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Les détenus souvent privés d’accès aux services VIH/SIDA

Lorsque George Okoth a été arrêté pour meurtre l’année dernière, puis placé en détention provisoire dans la prison principale de Kitale, dans l’ouest du Kenya, il était squelettique. Aujourd'hui, cet homme de 37 ans fait partie des rares prisonniers qui bénéficient d'un traitement antirétroviral (ARV) et il a retrouvé l’appétit. Les rares fois qu’il peut parler au gardien, George Okoth (un nom d’emprunt) demande aussitôt si l’on ne peut pas lui servir un repas plus riche que l’habituelle ration de maïs et de haricots. «Si vous pouviez me donner, de temps en temps, quelques fruits et un peu plus de nourriture, je vous en serais reconnaissant.» Alors que le système carcéral kenyan est prévu pour accueillir quelque 16 000 prisonniers, plus 50 000 personnes vivent entassées dans les prisons du pays, dans des conditions insalubres, propices à la propagation du VIH/SIDA. En dépit de ce risque reconnu, la population carcérale a un accès limité aux services de conseils et de dépistage volontaire ou au traitement ARV. La prison de Kitale abrite une population d’environ 1 200 hommes et femmes et n’est approvisionnée en kits de dépistage du VIH et en traitements ARV que grâce à des organisations non gouvernementales (ONG). «Nous savons que le gouvernement a mis en place des programmes de lutte contre le VIH/SIDA avec le soutien du Centre de contrôle des maladies [du gouvernement américain]», a déclaré Bernard Kipsangut, chef des services sociaux de l’hôpital. «Mais les prisons locales comme la nôtre ne bénéficient pas de ces programmes.» Actuellement, dix détenus suivent une thérapie ARV, mais les responsables de la prison ont indiqué qu’ils n’avaient aucun moyen de savoir combien d’autres personnes avaient besoin de suivre un traitement. «Nous recevons les kits de dépistage du centre de conseils et de dépistage volontaire de Handicap International, des médicaments de AMPATH, un programme mis en place par l’Université Moi [qui se trouve à proximité de la prison]», a déclaré John Onega, le conseiller VIH/SIDA de la prison. Les détenus ont été informés sur le VIH et veulent subir un test de dépistage mais John Onega n’a pas assez de kits pour répondre à la demande. Depuis que la prison a lancé son programme de dépistage volontaire en 2003, plus de 600 prisonniers se sont faits dépister. «Parfois, j’arrive avec une quarantaine de kits, et lorsque je n’en ai plus il y a encore plein de prisonniers qui attendent leur tour. Je ne sais pas comment leur expliquer que je n’ai plus de kits», a-t-il déploré. «C’est inutile de conseiller quelqu’un de connaître son statut sérologique si l’on ne peut pas l’aider à le connaître.» Pas de lieu de rencontre et de discussion Les prisonniers séropositifs n’ont pas les moyens de payer les traitements proposés par les hôpitaux, situés à proximité de la maison d’arrêt. Lorsqu’ils sont renvoyés à la prison après avoir subi une opération ou après avoir été placés quelques temps en observation, les détenus savent qu’ils vont mourir dans leur cellule. «Lorsque George Okoth est revenu de l’hôpital en mars dernier, il a été renvoyé ici pour finir ses jours», a raconté Bernard Kipsangut. «Nous avons fait en sorte qu’il suive scrupuleusement le traitement qui lui avait été prescrit, et de temps à autre, nous lui avons donné des fruits. Son état de santé s’est nettement amélioré depuis - avant il ne pouvait même plus marcher.» George Okoth n’a jamais parlé de sa séropositivité à sa femme et à ses enfants. «Si l’on avait un endroit où accueillir et conseiller les prisonniers, ces derniers parleraient plus ouvertement et les services de conseils et de dépistage volontaire fonctionneraient mieux», a estimé Bernard Kipsangut. «Aujourd’hui, si George Okoth voulait annoncer à sa femme qu’il est séropositif, il devrait le faire devant tout le monde.» Le personnel carcéral et la communauté locale pâtissent comme les prisonniers du manque de services dans le domaine du VIH/SIDA. «Environ 500 personnes travaillent au sein de la prison, dont la plupart a une famille. Nous aidons également la population locale qui vient voir nos agents de santé lorsqu’elle a besoin d’une assistance médicale», a-t-il expliqué. «Si nous disposions d’un centre de conseils et de dépistage volontaire et d’un service de traitement, nous pourrions aider l’ensemble de la communauté.» La prison refuse de conseiller l’utilisation du préservatif aux prisonniers, qui ont des rapports sexuels entre eux, mais elle les encourage à demander des conseils, à se faire dépister et à révéler leur statut. «Bien que nous sachions qu’un grand nombre de détenus ont des relations homosexuelles, nous ne pouvons leur distribuer des préservatifs car cela reviendrait à leur donner le droit de continuer de pratiquer un acte qui est répréhensible au Kenya», a souligné Bernard Kipsangut. John Onega et son équipe informent les hommes et les femmes sur l’importance de l’utilisation du préservatif en dehors de la prison, encouragent les prisonniers séropositifs à vivre positivement et sensibilisent les autres sur les moyens de se protéger contre le virus. «A la fin de la journée, bien que ces hommes et femmes aient commis des délits, et parfois même des crimes capitaux, ils demeurent des êtres humains qu’il faut soigner», a conclu Bernard Kipsangut.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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