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Les victimes de viol trop souvent privées d'accès aux soins contre le sida

[Kenya] Hodan, Rebecca, Fatuma, ZamZam, Amal, Sarah and Roda - Somali and Sudanese schoolgirls at Ngundeng Primary School, Kakuma Refugee Camp, northwestern Kenya. IRIN
Young Somali and Sudanese girls at Kakuma
Après une journée passée dans son échoppe du marché Kawangware, à Nairobi, Margaret ne se doutait pas qu'elle allait se souvenir de ce jour toute sa vie : ce soir-là, Margaret s'est fait violer. Surnommée affectueusement 'wa-Ben' (maman de Ben) par ses collègues du marché, Margaret rentrait chez elle, à la tombée de la nuit, lorsqu'un homme lui porta un coup à la tête avec un objet pointu. Elle fut traînée dans les buissons, étranglée avec son propre sarong puis violée. «Il m'a dit de ne pas faire de bruit, sinon il allait me tuer. J'ai pensé à mes enfants et j'ai obéi», a-t-elle confié. «Je me souviens qu'il a été très violent avec moi, il m'a fait très mal.» Des histoires de sévices sexuels, comme le viol ou l'abus de mineurs, sont monnaie courante dans les journaux du Kenya. Selon une enquête sanitaire et démographique menée en 2003, 16 pour cent des femmes âgées entre 15 et 49 ans ont été victimes de sévices sexuels, dont 13 pour cent au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête. Les violences sexuelles décuplent les risques de transmission du VIH, en raison des saignements et des déchirures dont souffre la victime. En outre, au cours d'un viol, il y a pénétration répétée et la personne violée ne peut négocier l'utilisation du préservatif avec son agresseur. Selon le Conseil national de lutte contre le sida, environ quatre pour cent des adolescents séropositifs ont été contaminés au VIH suite à des actes de violence sexuelle. «Ces chiffres sont très bas, car peu de personnes portent plainte après avoir subi des sévices», a expliqué Evelyn Wanjiku, responsable sanitaire du centre de conseils et de dépistage volontaire Liverpool de Nairobi. «Le système d'enregistrement des plaintes ne rend pas compte de la réalité. En effet, les victimes de viol craignent d'être stigmatisées si elles portent plainte.» D'autre part, l'impunité dont bénéficient trop souvent les auteurs de ces violences au Kenya découragent les victimes, certains agresseurs se faisant à peine 'taper sur les doigts' avant d'être relâchés, ont déploré des activistes de la lutte contre les violences sexuelles. Margaret n'est pas allée porter plainte à la police ou auprès des travailleurs sanitaires, car elle ne voulait pas subir l'interrogatoire qui aurait ravivé de mauvais souvenirs. Elle craignait également d'être publiquement humiliée. Par conséquent, comme des milliers d'autres personnes qui sont victimes de sévices sexuels, elle n'a pas eu accès à la prophylaxie post-exposition (PEP, en anglais), qui permet d'éviter de contracter le VIH. Elle ne sait d'ailleurs toujours pas si elle a été infectée ou non. La PEP est un traitement antirétroviral de 28 jours, dont le but est d'empêcher la contamination après une exposition présumée au VIH. Le traitement doit être pris dans les 72 heures qui suivent l'exposition. Lorsqu'il est suivi correctement, il permet de réduire les risques de contracter le virus, après un viol, d'environ 80 pour cent. «Si les victimes ne se rendent pas dans nos services dans les 72 heures qui suivent le viol, nous pouvons uniquement soigner les autres blessures car il est trop tard pour commencer un traitement PEP», a précisé le docteur Juma Mwangi, coordinateur de la santé reproductive auprès du ministère de la Santé. Améliorer les services de soins et punir les violeurs Bien que des efforts aient été déployés afin que la plupart des hôpitaux publics puissent prodiguer des soins complets aux victimes de viol, les médicaments et le personnel capable de proposer des conseils et d'administrer de la PEP font défaut. En outre, peu d'hôpitaux proposent ce service gratuitement. Par conséquent, dans un pays où plus de la moitié de la population vit avec moins d'un dollar américain par jour, des milliers de victimes de viol ne peuvent en bénéficier. «Des services de prise en charge destinés aux victimes de sévices sexuels ont été mis en place au Kenya. Mais ces services ne sont pas coordonnés, tout dépend de l'établissement et des personnes intéressées», a déclaré Evelyn Wanjiku. «Ces services doivent être améliorés et offerts dans un seul et même endroit.» Les conseils, qui font partie des services indispensables à proposer aux victimes de viol, font aussi défaut. Un rapport publié en 2003 par le centre de conseils et de dépistage volontaire de Liverpool a indiqué que la plupart des hôpitaux publics ne disposaient pas de personnel qualifié capable de fournir des conseils sur le VIH/SIDA. Les activistes se battent également pour que justice soit rendue aux personnes victimes de sévices sexuels. Actuellement, un projet de loi sur cette question est débattu devant le parlement kenyan. Si le projet est adopté, les violeurs et les agresseurs seront plus sévèrement punis, de nouveaux délits sexuels seront reconnus par la loi et les victimes bénéficieront d'un accès au traitement, dont un service de conseils financé par le gouvernement. Le ministère de la Santé travaille depuis 2005 avec ses partenaires afin d'étendre et d'améliorer l'accès aux services, notamment pour les femmes qui n'ont pas les moyens de payer les soins. «Nous allons également démarcher auprès des hôpitaux privés et nous leur demanderons de ne pas faire payer les patientes victimes de viol», a déclaré le docteur Margaret Meme, responsable du programme sur la question des genres auprès du ministère de la Santé. «Ces femmes ont été violées, elles ont également été volées, comment voulez-vous qu'elles paient les soins?»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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