », à cause de la pénurie de médicaments et du délabrement des équipements médicaux essentiels.

« En tant que travailleurs de la santé, nous avons une profonde sympathie pour les gens qui souffrent, mais même si nous ouvrons les hôpitaux, étant donné l’état dans lequel ils sont, nous ne pourrions pas faire beaucoup pour les [patients] », a dit le docteur Amon Siveregi, président de l’Association des médecins hospitaliers du Zimbabwe. « Nos hôpitaux sont devenus des pièges mortels ».

« La seule chose que nous voulons, c’est faire les choses correctement, nous n’aimons pas la situation », a-t-il ajouté. « Nous sommes très déçus que le gouvernement ne prenne pas la crise de la santé au sérieux ».

Pour de nombreux Zimbabwéens, il n’est maintenant plus possible d’avoir accès à un traitement médical si l’on n’a pas un proche qui est médecin ou infirmier, ou si l’on n’a pas assez de devises étrangères pour se procurer le traitement dans le secteur privé. Les patients peuvent s’attendre à payer jusqu’à 200 dollars pour une consultation et une ordonnance dans une clinique privée, une somme que peu de gens peuvent se permettre de payer dans un pays où l’inflation est galopante et le taux de chômage de 80 pour cent.

L’activiste de la lutte contre le sida, Sebastian Chinhaire, a exhorté le gouvernement zimbabwéen à reconnaître ses échecs et à demander de l’aide à la communauté internationale des bailleurs de fonds, pour remettre le système national de santé sur pied.

« Tandis que d’autres pays africains dont les économies sont plus performantes se réjouissent de l’avènement des ARV et d’une vie meilleure pour leurs populations qui vivent avec le VIH, nous n’avons rien à célébrer ici », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Tout n’est que misère, mort et souffrance ».

Le ministre de la Santé, le docteur David Parirenyatwa, a affirmé que le gouvernement faisait de son mieux, « étant donné les circonstances ».

« Nous essayons de discuter avec la communauté des bailleurs de fonds pour nous tirer d’affaire dans le secteur de la santé », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Ce n’est pas que nous ne nous en préoccupons pas ».

Depuis des années, les services de santé délivrés dans la plupart des hôpitaux publics zimbabwéens sont sur le déclin, en raison du manque de financement et des bas salaires payés aux travailleurs sanitaires, qui ont poussé de nombreux professionnels expérimentés à quitter le pays à la recherche de meilleures conditions de travail.

*Un nom d’emprunt

bs/ks/oa/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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