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Les autorités et l’ONU enquêtent après un rapport sur des abus sexuels

[Liberia] A young girl watches as food is poured into her bag. The food is distributed to Liberian IDP's displaced by years of warfare. [Date picture taken: 2005/07/08] IRIN
Cette jeune fille reçoit de la nourriture tandis que d’autres doivent avoir des relations sexuelles pour manger
Le gouvernement libérien et les Nations unies se sont dits déterminés à lutter contre l’exploitation sexuelle des femmes et des fillettes au Liberia, un pays où ces pratiques continuent d’alimenter la propagation du VIH/SIDA. Selon un rapport de l’organisation internationale Save the Children, publié lundi, de nombreuses jeunes filles libériennes auraient des relations sexuelles avec des responsables du gouvernement, des membres des forces de maintien de la paix et des travailleurs humanitaires, en échange d’argent, de nourriture ou de services. Save the Children a affirmé que des responsables travaillant dans des camps de réfugiés, des soldats de la paix, des fonctionnaires et des enseignants avaient usé de leur autorité pour avoir des rapports sexuels avec des fillettes, dont certaines avaient à peine huit ans. «Toutes les communautés et les habitants des camps de réfugiés ont évoqué l’étendue du problème et la résignation croissante des adultes et des enfants face au fait qu’avoir des relations sexuelles contre de l’argent, des services ou comme moyen de survie était [progressivement] devenu une option banale pour les enfants, pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles», a expliqué Save the Children. Le gouvernement du Liberia dit prendre ces conclusions très au sérieux. «Le rapport sera étudié de près et le ministère de la Justice se chargera de poursuivre les personnes qui ont commis de tels actes contre les jeunes filles de notre pays», a déclaré Mohammed Sheriff, ministre-adjoint à la Santé. «Nous sommes confrontés à un grave problème.» Dans un pays marqué par 14 ans de guerre civile, pendant laquelle le viol massif a été utilisé comme une arme par toutes les factions combattantes, ce rapport inquiète d’autant plus que les connaissances des populations sur le sida sont généralement faibles et les comportements sexuels à risque très répandus. Selon une enquête du Fonds des Nations unies pour l’enfance, Unicef, menée début 2005, plus d’un tiers des personnes interrogées dans le comté de Lofa, au nord-ouest du pays, n’avaient jamais entendu parler du sida. Les autorités libériennes estiment le taux de séroprévalence à 8,2 pour cent de la population, contre 5,9 pour cent selon les Nations unies. La Minul mène l’enquête Dans cette enquête menée auprès de jeunes âgés entre 10 et 25 ans, on apprenait que 90 pour cent des personnes interrogées savaient que le VIH pouvait se transmettre lors des relations sexuelles, mais seulement un jeune sur 10 avait utilisé un préservatif au cours de ses premiers rapports sexuels. En réponse au rapport de Save the Children, la Mission des Nations unies au Liberia (Minul), qui compte aujourd’hui quelque 15 000 soldats de maintien de la paix, a rappelé lundi qu’elle ne tolérait aucune forme d’exploitation et qu’elle avait commencé à mener sa propre enquête. «Des enquêteurs de l’unité de discipline et de conduite ont été immédiatement dépêchés dans les zones où les crimes allégués ont eu lieu», a déclaré lundi la Minul dans un communiqué. «Cette équipe appliquera la politique de tolérance zéro des Nations unies. Toute preuve d’exploitation ou d’abus sexuel sera traitée par des systèmes d’investigation compétents». Les Nations unies ont précisé que des Casques bleus en mission en Bosnie, au Cambodge, en République démocratique du Congo (RDC), au Timor oriental, au Kosovo et dans des pays de l’Afrique de l’Ouest avaient déjà été accusés d’abus sexuels. Bien que des allégations similaires aient été déjà formulées dès le déploiement des premières missions de maintien de la paix des Nations unies, il y a un demi-siècle, le scandale avait été dévoilé que l’année dernière lorsque les Nations unies ont découvert que des Casques bleus en mission en RDC avaient des rapports sexuels avec des femmes et des jeunes filles contre de l’argent et de la nourriture. Selon les responsables des Nations unies au Liberia, huit plaintes pour exploitation et abus sexuels ont été déposées contre certains employés des Nations unies depuis le début de l’année 2006. Un des Casques bleus a été reconnu coupable et a été «suspendu de ses fonctions sur le champ». Un employé d’une autre organisation a également été reconnu coupable si bien que la Minul a cessé de travailler avec l’organisation en question. Une justice désespérément lente La plupart des affaires sont en cours d’investigation, avait déclaré Minul à la veille de la publication du rapport de Save the Children. Mi-avril, la Minul a publié les résultats d’une enquête d’opinion publique sur la manière dont les Libériens considéraient les activités des forces de maintien de la paix dans le pays. Plus d’une personne interrogée sur cinq a fait part de ses inquiétudes vis-à-vis des abus sexuels commis par les Casques bleus. «Environ 22 pour cent des personnes interrogées ont indiqué que certains Casques bleus avaient violé des femmes et des enfants et encouragé les jeunes filles à se prostituer, les contraignant d’arrêter d’aller à l’école», ont indiqué les résultats de l’enquête. Selon le Liberia Women Media Action Committee, l’une des principales organisations de lutte contre l’exploitation et les abus sexuels du Liberia, les jeunes filles sont également victimes d’abus sexuels dans les écoles. «Il y a une affaire en cours dans le comté de Maryland [dans le sud-est du Liberia] qui met en cause un professeur qui aurait eu des rapports sexuels avec des étudiantes», a déclaré Estella Nelson, responsable de l’organisation. «Nous avons reçu le rapport et voulons que le gouvernement agisse pour que cessent ces pratiques.» A fin de lutter contre l’exploitation et les violences sexuelles, et ainsi limiter la propagation du VIH/SIDA, le gouvernement libérien a voté en décembre dernier une loi faisant du viol un délit. Avant l’adoption de ce texte, seul le viol collectif était considéré comme un acte illégal. Mais les organisations de défense des droits de l’homme sur le terrain ont constaté que les poursuites judiciaires pour viol restaient désespérément lentes. Selon Loïs Bruthus, la présidente de l’Association des femmes juristes du Liberia (Afell), sur les 110 affaires de viols ayant fait l’objet d’une instruction judiciaire depuis l’adoption de la loi, seules cinq vont passer en jugement, une procédure si lente qu’elle perd toute valeur aux yeux des victimes.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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