Abdullah Ali*, 55 ans, est un consommateur de drogues dépendant de l’héroïne depuis près de 15 ans. En cure de désintoxication pour la cinquième fois en plusieurs années, il a raconté à IRIN/PlusNews sa lutte contre son addiction.
« La première fois que j’ai fumé un cocktail de ‘white crest’ [héroïne cristalline] et de marijuana, je ne savais pas ce qu’il y avait dedans. J’étais un fumeur habituel de marijuana et ce commerçant est arrivé un jour de Mombasa [sur la côte kényane], il nous a rencontrés, mes amis et moi –nous étions un groupe de constructeurs de bateaux- et il nous a emmenés chez lui pour fumer.
« Nous sommes restés chez lui pour fumer pendant environ une semaine ; nous pensions que c’était seulement de l’herbe. Au bout d’un moment, il a dû repartir à Mombasa pour se réapprovisionner.
« Dès qu’il est parti, mes amis et moi avons commencé à nous sentir vraiment mal. Nous étions faibles, nous avions tous la diarrhée et vomissions continuellement. Lorsque nous sommes allés à l’hôpital, [les médecins] nous ont fait des examens mais ils n’ont pas pu trouver ce qui n’allait pas.
« Lorsque notre ami et fournisseur est revenu, nous lui avons tout de suite raconté ce qui était arrivé. Il a dit à tout le monde de ne pas s’inquiéter –il savait comment résoudre le problème. Il est venu chez moi et m’a donné ce que je pensais toujours être de l’herbe.
« Je me suis immédiatement senti mieux, revitalisé. C’est là qu’il nous a dit que ce n’était pas simplement un joint d’herbe, mais un cocktail de marijuana et d’héroïne.
« Depuis lors, je suis dépendant de ce cocktail. Je ne me suis jamais injecté de l’héroïne, mais ma vie est dévastée. La drogue a détruit ma vie. Ma femme et mes enfants me reconnaissent à peine et mon affaire de construction de bateaux s’est effondrée parce que tout le monde sait que je suis drogué.
« Quand je plane, je couche avec beaucoup de femmes, ça m’est égal de savoir où je passe la nuit et je ne mange presque pas. J’utilise rarement un préservatif, et pourtant je continue à avoir des relations sexuelles avec ma femme... L’héroïne a fait de moi une personne indifférente et égoïste.
« Mon frère s’est occupé de ma famille, et il m’a envoyé en cure de désintoxication quatre fois. C’était gratuit jusqu’à l’année dernière, mais maintenant ça coûte très cher, donc je sais que c’est la dernière fois qu’il essaye de me sauver.
« Quand je suis arrivée en cure de désintoxication, le conseiller m’a recommandé de faire un test de dépistage du VIH. J’avais vraiment peur, je savais les risques que j’avais pris. Dieu merci, Allah m’a permis de rester séronégatif. Cette fois, il faut que la désintoxication marche, parce que je veux être un bon mari, un bon père et un bon soutien. Je dois arrêter de tout risquer pour planer ».
*Un nom d’emprunt
kr/he/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions