Le centre de conseil et de dépistage volontaire de l’Ecole de médecine tropicale de Liverpool (LVCT en anglais), par exemple, est ouvert aux MSM depuis 2003. Il propose un éventail de services, de l’information sur le sexe à moindre risque au traitement antirétroviral (ARV), en passant par le conseil et le dépistage volontaire.
Compte tenu de la forte stigmatisation et de la dénégation qui entourent l’homosexualité, il est littéralement impossible pour les MSM de s’informer ouvertement sur le VIH ou de débuter un traitement. En conséquence, cette population continue à adopter des comportements sexuels à risque.
«Il existe un lien étroit entre le VIH et la sexualité hétérosexuelle pour la reproduction», a déclaré Angus Parkinson, coordonnateur des services destinés aux MSM du LVCT.
Cela «crée l’illusion que les comportements sexuels non reproductifs, comme les rapports oraux ou anaux, ne présentent aucun risque de contamination par le VIH. Et c’est la raison pour laquelle peu de services de prévention s’adressent à la population homosexuelle au Kenya», a-t-il ajouté.
Seulement O,1 pour cent des hommes reçus au LVCT confient avoir eu des rapports sexuels avec un autre homme, a indiqué M. Parkinson. En réalité, le pourcentage est nettement supérieur.
«D’après les résultats de diverses études menées dans différents pays, entre cinq et dix pour cent de la population masculine mondiale a eu une expérience homosexuelle», a affirmé Angus Parkinson.
Une ignorance dangereuse
Le LVCT et Iishtar MSM, une organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits des MSM au Kenya, sensibilisent la population homosexuelle aux rapports sexuels à moindre risque et à l’utilisation correcte et systématique du préservatif.
Une étude menée en 2005, par le Conseil de la population, sur les MSM à Nairobi, la capitale kenyane, a révélé que 75 pour cent des personnes interrogées avaient utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel avec un autre homme.
Cependant, l’utilisation correcte du préservatif constitue un problème de taille. En effet Emmanuel Ilamau, coordonnateur national de Iishtar MSM, a indiqué que les lubrifiants à base d’eau n’étaient ni bon marché ni produits localement et que par conséquent, beaucoup d’hommes utilisaient de l’huile pour bébé ou des lubrifiants à base d’huile, qui peuvent endommager le préservatif.
D’après le rapport rédigé par le Conseil de la population, seulement 26 pour cent des personnes interrogées savaient que seuls des lubrifiants à base d’eau pouvaient être utilisés avec des préservatifs en latex.
Iishtar apprend à ses membres à utiliser correctement les préservatifs et les lubrifiants. L’ONG distribue gratuitement des préservatifs, mais par faute de fonds, elle n’est pas en mesure d’offrir des lubrifiants.
«Je trouve immoral de distribuer des préservatifs sans lubrifiants», a confié M. Ilamau.
En outre, les MSM ont des partenaires sexuels multiples et ont également des rapports sexuels avec des femmes, exposant ainsi un large groupe de personnes aux risques de contamination par le VIH/SIDA.
Selon le rapport du Conseil de la population, nombreux sont les MSM à avoir des partenaires sexuels multiples : 79 pour cent des personnes interrogées ont indiqué avoir eu au moins deux partenaires sexuels différents au cours de l’année précédente et 30 pour cent d’entre elles ont confié «ne plus se souvenir du nombre exact de partenaires.»
Une société qui n’est pas prête à accepter les MSM
Ishtar propose à ses membres des services de soutien et de conseil sur les rapports sexuels à moindre risque, mais beaucoup d’hommes hésitent à adhérer à l’organisation car très peu d’entre eux admettent avoir des rapports sexuels avec d’autres hommes.
L’ONG compte 75 membres, mais attire en général davantage de personnes lors d’événements spéciaux.
Toujours selon le même rapport, au cours des douze mois précédant l’enquête, 22 pour cent des hommes interrogés ont été victimes de violence verbale, physique ou sexuelle après que d’autres personnes ont découvert qu’ils avaient des relations sexuelles avec des hommes.
«Au Kenya, les MSM sont victimes de stigmatisation et de discrimination», a déploré M. Ilamau.
Au Kenya, l’homosexualité est un crime passible de cinq à quatorze années de prison. Par conséquent, il est difficile pour le gouvernement et les ONG de proposer des programmes de sensibilisation au VIH/SIDA à ce groupe de population.
Les conservateurs et la droite religieuse, pour qui l’homosexualité va à l’encontre des principes religieux et des valeurs africaines, refusent de modifier la loi.
«Il y a un solide argument de santé publique qui milite en faveur d’une modification de la loi, mais celui-ci pourrait être battu en brèche par un argument religieux et moral plus persuasif qui plaiderait pour le maintien du statu quo. C’est un problème politique», a souligné Angus Parkinson du LVCT.
Toutefois, de timides progrès sont en train d’être accomplis.
«Ce groupe [les MSM] est désormais inclus dans notre plan stratégique et nous aidons les organisations qui s’adressent aux MSM», a rappelé Stephen Malai du Conseil national de lutte contre le sida. «Nous aidons les organisations à distribuer des préservatifs et à sensibiliser les MSM aux rapports sexuels protégés.»
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