1. Accueil
  2. West Africa
  3. Sierra Leone

L'opposition dénonce des irrégularités dans les inscriptions sur les listes électorales

[The Gambia] Outside the Independent Election Commission, Banjul. [Date picture taken: 09/10/2006] Nicholas Reader/IRIN
Un nouveau quinquennat pour Le Président Jammeh
Apainyassi est Sénégalais. Pourtant, il envisage de voter aux élections présidentielles gambiennes qui auront lieu fin septembre puisqu’il dispose d’une carte d’électeur.

Apainyassi, qui a préféré taire sa vraie identité, affirme avoir une grande sympathie pour son pays adoptif et rien, selon lui, ne pourrait l’empêcher de voter aux prochaines élections.

« C’est ici que je travaille et ici que j’habite maintenant », déclare-t-il en montrant le petit village de Janackquel, à un kilomètre à l’intérieur du territoire gambien, près de la frontière de la Casamance, une région instable du sud du Sénégal.

Dans toute la Gambie, autocollants et affiches électorales appellent les électeurs à voter le 22 septembre prochain pour le président sortant, Yahya Jammeh, le candidat de l’APRC (Alliance for Patriotic Reorientation and Construction), le parti au pouvoir. Le slogan de leur campagne : « Opération sans compromis ».

Selon les candidats de l’opposition, la détermination de l’APRC à assurer la victoire de leur candidat est tel, que certains de ses comités électoraux sillonnent le sud de la Gambie et n’hésitent pas inscrire des étrangers – comme Apainyassi – sur les listes électorales, convaincus que ces derniers voteront pour le Président Jammeh en raison de leurs affinités ethniques.

M. Jammeh a remporté les élections de 2001 avec une courte majorité, ce qui implique que la présence de nouveaux électeurs pourrait avoir un impact majeur sur les prochains résultats.
Apainyassi avoue ouvertement qu’il votera pour Jammeh, parce que, comme le Président, il appartient au groupe ethnique minoritaire des Diolas.

Alhagie Mustapha Carayol, Président de la Commission électorale indépendante (CEI) de la Gambie, a indiqué à IRIN que plus de 94 000 nouveaux électeurs ont été inscrits sur les listes électorales cette année en vue de l’élection présidentielle.

Rejet des accusations

Sam Sarr, représentant du NADD (New Alliance for Democracy and Developement) a accusé le parti du Président Jammeh de délivrer des cartes d’électeur à des Diolas qui ne seraient pas des ressortissants gambiens.

Ousainu Darboe, leader UDP (United democratic Party), le principal parti d’opposition en Gambie, a également déjà fait part de ces récriminations lors d’un entretien accordé à IRIN.
Selon les deux opposants, M. Jammeh a besoin d’une aide extérieure parce que les Diolas sont minoritaires en Gambie, un pays où l’ethnie Mandinka est dominante.

Quant à Yankuba Touray, porte-parole de l’APSC et Secrétaire d’Etat à l’agriculture, il s’est abstenu de commenter les allégations des partis de l’opposition. Lors d’une précédente entrevue avec IRIN, il a déclaré ne pas être au courant des présumées irrégularités concernant la délivrance des cartes d’électeur.

Moussa Diatta, citoyen sénégalais originaire de la Casamance et membre de l’ethnie Diola, a confirmé avoir été recruté par un groupe pro-Jammeh travaillant en Casamance, lors d’une entrevue accordée à IRIN à Serakunda, la deuxième plus grande ville de la Gambie.

« Il y a des comités de soutien qui travaillent dans des villages de la Casamance pour la réélection de Jammeh. Les membres de ces comités arrivent en autobus dans les villages gambiens la veille des élections, puis après avoir voté, ils sont ramenés dans leur village en Casamance », a-t-il déclaré.

Diatta reconnaît que sa famille et lui-même ont des cartes d’identité gambiennes, ce qui leur permet de voter et de vivre légalement en Gambie.

A Oulampane, un autre village du nord de la Casamance, les photos du Président gambien et des affiches électorales de l’APSC sont placardées partout.

Gnantouma Bodian, le chef du village explique que les villageois sont tellement imprégnés des réalités de la Gambie qu’ils se considèrent presque comme des Gambiens.

« Tous les enfants dans cette zone sont nés dans des maternités gambiennes. Leurs mères ne pouvaient pas trouver d’endroit convenable en Casamance, donc elles sont allées accoucher en Gambie. La naissance des enfants a été ensuite enregistrée en Gambie », a-t-il expliqué.

Et même si beaucoup d’enfants d’Oulampane habitent dans leur village, côté sénégalais, la plupart d’entre eux vont à l’école en Gambie, de l’autre côté de la frontière.

Aucun changement

A la Commission électorale gambienne, Carayol dément les irrégularités signalées à propos de la constitution des listes électorales. « Aucun parti de l’opposition n’a contesté ces listes de manière formelle, donc il ne peut y avoir de problèmes », a-t-il déclaré.

Mais les représentants des deux principaux partis d’opposition ont expliqué que le dépôt d’une plainte est une procédure extrêmement complexe et onéreuse. En effet, chaque électeur irrégulier doit d’abord être identifié, puis enregistré auprès de la CEI, le plaignant devant s’acquitter de 25 dalasis (90 cents) pour chaque enregistrement de plainte.

Selon M. Sarr du NADD, « les sommes à payer pourraient atteindre des dizaines de milliers de dalasis compte tenu du nombre d’électeurs inscrits illégalement sur les listes électorales. Et nous ne pouvons pas payer ces sommes ».

Le contrevenant doit ensuite être convoqué devant la commission, une procédure que les partis de l’opposition jugent impossible même à Banjul où il est facile de trouver une adresse.

Or en Casamance comme en Gambie, beaucoup de villages ne figurent même pas sur les cartes géographiques et sont divisés en petits hameaux abritant jusqu’à huit familles à la fois.

Selon Vitalie Muntean, adjoint du représentant résidant des Nations unies en Gambie, cette confusion pourrait être évitée en instaurant un système d’inscription permanente sur les listes électorales, comme cela se fait dans la plupart des démocraties.

« Ainsi, puisqu’il ne s’agit pas d’une opération qui n’a lieu qu’une fois tous les cinq ans, les procédures seraient plus transparentes et la CEI ne serait pas débordée de travail », a expliqué M. Muntean. « Le système ici en Gambie a besoin d’être revu et amélioré ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join