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Les personnes vivant avec le VIH revendiquent leurs droits

Pour le Père Luís Fernandez, de la paroisse du Sacré cœur de Jésus qui se situe à Luanda, la capitale angolaise, une visite au marché est souvent une bonne occasion de se rendre compte des conditions de vie des personnes qui vivent avec le VIH.

« Combien de fois avons-nous été sollicités pour venir en aide à une pauvre femme à qui on ne permettait plus de vendre ni d’acheter car on avait découvert qu’elle avait contracté le virus ? », a-t-il dit.

Les Angolais infectés par le VIH subissent de nombreuses violations des droits de l’homme, tels que la discrimination à l’embauche, le manque de traitements médicaux, et ils sont victimes de nombreux autres abus.

Le taux de séroprévalence nationale est d’à peu près 2,5 pour cent pour une population d’environ 16 millions d’habitants ; le taux de séroprévalence varie cependant beaucoup selon les régions, oscillant entre 1,8 pour cent pour certaines pendant que dans d’autres régions, le taux de séroprévalence peut atteindre les 10 pour cent.

Des licenciements illégaux

Depuis 2004, l’Angola s’est doté d’une législation qui garantit les droits fondamentaux des personnes vivant avec le VIH ; il cependant fréquent que des travailleurs perdent leurs emplois, qu’ils rencontrent des difficultés à l’embauche ou encore qu’ils soient victimes de discrimination sur leurs lieux de travail.

« Nous connaissons de nombreux cas de discrimination qui sont actuellement entre les mains de la justice, mais nous sommes toujours dans l’attente d’un jugement », a indiqué Noé Mateus, un représentant du réseau des personnes vivant avec le VIH/SIDA en Angola.

M. Mateus pense que de nombreux licenciements abusifs ont lieu dans les sociétés privées, sans que les employeurs ne soient pour autant inquiétés. Il attribue ce climat d’impunité à une forte ignorance de la part des employés infectés par le VIH de leurs droits - ce qui permet aux employeurs de classer rapidement les plaintes - ainsi qu’aux lenteurs de l’administration judiciaire.

« Cette apathie du système ne les encourage pas à porter plainte. Les plaignants doivent révéler leur statut sérologique, ils s’exposent ainsi à une stigmatisation et ils doivent attendre des années avant qu’un jugement soit rendu », a indiqué à IRIN/PlusNews M. Mateus.

En dépit du fait que de nombreux rapports émanant des autorités gouvernementales soulignent l’aide qu’elles fournissent aux personnes vivant avec les VIH, les données concernant les plaintes des travailleurs auprès du ministère du Travail et de la sécurité sociale démontrent que de très nombreuses entreprises ne respectent pas la loi : elles demandent, par exemple, que les employés se soumettent à des tests de dépistage, et elles renvoient ceux qui ont été dépistés positifs.

Les obstacles aux traitements

La pauvreté est très présente en Angola, et ce malgré une économie nationale portée par un secteur pétrolier en pleine expansion. Les 27 années de guerre civile qu’a connue le pays ont eu un impact majeur sur les infrastructures et les services sociaux. Selon l’indice de développement humain 2006 élaboré par Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Angola se trouve classé à la 161ème place sur les 177 pays.

La situation des personnes vivant avec le VIH est particulièrement préoccupante. « Ce qui me choque le plus, c’est de voir des personnes mourir parce qu’elles n’ont pas à manger », a indiqué Elisabeth Santos, 43 ans, qui été dépistée positive au VIH il y a de cela neuf ans.

« De nombreuses personnes prennent des antirétroviraux (ARV) alors qu’elles sont affamées. L’entourage dira qu’elles sont mortes à cause du sida, mais la vraie raison est qu’elles étaient sous traitement et ne mangeaient pas à leur faim », a-t-elle souligné.

Etre sous ARV sans avoir une nutrition adéquate et complémentaire peut compromettre le traitement. C’est pour cela que des militants de la lutte contre le VIH/SIDA ont exhorté le gouvernement à fournir aux patients pauvres sous traitement des colis contenant des produits alimentaires de base.

Les militants ont aussi exigé la construction d’un nouveau centre de soins spécialisés dans le traitement du VIH/SIDA. La Esperança Clinic, la seule clinique publique à Luanda qui est spécialisée dans le traitement de la pandémie, est trop petite pour répondre à une demande qui ne cesse de croître.

« On ne peut pas associer ces hôpitaux qui se spécialisent dans le traitement du VIH à des ghettos : si nous réclamons de tels établissements, c’est que nous rencontrons dans la plupart des hôpitaux une forte stigmatisation, même de la part des docteurs. Dans un centre spécialisé, nous pourrons bénéficier d’une assistance de qualité et nous nous sentirons plus à l’aise », a affirmé Henda Graciana, une activiste de la lutte contre le VIH/SIDA.

Commencer par les principes de base

Un manque d’information et de compréhension du VIH et du SIDA restent les principales causes de la stigmatisation, surtout dans les régions les plus réculées, et les préjudices qu’encourent les travailleurs du secteur public de la part de leurs supérieurs font que les personnes vivant avec le VIH hésitent à se plaindre de abus qu’elles subissent.

« Nous devons créer un cadre favorable afin d’inciter les personnes vivant avec le VIH à venir chercher de l’aide. Il y a trop de personnes qui souffrent de discrimination et qui n’osent pas aller se plaindre aux autorités compétentes », a souligné Roberto Brant Campos, un travailleur social et consultant pour le Programme commun des nations unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). Il a ajouté que le dépistage volontaire pourrait être un moment privilégié durant lequel on pourrait informer les personnes vivant avec le VIH de leurs droits.

Le père Fernandez a indiqué pour sa part qu’il était important de soutenir le recours aux voies légales concernant les cas de discrimination. Si certains cas rencontrés dans sa paroisse ont été transmis au service national des enquêtes judiciaires, les résultats ne sont pas pour autant au rendez-vous.

« Nous devons nous assurer qu’il existe des personnes spécialisées qui sauront gérer ces cas de stigmatisation avec respect et faire en sorte que celles vivant le VIH fassent plus confiance au système », a-t-il dit. Il a aussi souligné l’importance des interventions des organisations locales, en affirmant qu’elles devaient changer d’attitude.

Garantir les droits fondamentaux des personnes vivant avec le VIH reste une priorité en Angola ; cependant, Odete Tavares, une infirmière séropositive, a suggéré qu’il « serait plus réaliste de faire comprendre aux gens que nous sommes tous des citoyens à part entière, avec le droit de ne pas subir de discrimination, d’avoir accès à des soins et à d’autres services de base ».

og/ks/he/sm/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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