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Un taux de prévalence du VIH qui grimpe en flèche

Borhanuddin Mia, un ouvrier de Dhaka, la capitale bangladaise, ne gagne que deux dollars par jour, mais chaque soir, il parvient à retrouver ses amis dans un petit parc situé en face de l’école de médecine de Dhaka. « Avec quatre autres consommateurs, j’achète une fiole de péthidine [un antalgique puissant] que nous nous injectons », a expliqué ce jeune homme de 24 ans.

Dans un autre quartier de la ville, Shahara Banu est une travailleuse du sexe. « Je vis dans la rue. Je m’occupe des clients dans les coins sombres des parcs publics. Les soirs de chance, un riche client m’amène dans un hôtel, mais de telles nuits sont rares », a confié cette jeune fille de 16 ans.

Le Bangladesh, un pays pauvre d’Asie, abrite des dizaines de milliers de personnes comme Borhanuddin Mia et Shahara Banu qui sont de plus en plus vulnérables au VIH/SIDA.

En décembre 2006, le gouvernement du Bangladesh annonçait que 874 personnes étaient porteuses du VIH dans le pays, et répertoriait au total 240 cas de sida.

Cependant, en juin 2007, selon les chiffres avancés par le Programme commun des Nations Unies sur le sida, ONUSIDA, quelque 11 000 personnes vivaient avec le VIH sur les 150 millions d’habitants que compte le pays.

De nombreux cas de séropositivité ne sont pas répertoriés en raison d’un manque d’accès aux services de conseil et de dépistage volontaire du VIH, ainsi que de la stigmatisation sociale liée à la maladie.

Bien qu’en général les taux de prévalence demeurent faibles, le pays affiche des taux bien plus importants parmi les groupes à haut risque comme les professionnelles du sexe, les consommateurs de drogues injectables et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, ont indiqué les experts de la santé.

« Le principal défi que le Bangladesh doit actuellement relever consiste à maintenir son taux de prévalence du VIH à un niveau bas », a noté Arunthia Zaidi, qui coordonne le département de conseil et de dépistage du Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques au Bangladesh (ICDDR,B, en anglais).

Une prévalence faible, mais des risques élevés

Selon les résultats de la sixième et dernière surveillance sérologique ayant été menée entre octobre 2004 et mai 2005, 4,9 pour cent des consommateurs de drogues injectables étaient séropositifs à Dhaka.

En Inde voisine, qui est le deuxième pays le plus touché au monde par la pandémie et abrite 2,5 millions de personnes séropositives, le taux de prévalence du VIH parmi les consommateurs de drogues injectables, est de 10,2 pour cent, d’après le rapport de surveillance effectué par le gouvernement indien en 2005.

Les premiers cas de VIH parmi les consommateurs de drogues de Dhaka remontent à 1989. Cependant, selon la dernière étude de surveillance, des consommateurs de drogues injectables seraient également porteurs du virus à Chittagong, la capitale commerciale, et à Bogra, le pivot des communications situé dans le nord du pays.

Bien que selon les chiffres officiels aucune femme consommant des drogues injectables ne soit porteuse du virus, les taux de syphilis enregistrés parmi ce groupe sont élevés – 9,2 pour cent – et comparables à ceux notés chez les professionnelles du sexe.

Ainsi, d’après le rapport technique sur la sixième surveillance sérologique, publié par le gouvernement en septembre 2005, les consommatrices de drogues injectables auraient des rapports sexuels à risque.

Parmi les hommes consommateurs de drogues injectables, les taux de syphilis active s’élèvent à neuf pour cent à Dhaka, alors que dans toutes les autres villes, ils oscillent entre 0 et 3,9 pour cent.

Le taux de prévalence du VIH demeure faible – en dessous de un pour cent – parmi la plupart des autres groupes vulnérables comme les professionnelles du sexe travaillant dans les maisons de passe, dans les hôtels ou dans la rue, les travailleurs du sexe à mi-temps, les professionnels du sexe, les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes, les consommateurs d’héroïne et certaines populations mobiles qui sont considérées comme d’éventuels liens avec le reste de la population, dont les conducteurs de rickshaw (pousse-pousse), de camions et les dockers.

Dans un groupe de consommateurs de drogues injectables, le taux de prévalence du VIH a considérablement augmenté et est passé de 1,4 pour cent en 2003, à 8,9 pour cent en 2006.


Photo: David Swanson/IRIN
Des conducteurs de rickshaw dans les rues animées de Dhaka
Le niveau d’infection chez les consommateurs de drogues injectables constitue une importante menace, car le virus peut rapidement se propager au sein de cette population, puis toucher, par le biais de leurs partenaires sexuels et leurs clients, le reste de la population.

En outre, la population du Bangladesh est également menacée par le fait que de nombreux consommateurs de drogues injectables du pays vendent leur sang, à titre professionnel. En effet, le Bangladesh dépend des donneurs de sang rémunérés pour répondre aux besoins en transfusion de sa population.

Pour s’assurer que les transfusions sanguines ne constituent aucune menace pour les patients, le Bangladesh a ouvert sept centres de dépistage du VIH, à travers le pays.

Facteurs de risque

« C’est l’Asie du Sud-Est qui continue à enregistrer le plus grand nombre d’infections à VIH du continent. Les rapports sexuels non protégés contre de l’argent, combinés aux relations sexuelles entre hommes et à la consommation de drogues injectables alimentent la propagation de l’épidémie », a indiqué le rapport sur l’épidémie mondiale de sida de 2006.

Au Bangladesh, les professionnelles du sexe qui travaillent dans les maisons de passe reçoivent 18 clients par semaine, alors que les travailleuses du sexe qui exercent dans la rue ou dans des hôtels voient en moyenne respectivement 17 et 44 clients par semaine.

Les professionnelles du sexe qui travaillent dans les maisons de passe utilisent des préservatifs avec 2,8 pour cent de leur clientèle régulière et avec 5,2 pour cent de leurs nouveaux clients.

Selon le ICDDR,B, entre 1,5 et 4,6 pour cent de la clientèle, qui est composée de chauffeurs de pousse-pousse et de camions, utilise régulièrement des préservatifs lorsqu’elle fait appel aux services des professionnelles du sexe.

« Malgré les comportements sexuels à risque élevé, le taux de prévalence du VIH demeure plutôt faible. Mais cela ne doit pas être motif à complaisance. Les comportements à haut risque des personnes faisant appel aux services des professionnelles du sexe menacent toujours de déclencher une épidémie de VIH à grande échelle, surtout si nous tenons compte du fait que l’Inde voisine abrite [l’un des] plus grand nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA au monde », a déclaré le docteur Mohammad Hanif Uddin, gestionnaire de programme auprès du Programme national de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles.

Le docteur Mohammad Hanif Uddin a identifé plusieurs défis que le Bangladesh doit relever : le pays doit notamment soutenir les politiques de lutte contre l’épidémie en instaurant des cadres juridiques et parvenir à coordonner et à étendre la lutte en l’absence de solides données empiriques.

« Au Bangladesh, les secteurs de la santé privée et publique doivent également relever d’autres défis et adopter des mesures plus sûres en matière d’hémovigilance et de prévention de la maladie », a-t-il noté.

Le docteur Tasnim Azim, un scientifique à la tête du programme VIH/SIDA du ICDDR,B, a souligné le besoin d’obtenir une plus grande attention de la part des responsables politiques, d’étendre les activités là où des obstacles existent, de répondre aux normes sociales et juridiques et de prendre en compte les facteurs institutionnels, tels que l’hémovigilance et les précautions universelles pour combattre la pandémie.

« Si le pays poursuit sur cette lancée, cela entraînera des dépenses financières dévastatrices pour l’accès au traitement, à l’avenir », a conclu le docteur Azim.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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