Ce constat provient des résultats d’une étude innovante, la première en Afrique subsaharienne à mesurer des marqueurs biologiques comme l’infection VIH et les grossesses de même que les connaissances, attitudes et pratiques, des résultats révélés lors de la conférence ICASA organisée du 3 au 7 décembre à Dakar, la capitale sénégalaise.
« Cet essai montre que l’on peut améliorer les connaissances des jeunes à travers l’éducation sur le VIH dans les écoles primaires, mais aussi que ces connaissances sont clairement insuffisantes pour avoir un impact sur les comportements actuels », a dit David Ross, principal auteur de l’étude et spécialiste en santé publique à la London school of hygiene and tropical medicine, qui a mené l’étude en coopération avec le National institute of medical research en Tanzanie.
Plus de 13 000 jeunes ont participé à cette évaluation menée sur le long terme et destinée à mesurer l’impact de Mema kwa Vijana (Bonnes choses pour les jeunes, en swahili), un projet de prévention du VIH à Mwanza, dans le nord-ouest de la Tanzanie, dont l’objectif est de réduire le taux de nouvelles infections parmi les jeunes via l’éducation sur la santé sexuelle dans les écoles primaires, les centres de santé et les communautés.
Le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, estime que 45 pour cent des cas de transmission du VIH se produisent dans le groupe d’âge des 15 à 24 ans, ce qui rend l’éducation à la prévention vitale pour enrayer l’épidémie.
L’étude a confirmé qu’une telle éducation pouvait peu à peu améliorer les connaissances : les participants à l’étude gardaient davantage de connaissances en mémoire sur la prévention du VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles (IST) cinq ans après avoir quitté l’école primaire, que ceux qui n’y avaient pas pris part.
Les filles ayant reçu une éducation étaient environ 25 pour cent plus nombreuses à pouvoir identifier correctement trois modes de transmission des IST ; une augmentation significative était également constatée parmi les garçons.
Cependant, les chercheurs n’ont pas découvert de différence significative au niveau des taux de grossesses, de VIH et d’autres IST entre les jeunes ayant participé à l’étude et ceux du groupe témoin.
Normes sociales
Il y a une différence entre ce que les jeunes disent qu’ils font, et ce qu’ils font réellement, a souligné M. Ross. « Les connaissances ne suffisent pas à influer sur le comportement [sexuel], et ceci doit être en partie dû à la vulnérabilité de ces jeunes, en raison des normes sociales qui les entourent », a-t-il dit.
« Les jeunes peuvent avoir envie de changer de comportement, mais il y a beaucoup d’autres pressions – pressions sociales, structurelles, économiques – qui les dissuadent de réduire leur risque ».
Francis Ndowa, coordinatrice de l’équipe IST de l’Organisation mondiale de la santé, a reconnu qu’améliorer le niveau d’information était crucial, mais que d’autres facteurs étaient fondamentaux. « Ils ont besoin de faits, plutôt que de mythes et d’idées fausses, mais il y a d’autres facteurs dans la communauté et dans l’éducation que nous devons prendre en compte, qui forcent les jeunes à adopter certains comportements ».
Les normes sociales peuvent aussi affecter les politiques sur le VIH et l’éducation sexuelle. « De nombreux décideurs politiques, qui sont eux-mêmes des parents, pensent que si vous donnez des informations de nature sexuelle à des jeunes à l’école, vous en faites des [personnes] aux mœurs légères », a dit Mme Ndowa à IRIN/PlusNews.
Dans la réalité, c’est le contraire. « Vous leur donnez des informations pour les protéger contre les effets destructeurs de la sexualité et ils peuvent mieux se préparer », a-t-elle dit.
Mettre les leçons en application
M. Ross a mis en garde contre une utilisation trop large des résultats. « Personne ne peut affirmer que cette étude s’applique partout, le contexte est important. Chaque société est à un stade différent de sa compréhension de l’épidémie, de sa réaction à l’épidémie, de même que de l’épidémie elle-même ».
L’étude a néanmoins des implications politiques pour les programmes de prévention du VIH. « Mais les résultats sont cohérents – les connaissances des jeunes sont en train de changer, donc quelque chose est passé, mais cela n’est pas assez ».
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