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Les centres de santé ruraux, un espoir pour les personnes séropositives

Thab’sile Nkambule, 29 ans, doit porter tous les jours l’eau du puits à son foyer situé dans une communauté rurale du Swaziland, mais elle a du mal à respirer, elle se bat contre de forts maux de tête, une diarrhée chronique et un état de fatigue général qui rendent sa tâche extrêmement difficile ; cette mère de trois enfants dit pourtant qu’elle fait partie de celles qui ont le plus de chance.

« Je me sens mieux. Je sais pourquoi je suis malade », a-t-elle dit alors qu’elle se trouvait au centre de santé de Sigombeni, un établissement de la Croix-Rouge qui se trouve à 20 minutes au nord de Manzini, le centre industriel principal du Swaziland. Mme. Nkambule sait qu’elle est séropositive.

Bien que le pays ait le taux de séroprévalence le plus élevé au monde - selon le Programme commun des Nations Unie sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), un adulte sur trois est infecté par la maladie – beaucoup de Swazis n’ont jamais été dépistés.

« Vous avez vraiment peur de contracter la maladie car certains disent qu’il n’existe aucun traitement et qu’on est sûr de mourir. Mais ici, ils nous traitent, et maintenant je sais - j’avais une cousine qui était à l’article de la mort et qui maintenant est en bien meilleure santé », a indiqué Mme. Nkambule.

Tikhona Nkhabelo, l’infirmière en chef du centre de santé de Sigombeni, affirme que le nombre de personnes infectées par le VIH qui se rendent au centre ne cesse d’augmenter. « Les gens voient des personnes de leur entourage qui se portent mieux, ce qui les incite à venir. Nous les traitons, et ensuite, ils recommandent cet établissement aux autres personnes malades », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews.

Depuis 2004, lorsqu’un chef de la région a été le premier leader tradipraticien à déclarer publiquement sa séropositivité, une partie des craintes et de la stigmatisation liées à la maladie ont été levées.

A la différence des hôpitaux gouvernementaux, le centre de santé n’a jamais connu de grave rupture de stock des traitements antirétroviraux (ARV). « Nous n’avons jamais manqué d’ARV depuis que nous avons commencé à en fournir en 2004 », a indiqué Mme. Nkhabelo. « Notre principal défi consiste en fait à maintenir les malades sous traitements ARV ».

Les médicaments sont principalement fournis par le Centre d’approvisionnement médical, mais les autres sources émanant des donateurs internationaux sont celles qui ont assuré la continuité en approvisionnement de ces traitements.

Dans une des salles de consultation, une femme examine un homme maigre et barbu d’une vingtaine d’années. « Vous vous plaignez d’avoir les pieds endoloris, de douleurs au dos et des douleurs abdominales, d’un manque d’énergie et d’un état de fatigue, mais c’est vous qui en êtes responsable ! » lui a-t-elle dit. « Ce traitement est à suivre tout le temps, il ne faut pas manquer une seule étape ».

Le patient répond qu’on lui a affirmé qu’il devait manger pour que le traitement ARV soit efficace, et que le peu de nourriture qu’il a à la ferme, il le donne à ses enfants et à sa grand-mère. L’infirmière lui a prescrit une ordonnance en lui promettant que l’unité de soins à domicile lui apportera un colis de nourriture au cours de l’après-midi, lorsqu’elle sera en visite dans sa communauté.

Au cours des dix dernières années, le nombre de patients infectés par le VIH/SIDA a tellement augmenté qu’il est difficile désormais de les recenser. Environ 20 personnes viennent chaque jour dans ce centre pour recevoir des soins de santé primaires, contre 40 patients atteints du VIH/SIDA. De plus, deux unités de soins à domicile rendent visite aux patients vivant dans les petites communautés rurales disséminées à travers collines et les vallées.

« Le VIH est tellement présent que un foyer sur deux a un membre qui est infecté par le VIH, ou alors connaît une personne dans les environs qui vit avec le sida. Mais chaque foyer est touché par cette épidémie – certains membres de la famille sont décédés ou vivent avec la maladie », a affirmé Muzi Dlamini, qui dirige l’opération des unités de soins à domicile.

« Nous rencontrons plus de malades qui sont chez eux, car ils sont trop faibles pour se rendre à l’hôpital, alors nous allons à leur rencontre. Et beaucoup d’entre eux se sentent mieux par la suite », a-t-elle ajouté.

Le centre de Sigombeni a un effectif de 11 infirmières qui assurent la rotation au sein de l’établissement et dispensent des soins de santé primaire, des soins pédiatriques, une aide au planning familial, et s’occupent en même temps des programmes sur le VIH/SIDA. Un docteur spécialisé, qui travaille à l’Hôpital public de Mbabane, la capitale, ainsi qu’au Raleigh Fitkin Memorial (RFM), assure la permanence tous les mardis.

« Les problèmes de santé des patients sont fonction des saisons. Nous entrons dans une saison sèche et humide, donc nous pouvons nous attendre à des cas de diarrhée. Si la distribution de l’eau potable ne s’améliore pas [le Swaziland connaît de graves pénuries d’eau], il y aura aussi un risque d’épidémie de choléra », a souligné l’infirmière en chef. « Nous venons tout juste de sortir de l’hivernage, et nous rencontrons beaucoup de cas d’éruptions cutanées et de gale. Quant à la grippe – on l’attrape à tout moment ».

Le centre est situé au milieu au milieu de plusieurs petites communautés rurales très éloignées les une des autres, ce qui fait que peu de patients peuvent se rendre au centre. Une route non bitumée, la principale voie de circulation de la région, est toute proche, mais les propriétaires de bus disent que son état endommage sérieusement leurs véhicules. « Nous rencontrons des problèmes de transports ; nous n’avons que deux bus, et ils fonctionnent en alternance », a indiqué Mme. Nkhabelo.

Outre les quelques ordinateurs qui servent à rédiger les rapports, le centre ne dispose pas de système de radiographie ni d’aucun autre matériel médical moderne. Les dossiers des patients sont remplis à la main, et rangés dans une armoire qui déborde de documents ; il y a cependant une ambulance qui permet d’acheminer les patients vers les services d’urgence de l’hôpital RFM.

Dans les autres salles de consultation, une infirmière est en train de cocher de cases sur un formulaire pour indiquer que Mandla Dube, un des 350 membres communautaires sous ARV, suit correctement son traitement.
« Ma famille me considérait à l’article de la mort, tout le monde pleurait. Je me suis dit que je ne verrai jamais mes enfants grandir », a dit M. Dube, dont le nom en siswati veut dire ‘l’homme fort’.

« Ç’était à l’époque où ma fille aînée était en cours préparatoire. Actuellement, elle est en CM2, et je suis toujours vivant. C’est parce que j’ai la volonté de vivre, et je sais maintenant que je peux suivre un traitement ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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