Des progrès encore trop timides – Onusida

La propagation de l’épidémie de VIH/SIDA ralentit à l’échelle mondiale mais en Afrique australe, l’avenir reste sombre, a indiqué le rapport mondial 2006 du Programme commun des Nations unies sur le sida (Onusida). Un tiers des personnes mortes à cause du sida en 2005 se trouvait en Afrique australe. A l’exception de l’Angola, le taux de prévalence du VIH/SIDA est «exceptionnellement élevé» dans cette région. «Globalement, la majorité des épidémies semblent se stabiliser, mais dans cette région du monde, nous ne pouvons constater une telle stabilisation», a observé Mark Stirling, directeur régional d’Onusida pour l’Afrique de l’Est et australe, à l’occasion de la publication du rapport à Johannesburg, en Afrique du Sud. Selon le dernier «Rapport sur l’épidémie mondiale de sida», publié tous les deux ans, 38,6 millions de personnes vivaient avec le VIH dans le monde en 2005 et 4,1 millions ont été contaminées par le virus. Parmi les nouvelles tendances significatives, il convient de noter la forte baisse de la prévalence nationale du VIH au Zimbabwe - baisse accompagnée de changements de comportement : recours accru au préservatif, partenaires moins nombreux et début de l’activité sexuelle différé. Cependant, ces signes d’amélioration ne sont pas visibles dans les autres pays de la région. En effet, au Swaziland, par exemple, le taux de femmes enceintes se rendant dans les services de soins prénatals est passé de quatre pour cent en 1992 à 43 pour cent en 2004. Le rapport a également souligné la féminisation actuelle de l’épidémie. Les femmes représentent 59 pour cent de l’ensemble des personnes adultes séropositives en Afrique subsaharienne, a rappelé Mark Stirling. Il a reconnu que les éléments indispensables pour lutter efficacement contre la maladie étaient en place, mais qu’il était désormais nécessaire d’intensifier la riposte en adoptant des démarches plus stratégiques et viables à long terme. Cependant, des progrès ont été accomplis : six pays africains sur 11 ont annoncé une baisse de 25 pour cent de la prévalence du VIH parmi les jeunes âgées entre 15 et 24 ans dans les capitales ; dans neuf pays d’Afrique subsaharienne sur 14, les jeunes ont moins de rapports sexuels. «Pourtant, la riposte au VIH comporte encore de graves lacunes. Les services destinés à prévenir les infections à VIH chez les nourrissons font toujours défaut, et neuf pour cent seulement des femmes enceintes en bénéficient sur le plan mondial», a indiqué le rapport. L’accès au traitement antirétroviral (ARV) s’est fortement élargi, a noté le document. Entre 2001 et 2005, le nombre de personnes sous thérapie antirétrovirale dans les pays à faible ou moyen revenu est passé de 240 000 à 1,3 million environ. «A la fin de 2005, 21 pays avaient atteint ou dépassé l’objectif de l’initiative ‘3 millions d’ici 2005’[de l’OMS], visant à fournir un traitement à la moitié au moins de ceux qui en ont besoin. Le coût des ARV a fortement chuté, les systèmes de distribution se sont améliorés et les médicaments génériques sont désormais disponibles », a-t-il ajouté. Le rapport de l’Onusida a été publié la veille de la session spéciale de l’Assemblée générale des Nations unies (UNGASS en anglais) sur le VIH/SIDA, qui se tient du 31 mai au 2 juin à New York. L’UNGASS fait le point sur les progrès accomplis et les objectifs atteints par les pays signataires de la Déclaration d’engagement, adoptée en 2001 par l’Assemblée générale. Selon le rapport, de nombreux pays ne sont pas parvenus à tenir leurs promesses. «Nous nous trouvons à une étape importante de la lutte contre le sida, les actions et les résultats sont plus importants que les discours», a déclaré le docteur Peter Piot. «Les résultats obtenus dans la lutte contre le sida doivent être évalués, étudiés et améliorés.»