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Assurer la confidentialité pour promouvoir le dépistage

La confidentialité du résultat est un droit pour les personnes qui se font dépister au VIH, et une garantie de succès des programmes de prévention de l’épidémie, a rappelé un activiste connu de la lutte contre le sida au Congo. Ambroise Momona, plus connu sous le nom de ‘Grand Moutchatcho’, vit avec le virus depuis 17 ans, et ne se soucie plus guère du quand dira-t-on. Mais dans ce pays d’Afrique centrale, où la lutte contre le VIH/SIDA peine à s’organiser après six années de conflits civils meurtriers, nombreux sont ceux qui souffrent des indiscrétions des médecins et du personnel soignant. «Beaucoup de gens se plaignent du fait que leur confidentialité n'est pas garantie dans certains centres. Or, qui d'autres en dehors des agents de santé pouvons-nous accuser si les résultats des tests sont dévoilés ?», s'est-il interrogé. «Souvent, les médecins et autres agents informent parents, amis et bien d'autres gens.» Au Congo, seuls deux centres de dépistage anonyme et volontaire (CDV) garantissent la confidentialité des tests de dépistage, celui de Bissita, dans le sud de la capitale Brazzaville et celui d’Ex-Adventiste, au nord, a précisé M. Momona, qui préside l’association Vivre Plus, qui rassemble des personnes vivant avec le VIH, et leur Réseau national, le Renaplus. . «C’est dommage ! Une fois le patient sorti du centre de dépistage, son statut sérologique est le plus souvent dévoilé. Dans le contexte qui est le nôtre, miné par la discrimination et la stigmatisation, ce n’est pas une bonne chose», a-t-il expliqué. «Beaucoup de gens dépistés positifs se sont laissés abattre à cause des regards stigmatisants des autres», a ajouté Ambroise Momona, 60 ans cette année. Le Congo ne s’est doté d’un programme national de prise en charge des personnes vivant avec le VIH qu’en juin 2003, alors que 4,2 pour cent de ses 3,1 millions d’habitants étaient déjà infectés. Mais jusqu’à présent, Brazzaville n’abrite que trois centres de dépistage, dont un assure également la prescription des médicaments antirétroviraux (ARV). La ville de Pointe-Noire, le centre névralgique de ce pays pétrolier, situé sur la côte atlantique, ne possède quant à elle qu’un centre de traitement et de dépistage du sida. Aucun centre de dépistage et d’information n’est disponible pour les habitants des départements de la Lékoumou et du Niari, dans le sud-ouest du pays, pourtant très touchés par l’épidémie de sida avec des taux d’infection dépassant neuf pour cent de la population. Les populations qui souhaitent se faire dépister doivent donc se rendre dans les établissements hospitaliers, dont le personnel est peu préparé à accueillir ce type de patients et à respecter leurs droits. Or, pour Ambroise Momona, «assurer la confidentialité est nécessaire pour inciter les gens à se faire dépister». Sans cela, «les gens disposés à le faire vont s’abstenir et beaucoup décéderont : la protection contre le VIH commence par le dépistage.» Grand Moutchacho s’est souvenu comment, un matin d’octobre 1989, un médecin lui a annoncé la nouvelle : «Cela a été brutal. On m’a dit que j’étais séropositif. Je ne comprenais rien du tout mais le plus dur allait commencer: il fallait le faire savoir à mon épouse.» A la différence de nombreuses personnes vivant avec le VIH/SIDA et membres de Vivre Plus, la famille Momona ne «s’est pas disloquée», a-t-il expliqué. Alors qu’une séance de conseil et d’information permet de préparer le candidat au dépistage et son entourage à un résultat qui peut être mal vécu, la plupart des structures de santé qui dépistent le VIH au Congo peuvent divulguer un secret que la famille peut ne pas admettre, a poursuivi l’activiste. «Ma femme a finalement accepté de faire un test, qui s’est révélé négatif. C’est toujours le cas à ce jour», a raconté Grand Moutchatcho, avouant qu’il avait «craint une séparation». Ce dont il souffre le plus, a-t-il confié, c’est la discrimination dont elle est victime dans le quartier, «du fait qu’elle vit avec une personne vivant avec le VIH. C’est déplorable». Pour le docteur Daniel Yekolo, du CDV de Bissita, la confidentialité est une notion indispensable dans le contexte congolais. «Nous ne pouvons donner les résultats qu’à la personne qui a demandé à faire le test, même pas aux parents», a-t-il expliqué. «Des patients grabataires nous ont parfois interdit de livrer les résultats aux parents autour de lui. Nous ne le faisons qu’avec le consentement de celui qui a demandé.» Pour favoriser le développement de telles pratiques, la Banque mondiale a exigé que le Congo augmente le nombre des CDV disponibles sur le territoire national, qui passeront de quatre à 10 fin 2006 et à 15 fin 2007, pour voir sa dette définitivement effacée par ses partenaires multilatéraux. Cette exigence de santé publique s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’Initiative renforcée en faveur des pays très endettés (PPTE), au terme de laquelle le Congo obtiendra une réduction de 61 pour cent de sa dette.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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