« J’ai appris mon statut [sérologique] en 2000. Je ne voulais pas vraiment me soumettre à un test de dépistage, mais je suis tombée malade et les médecins ne savaient pas ce que j’avais.
« On m’a offert des séances de conseil, mais je n’arrivais toujours pas à accepter mon statut. Je refusais de suivre un traitement, et dans ma tête, la seule solution était le suicide. Je pensais : ‘Je suis handicapée, je suis une femme, je suis une mère et maintenant que je suis séropositive, quelle est ma place dans la société ?’
« L’hôpital a appelé ma mère [sans ma permission] pour lui révéler mon statut. Puis, à son tour, elle l’a dit à tout le monde, et lorsque je suis revenue à la maison, l’ambiance était morose. Mes frères et soeurs ont mal réagi à la nouvelle, et lors des repas, lorsque l’un d’entre eux cuisinait, tout le monde recevait de la nourriture, sauf moi. Ma mère m’a aidée, mais elle travaillait et lorsque j’étais alitée, personne ne m’apportait ne serait-ce qu'un verre d’eau.
« J’avais beaucoup de problèmes à l’époque, mais mon plus gros problème était ma propre personne. Le suicide hantait mon esprit. Mais, j’ai réalisé que je devais avaler la pilule. Ainsi, avec le temps, j’ai appris à accepter mon statut, je me suis ressaisie. J’ai pu suivre un traitement, sortir et parler de ma séropositivité.
« Je suis confrontée à trois éléments de stigmatisation : je suis handicapée, et pour beaucoup de gens en Afrique, je représente un fardeau pour la société. Je suis une femme et je suis considérée comme le sexe faible qui n’a souvent pas son mot à dire. Je suis séropositive et je dois faire face à tous les problèmes que cela comporte.
« Mais je peux lutter contre cette stigmatisation. Maintenant, j’ai des connaissances en matière de VIH et ces connaissances sont synonymes de pouvoir. J’ai réussi à changer l’attitude des gens en leur parlant de ma situation.
« Les gens ont tendance à croire qu’en tant que personne handicapée, je n’ai pas de désirs sexuels, que je suis asexuée. Ils sont choqués lorsqu’ils apprennent que je suis séropositive. Je dois leur expliquer que j’ai des désirs comme tout autre être humain.
« Les personnes handicapées séropositives sont confrontées à beaucoup de défis. Avoir accès au traitement dont elles ont besoin peut se révéler difficile. Une personne souffrant d’un handicap visuel, par exemple, a besoin qu’une autre personne la guide, et en conséquence, elle ne peut garder son statut confidentiel.
« Trop souvent, le personnel médical s’adresse non pas au patient handicapé, mais à la personne qui accompagne ce dernier. Les personnes atteintes de surdité ont besoin des services d’un interprète en langue des signes et elles n’ont donc pas de vie privée, elles non plus.
« La violence sexuelle est une réalité terrible à laquelle les personnes handicapées sont confrontées. Elles en sont victimes, car elles constituent des proies faciles. C’est souvent de cette façon qu’elles contractent le virus.
« La pauvreté représente également un problème. Trouver un travail est très dur. Ainsi, certaines personnes handicapées font la manche dans la rue et si elles ont l’occasion de gagner de l’argent [en vendant leur corps], elles sont susceptibles de le faire. C’est ainsi que la maladie se propage au sein de la communauté des personnes handicapées.
« Un des défis les plus difficiles que nous devons relever est l’exclusion. Pour les programmes et rencontres sur la prévention, nous appartenons à la catégorie des ‘groupes vulnérables’. Cependant, lorsque l’on parle de ces groupes, on ne prend pas en compte des besoins spécifiques des personnes handicapées. Si ces besoins étaient pris en compte, je pense que les taux de prévalence du VIH chuteraient. »
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