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Exode des populations du sud Niger vers le Nigeria pour échapper à la crise alimentaire

[Niger] Malnourished child in the MSF supplementary feeding centre in Keita, Tahoua region, Niger, June 2005.
Liliane Bitong Ambassa/IRIN
Un enfant sous-alimenté dans un centre de nutrition thérapeutique
Des groupes d’hommes, de femmes et d’enfants ayant fui le sud du Niger sont arrivés au Nigeria pour échapper aux conséquences du déficit céréalier et à la famine qui sévit dans leur pays, ont indiqué les services nigérians de l’immigration.

Après la grande sécheresse et l’invasion acridienne de 2004, près de 3,6 millions de personnes doivent faire face à une crise alimentaire au Niger, un pays enclavé qui compte parmi les nations les plus pauvres de la planète.

« De plus en plus de nigériens passent nos frontières et entrent au Nigeria », a confié à la presse lundi Suleiman Kangiwa, le responsable des services de l’immigration de l’Etat de Katsina, dans le nord du Nigeria.

« De toute évidence, ils fuient la famine qui sévit dans leur pays et pensent s’en sortir ici, au Nigeria », a-t-il ajouté.

Au Niger, les greniers sont vides. Certes, des denrées alimentaires sont disponibles sur les marchés, mais leurs prix ont doublé et ne sont pas à la portée de la majorité des ménages.

De nombreuses personnes ne peuvent avoir seul repas par jour ou mangent des feuilles, et les travailleurs humanitaires soignent de plus en plus d’enfants souffrant de malnutrition. Près d’un quart des 12 millions de personnes que compte le pays risque d’être confronté à la famine.

Kangiwa s’est refusé à donner des chiffres précis ; mais selon un agent des services de l’immigration, quelques 100 personnes passent la frontière chaque jour et certains empruntent des chemins détournés pour entrer illégalement au Nigeria, plutôt que de traverser la frontière officielle.

Selon Kangiwa, seules les personnes en règle seront autorisées à rester. Les autres seront expulsées.

« Nous devons faire respecter la réglementation, si nous ne voulons pas créer une crise chez nous », a-t-il expliqué.

Il existe de nombreuses similitudes linguistiques et culturelles entre les habitants du sud du Niger et ceux du nord du Nigeria. Pour la plupart, ils appartiennent à l’ethnie haoussa et, selon les travailleurs humanitaires opérant dans les régions frontalières, les mouvements de population transfrontaliers sont fréquents.

Généralement, les ressortissants nigériens émigrent vers le Nigeria, pays producteur de pétrole, pendant la saison sèche pour gagner de l’argent en travaillant comme cordonniers, agents de sécurité et vendeurs ambulants. A la saison des pluies, entre avril et septembre, ils retournent chez eux pour cultiver leurs champs et superviser les récoltes.

Mais certains de ces immigrants se plaignent actuellement que la situation au Niger pourrait les contraindre à rester sur place cette année. D’autres, en revanche, seraient tentés de demander à leur famille de venir les rejoindre dans le sud du Nigeria.

« Chaque année je viens travailler ici et retourne pendant la période des récoltes », a indiqué Idris Mohammed, originaire de la ville de Zinder, au sud du Niger, et vendeur de sachets d’eau à Kano, la plus grande ville du nord du Ngeria.

« Cette année, je ne peux pas rentrer chez moi. Un parent vient d’arriver du pays et m’a dit qu’il n’y a pas eu de pluies », a-t-il expliqué.

Des autorités nigériennes pas informées des mouvements de population

Alors que les agents des services nigérians de l’immigration tiraient la sonnette d’alarme, les autorités locales, au Niger, indiquaient qu’elles n’étaient pas informées de l’exode des populations vers le sud.

« Nous n’avons aucune information en provenance de la frontière sur l’exode des populations » a indiqué Habou Mahaman, un fonctionnaire de la région de Maradi, une ville frontalière de l’Etat de Katsina au Nigeria. « Personne ne nous en a parlé ».

Seidou Bakari, le coordinateur de la cellule crise alimentaire du gouvernement, a également exprimé son étonnement à propos des informations en provenance du Nigeria.

« Je ne dirai pas que cela est impossible, mais nous n’avons pas été informés de tels mouvements de population », a-t-il confié au téléphone à IRIN, depuis la capitale Niamey.

« Avec le début de la saison des pluies, les personnes qui étaient allées rechercher du travail dans les villes rentrent chez elles pour cultiver leurs champs. Il serait donc surprenant qu’elles abandonnent leurs champs maintenant », a-t-il ajouté.

A en croire les travailleurs humanitaires, la crise alimentaire va s’accentuer au cours des prochains mois, avant le début des prochaines récoltes, vers fin septembre. Et même à cette période, il n’est pas dit que la situation s’améliorera.

« Si les récoltes de septembre sont bonnes, cette crise alimentaire sera surmontée. Dans le cas contraire, ce sera une catastrophe », a expliqué Bakari.

Pour que les paysans aient les ressources physiques nécessaires pour cultiver leurs champs, le gouvernement du Niger envisage de lancer un programme de distribution de vivres, appelé "crédit de campagne", en faveur de quelque deux millions de personnes.

« Pour assurer le succès de la prochaine récolte, nous allons donner à chaque paysan et éleveur 50 kilos de riz en juillet et 50 kilos de sorgho en août. Après les récoltes, ils nous rembourseront en nous donnant cinq kilos de mil », a déclaré Bakari.

Bakari et les organisations non gouvernementales telles que Médecins Sans Frontières, Oxfam et Action contre la faim, ont critiqué les pays occidentaux pour le peu d’empressement dont ils ont fait montre face à l’appel de fonds lancé par les Nations unies.

A la mi-mai, les Nations unies avaient lancé un appel de fonds urgent pour solliciter 18,3 millions de dollars ; mais, la semaine dernière, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) indiquait que seuls 2,7 millions de dollars, soit 15 pour cent du mondant demandé, avaient été recueillis.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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