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Sida et handicap, une réalité ignorée

Fisiwe Malinga, 12, scratches her grandmother Zodwa Malinga's head. Wheelchair-bound after a stroke, she is unable to do anything for herself. Yet, six grandchildren are staying here with her. Several of them are orphans due to HIV/Aids and the rest were Eva-Lotta Jansson/IRIN/Red Cross
L’exclusion des personnes handicapées vivant avec le VIH est tellement enracinée en Afrique qu’elle s’est même fait ressentir lors de la 15ème Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA), selon des organisations qui défendent leurs droits.

Des groupes de défense des droits des personnes handicapées ont raconté que nombre de leurs membres n’avaient pas pu assister à la cérémonie d’ouverture de la 15e Conférence internationale sur le sida et les infections sexuellement transmissibles en Afrique (ICASA), qui s’est déroulée la semaine dernière à Dakar, au Sénégal, car la salle de conférence ne leur était pas accessible, l’unique entrée de l’amphithéâtre accessible aux handicapés ayant été réservée à des personnalités, comme le président du Sénégal.

« Les membres de nos organisations qui se déplacent en fauteuil roulant ou à l’aide de béquilles n’ont tout simplement pas pu entrer. Nous nous sommes adressés aux gardiens, qui nous ont dit de passer notre chemin », a dit à IRIN/PlusNews Hendrietta Bogopane Zulu, de la Campagne africaine sur le handicap et le VIH/SIDA, un groupe de coordination qui tente de faire pression pour l’égalité de l’accès aux informations et aux services liés au VIH.

Les oubliés

Selon une enquête menée en 2004, l’Afrique abrite quelque 80 millions de personnes handicapées, soit environ 10 pour cent de la population de chaque pays. Pourtant, ces dernières sont les grandes oubliées des mesures de lutte contre le VIH/SIDA.

« Le terme "groupes vulnérables" est employé pour désigner les prisonniers, les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes, les travailleurs du sexe etc., autrement dit toutes les personnes vulnérables, à l’exception des handicapés ; ce fut également le cas lors de cette conférence, au cours des réunions et des discussions », a déploré Mme Bogopane Zulu.

L’une des difficultés consiste à identifier le nombre de personnes handicapées vivant avec le VIH. « Les statistiques relatives à la prévalence [du VIH] chez les handicapés font cruellement défaut », a-t-elle ajouté. « Personne ne pose les bonnes questions, et on ne pense pas à préciser que la personne est handicapée lors du recueil des données. »

L’Enquête globale sur le handicap et le VIH/SIDA, menée en 2004 par l’Université de Yale et la Banque mondiale, a révélé que les personnes atteintes d’un handicap étaient généralement considérées comme sexuellement inactives et donc peu exposées au risque d’infection, ce qui les excluaient des efforts de prévention du VIH.

Mary Muthoni, originaire du Kenya, handicapée moteur et séropositive, est habituée aux réactions de stupéfaction lorsqu’elle annonce sa séropositivité. « Les gens ont tendance à partir du principe qu’en tant que personne handicapée, je n’ai pas de désirs sexuels, que je suis asexuée... Je leur explique que je ressens toujours du désir, à l’instar de tout être humain ».

L’enquête a révélé que les handicapés sont « autant exposés, sinon plus, à l’ensemble des facteurs de risque d’infection au VIH » que les personnes valides, et tout autant susceptibles d’être sexuellement actifs, homosexuels ou bisexuels, ou de consommer des substances illicites et de l’alcool.

Violences et abus

Par ailleurs, par rapport aux personnes valides, ils sont trois fois plus susceptibles de subir des violences sexuelles et des abus physiques, sexuels ou émotionnels.

« Les violences sexuelles sont une terrible réalité pour les personnes handicapées », a affirmé Mme Muthoni. « Ces dernières sont choisies pour cibles en raison de leur vulnérabilité ; elles constituent les proies les plus faciles, et c’est souvent de cette façon qu’elles contractent le VIH. »

Outre leur vulnérabilité physique, personnes les handicapées sont également victimes de pratiques telles que la « purification par la virginité », une croyance selon laquelle avoir des relations sexuelles avec une femme vierge peut guérir d’une infection au VIH.

La pauvreté compte également au nombre des facteurs qui prédisposent les personnes handicapées au VIH. La Banque mondiale estime que ces dernières représentent jusqu’à 20 pour cent de la pauvreté mondiale en raison d’un manque d’éducation et d’opportunités professionnelles. La nécessité de s’assurer un revenu peut contribuer à favoriser les comportements sexuels à risque, tels que le commerce du sexe ou la poursuite d’une relation marquée par la violence.

Le manque de ressources financières peut par ailleurs entraver la prise d’un traitement contre le VIH/SIDA. La nécessité pour les personnes handicapées de se faire accompagner dans un centre de santé multiplie par deux les frais de transport, ce qui peut rendre le traitement inabordable lorsque les visites sont régulières.

Un manque d’informations

Le manque d’accès au traitement et aux informations sur la prévention rend également les personnes handicapées plus vulnérables à l’infection au VIH. D’après la Campagne africaine sur le handicap et le VIH/SIDA, seuls deux pour cent environ des enfants handicapés africains reçoivent une éducation officielle leur permettant de bénéficier des programmes axés sur le VIH/SIDA mis en place par les écoles.

Le taux élevé d’illettrisme recensé chez les personnes handicapées, associé aux difficultés rencontrées par les personnes souffrant d’une déficience auditive, visuelle ou intellectuelle pour accéder aux messages médiatiques, réduit d’autant plus leurs chances d’apprendre à se protéger du VIH.

« Lors des démonstrations sur l’utilisation du préservatif, celui-ci est parfois positionné sur le doigt. Sans un interprète en langue des signes, une personne malentendante peut penser qu’un préservatif se porte sur le doigt ! Cette anecdote est véridique », a expliqué Mme Muthoni.

Rien sur nous, sans nous

Reprenant le slogan universel du mouvement contre le handicap, « Rien sur nous ne se fera sans nous », les défenseurs des droits des personnes handicapées ont appelé, à l’occasion d’ICASA, à une meilleure intégration de ces dernières.

Mme Bogopane Zulu a soutenu que ces personnes devaient être au centre de la prévention du VIH/SIDA et des efforts thérapeutiques. « Nous devons recruter des personnes handicapées dès la phase de prise de décisions concernant les programmes », a-t-elle ajouté.

« Tant que la planification et les ressources feront défaut, que nous ne recruterons pas d’interprètes en langue des signes et que les cliniques ne disposeront pas d’accès handicapés et de brochures en braille, nous resterons en marge de la société. »

hb/ks/he/db/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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