Luisa a quitté ses amis et sa famille pour se rendre en Afrique du Sud, avec l’espoir d’y trouver un bon emploi et de revenir bientôt dans son pays les poches pleines d’argent.
Mais une fois en Afrique du Sud, elle a connu l’exploitation, le harcèlement sexuel, a eu une grossesse non désirée et a été infectée au VIH/SIDA. Et l’argent qu’elle a finalement pu épargner et ramener à la maison représentait une somme bien dérisoire.
L’histoire tragique de Luisa est décrite à travers une bande dessinée intitulée « A Viagem » (Le Voyage), un petit illustré produit par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) et mettant en garde contre les dangers de l’immigration clandestine.
Pour Sabina dos Santos, ardente activiste de la lutte contre le trafic d’êtres humains, au Mozambique, la tragique histoire de ce personnage fictif reflète bien l’expérience réelle que vivent certaines femmes.
Mme dos Santos est Vice-Presidente du CAME (Network Against the Abuse of Minors - Réseau de lutte contre les abus envers les mineurs), une association de coordination regroupant 20 autres organisations mozambicaines de lutte contre le trafic d’êtres humains.
Selon elle, de nombreuses femmes mozambicaines se voient fréquemment proposer un travail de domestique en Afrique du Sud et une fois sur place, elles se rendent compte qu’elles doivent travailler comme ouvrières agricoles ou comme prostituées dans les maisons closes.
« Les principales victimes de ce trafic sont les femmes villageoises qui ont un faible niveau d’éducation », a confié Mme dos Santos au correspondant de Plus News.
Tout comme Luisa, elles finissent enceintes et séropositives, et sont dépouillées de leur argent par la police, et beaucoup d’entre elles retournent dans leur pays presque sans un sou en poche.
Sonia : une victime de l’immigration clandestine Sonia avait 34 ans et était sans emploi lorsqu’on lui a proposé un emploi de servante à Johannesburg, dans la même maison qu’une amie de sa sœur. Sans passeport, elle est entrée clandestinement en Afrique du Sud avec un groupe d’autres clandestins en quête de bonne fortune. Ce sont des trafiquants qui les ont aidés à traverser la frontière. « Ils avaient dit qu’ils s’occuperaient de tout », a expliqué Sonia. « Un homme, de nationalité mozambicaine, m’a indiqué l’endroit où il viendrait me chercher et je me suis mise à attendre sur le bord de la route. Il y avait d’autres femmes dans la voiture, mais je ne leur ai pas adressé la parole ». « Près de la frontière, vers 19 heures, un homme nous a conduits à travers la brousse. J’avais très peur, mais je ne pouvais rien faire. J’étais terrifiée lorsque les chiens se sont mis à aboyer et que nous avons été pris par la police. Mais l’homme en question leur a remis de l’argent et ils nous ont relâchés ». Après toutes ces épreuves, Sonia a finalement rejoint la maison de son nouvel employeur. Mais ses rêves se sont très vite transformés en cauchemar. « Ils ne m’ont pas payé ce qu’ils m’avaient promis, et j’ai fini par rejoindre un groupe de prostituées », a-t-elle expliqué, en ajoutant toute honteuse : « je ne l’ai fait que pour pouvoir survivre ». Puis Sonia a découvert qu’elle était séropositive. La chance a fini par lui sourire lorsqu’elle a été secourue par l’association CAME, qui l’a ramenée à Maputo en 2006 et lui a permis d’avoir une maison où elle a ouvert un petit bar qui lui permet d’avoir de quoi vivre. |
L’histoire de Luisa, créée par Neil Verlaque-Napper, un dessinateur sud-africain, était basée sur le témoignage de 183 migrantes mozambicaines interrogées par l’OIM, alors qu’elles travaillaient dans des champs, en Afrique du Sud, en 2004, a indiqué Mme Matsuyama.
Cette enquête a révélé que ces femmes étaient très mal informées sur le SIDA et qu’elles avaient beaucoup d’idées fausses sur cette pandémie. Elle a également montré qu’elles avaient un comportement sexuel à haut risque et avaient une très mauvaise qualité de vie.
L’OIM pense que les femmes qui tentent l’aventure de l’immigration sont beaucoup plus exposées au VIH que les hommes, parce qu’elles se retrouvent souvent dans des situations où elles sont obligées de vendre leur corps pour pouvoir survivre.
Les activistes du CAME vont se servir de l’exemple de Luisa pour prévenir les migrantes mozambicaines potentielles des dangers liés à la traversée clandestine de la frontière, lorsqu’elles vont chercher un emploi en Afrique du Sud.
L’OIM a fait un premier tirage de 2 000 exemplaires de la bande dessinée, « A Viagem », en version portugaise.
Ces exemplaires seront distribués aux populations, lors de réunions publiques dans les villes du Sud comme Maputo, Matola, Boane et Ressano Garcia, les principaux points de ralliement des migrants clandestins avant la traversée de la frontière.
« Nous voulons porter cette question à la connaissance de tous », a déclaré Mme Matsuyama.
« A Viagem » contient également une autre petite bande dessinée décrivant l’histoire de Jose, le futur mari de Luisa. Celui-ci revient d’Afrique du Sud après des années de travail dans une mine, sans le sou et handicapé, depuis qu’il s’est fait renverser par une voiture alors qu’il fuyait des bandits qui s’en prenaient aux immigrés.
Pour l’OIM, les migrations internationales jouent un rôle positif au sein des sociétés. Ainsi, Mme Matsuyama pense que ces mouvements de population contribuent à tisser des liens économiques, sociaux et culturels entre les pays.
« A Viagem » met en exergue toutes ces valeurs et les histoires qui y sont contées visent à lutter contre la xénophobie et le sida.
Les histoires illustrées de Luisa et Jose sont disponibles en ligne.
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions