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Les problèmes non résolus menacent la nouvelle démocratie

L’Angola connaît un essor économique depuis la fin de la guerre civile, mais l’Etat doit faire encore plus d’efforts pour que les fruits de sa croissance bénéficient à l’ensemble de la population, ont indiqué des travailleurs humanitaires.

Les vingt-sept années de guerre civile ont coûté la vie à un million d’Angolais et ont fortement pénalisé le développement social. Depuis la fin de la guerre en 2002, la production pétrolière a dopé la croissance économique de l’Angola qui a atteint l’année dernière un taux de dix-huit pour cent.

Et cette croissance est appelée à se confirmer au cours des prochaines années puisque d’ici 2007, la production de pétrole passera de 1,4 million de barils par jour à près de deux millions de barils.

Les Nations unies, les bailleurs de fonds et les organisations non gouvernementales (ONG) ont refermé le chapitre humanitaire et se consacrent désormais à des actions de développement à long terme en renforçant les capacités de l’administration publique et en accompagnant la croissance des entreprises privées angolaises.

Toutefois, tous reconnaissent que l’essor économique du pays fait apparaître de nouveaux problèmes.

« Les solutions humanitaires sont très simples : donner de la nourriture ou des moyens financiers à des ONG internationales ou à des agences des Nations unies, et elles se chargeront de sauver des vies », a déclaré Allan Cain, responsable de l’ONG Development Workshop.

« Mais dans cette étape de la période d’après guerre, les problèmes sont bien plus complexes et font appel à des compétences très différentes, car tant de choses ont été détruites au cours de ces années de guerre. C’est là que ce situent les vrais problèmes », a-t-il ajouté.

« Aujourd’hui, l’Angola a besoin d’une aide massive, pas nécessairement financière, mais d’une aide ciblée. Malgré la manne pétrolière, il reste beaucoup de choses à reconstruire », a-t-il souligné.

Sans une réelle politique garantissant une redistribution équitable des richesses et l’accès à l’éducation et à l’emploi pour tous, des tensions sociales pourraient apparaître en Angola, ont prévenu certains analystes.

« Je ne pense pas que l’Angola sombrera de nouveau dans la guerre, mais les risques de conflit sont bel et bien présents. Les problèmes qui ont conduit l’Angola à la guerre dans les années 1960 et qui ont alimenté le conflit pendant toutes ces années n’ont pas été résolus, notamment les problèmes liés à la terre, aux disparités régionales et à l’extrême pauvreté », a affirmé M. Cain.

« Tous ces problèmes sont éludés à présent car les gens en ont assez de la guerre ; mais, les causes profondes du conflit et de la violence dans le pays n’ont pas été résolues », a-t-il poursuivi.

Pierre-François Pirlot, représentant résident du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Lunda, partage le point du vue d’Allan Cain.

« C’est une situation qui peut dégénérer à moyen ou long terme. Le combat doit être mené sur plusieurs fronts, ce qui est tout à fait normal dans un contexte post-conflit. Il faudra aborder le problème de manière plus systématique », a-t-il expliqué.
Selon le gouvernement, la population commence à ressentir les bienfaits de la croissance économique.

« Les grands projets d’investissement de l’Etat profiteront à la population et dans quelques années on verra de nouvelles routes, des hôpitaux, des écoles, des aéroports, des infrastructures », a indiqué un haut responsable du gouvernement.

Si les bailleurs se sont progressivement désintéressés de l’Angola depuis la fin du conflit, les ONG, elles, continuent de penser qu’il leur reste encore beaucoup de travail à accomplir.

Deuxième producteur de pétrole d’Afrique sub-saharienne après le Nigeria, l’Angola utilise actuellement les milliards de dollars accordés par la Chine sous forme de prêt pour financer principalement la réhabilitation de ses infrastructures. En échange, la Chine reçoit 10 000 barils de pétrole par jour.
Outre les accords bilatéraux, les investissements privés, aussi bien angolais qu’étrangers, affluent en Angola et les entrepreneurs s’intéressent aux diverses ressources dont dispose le pays et au secteur pétrolier, en particulier.

D’importants travaux de reconstruction ont été réalisés et sont visibles à Luanda, la capitale, qui compte de plus en plus de grues et de bâtiments en construction.

Si dans les autres régions, les projets de développement ont mis du temps à se matérialiser, de très grands projets de réfection de routes et de voies ferrées sont à l’étude sur l’ensemble du territoire.

Malgré les accusations persistantes de corruption et de mauvaise gestion des fonds dont fait l’objet le gouvernement, certains reconnaissent que les conditions de vie de la population commencent à s’améliorer.

Cependant, pour certains détracteurs, trop peu d’Angolais bénéficient des retombées de la croissance économique. En effet, la majorité de la population vit dans une extrême pauvreté et l’Angola figure parmi les pays les plus pauvres du monde selon l’index de développement humain des Nations unies.

Alors que le pays envisage d’organiser l’année prochaine les premières élections depuis 1992, le gouvernement veut de toute évidence, par des réalisations concrètes, impressionner les électeurs angolais.

Cependant, pour que ces développements aient des retombées positives et durables, l’Etat doit investir davantage dans les secteurs de la santé et de l’éducation, piliers d’une croissance durable, ont rappelé des observateurs.

« L’éducation et la santé sont des secteurs clé », a souligné M. Pirlot. « L’expérience a montré qu’un pays qui sort d’une guerre doit investir massivement dans ces deux secteurs et consacrer entre douze et quinze pour cent de son budget à chacun de ces secteurs ».

Il est important aussi de s’interroger sur l’intérêt à long terme de certains grands projets en cours de réalisation. « L’Etat est actuellement obsédé par les grands travaux de construction et d’adduction d’eau, et ne prête pas assez attention aux problèmes dans leur globalité », a affirmé un diplomate occidental. « Il construit de nouvelles écoles et des hôpitaux, mais ne pense pas à investir dans la formation (des enseignants, des infirmiers). En fait, la réflexion n'est pas assez poussée ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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