1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Zimbabwe
  • News

Des animateurs et des DJ s’engagent pour le préservatif et le dépistage du VIH

[Senegal] A young man is listening to the radio, like 80 percent pf the Senegalese population. [Date picture taken: 03/16/2006] Pierre Holtz/IRIN
La radio est un medium écouté par 80 pour cent des Sénégalais, notamment les jeunes
S’il y a des vedettes que les jeunes Sénégalais écoutent ce sont bien les ‘disc-jokey’, les animateurs et les présentateurs de télévision et de radio, a noté Vincent Hazoume, ancien DJ lui-même, à l’origine d’un réseau destiné à informer les adolescents des modes de prévention des infections sexuellement transmissibles, dont le sida. Le Réseau des DJ (pour Disc Jockey) et des animateurs de radio et de télévision contre le VIH/SIDA au Sénégal (Rasi) a vu le jour en décembre dernier pour promouvoir le dépistage volontaire du VIH et l’utilisation des préservatifs auprès de la jeunesse de Dakar, la capitale. «L’idée est partie d’un constat simple : le sida prend toujours plus d’ampleur et ce sont les jeunes qui sont touchés. Chaque jour, il y en a qui se font contaminer sans le savoir», a expliqué Vincent Sourou Hazoumé. L’animateur sait de quoi il parle : vedette de ‘La route du week-end’, une émission diffusée chaque samedi et dimanche sur Radio Nostalgie, il est aussi consultant en santé de la reproduction et en IST pour l’Agence des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) depuis 2004 -- le Bureau régional de l’Unesco pour l’éducation en Afrique, l’Unesco-Breda, appuie d'ailleurs le Rasi. «Nous-mêmes sommes des populations à risque. Nous sommes constamment sollicités par les filles, par exemple hors antenne, quand elles nous proposent des rendez-vous ou nous abordent en discothèque», a-t-il expliqué à PlusNews. «Mais nous sommes aussi des repères sociaux : il suffit de voir l’ampleur de la participation aux émissions et tous ces gens qui se déplacent en soirée parce que tel ou tel DJ va concocter la musique», a ajouté Vincent Hazoumé. Selon l’institut sénégalais de sondage Bâ Djibril et Associés (BDA), qui a réalisé une enquête dans la région de Dakar en juin dernier auprès des populations de 18 ans et plus, les radios les plus écoutées sont celles qui font une large place aux émissions musicales : Walf FM, Sud FM et Radio Nostalgie touchent ainsi la quasi-totalité de l’audience ‘jeune’ de la capitale. Or l’épidémie de VIH au Sénégal concerne particulièrement cette jeunesse urbaine : près de sept pour cent des femmes et 2,1 pour cent des jeunes hommes âgés de 15 à 24 ans vivaient avec le VIH/SIDA en 2003, selon le dernier rapport épidémiologique du programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (Onusida). Ces taux d’infection sont bien plus élevés que celui qui prévaut au niveau national, puisqu’on estime que la séroprévalence au Sénégal tourne autour d’un pour cent de la population. Selon les statistiques officielles, la tranche d’âge 15-24 ans est sexuellement la plus active et représente 19,6 pour cent des 10 millions d’habitants du pays. ’Kiffer’ le dépistage et le préservatif Pour Vincent Hazoumé, il est donc essentiel que les animateurs vedettes s’engagent dans la sensibilisation de cette jeunesse à risque, en faisant la promotion du préservatif et du dépistage volontaire, gratuit au Sénégal depuis 2004. Marieme Soda Samba, qui anime une célèbre émission pour les jeunes appelée «La Télé est à nous», à la Radio Télévision sénégalaise, RTS, a ainsi affirmé pouvoir «[se] dépister en direct à la télévision pour montrer le bon exemple.» Pourtant, il faut faire attention et ne «pas y aller directement, pour ne pas commettre d’impairs», a prévenu l’animateur. «Depuis les années 80, il y a eu beaucoup de discours autour du sida, mais ils ont eu, je pense peu d’effets», a expliqué M. Hazoumé. «Si tu dis à un jeune : ‘Viens, je vais te parler sida, ça ne l’intéresse pas. Par-contre, si tu t’adresses à lui, pour caricaturer…avec des ‘tu kiffes’ (‘tu aimes ça’ en argot), c’est différent. Nous, ce qu’on veut, c’est parler avec leurs mots, leur musique». Le Rasi souhaite également éditer un bimensuel sur le thème du VIH/SIDA, produire un téléfilm, sortir une compilation musicale et organiser une caravane d’artistes musiciens qui sillonnerait le pays. L’idée du Rasi a enthousiasmé de nombreux animateurs et DJ de Dakar, des journalistes de RFM, de Sud FM, d’Environnement FM, de Radio Nostalgie ou encore de 2STV, la deuxième chaîne publique, essentiellement musicale, en tout neuf représentants de media qui seront formés, en avril, sur les modes de contamination du VIH, la prévention des risques et la manière d’aborder ces questions sensibles à l’antenne ou en soirée. «Si nous ne sommes pas correctement informés, nous ne pourrons pas leur parler», a expliqué Vincent Hazoumé, qui finance cette formation sur fonds propres, faute de partenaires financiers. Pour Amadou Ibrahima Ndiaye, étudiant en droit à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, «cette initiative est très importante». «D’autant plus dans les régions, [où] il y a moins de radio, moins de spots de publicité et moins de gens informés sur la maladie», a précisé le jeune homme, animateur bénévole, le temps des vacances, sur les ondes de Radio Dunya à Kedougou, dans l’extrême sud-est du pays. En 2000, à la veille des dernières élections présidentielles, une étude avait révélé que 80 pour cent des Sénégalais écoutaient la radio. Pourtant seules les émissions de débat qu’anime Amadou Ndiaye offrent une opportunité pour diffuser l’information sur l’épidémie et dialoguer avec les auditeurs : «Une fois, j’avais fait une émission sur le thème du sida, mais peu de gens avaient appelé. Il reste encore beaucoup à faire et c’est notre rôle», a expliqué le jeune homme. Pour cela, il est nécessaire d’étendre l’action des DJ à l’ensemble du pays et aux nombreuses radios de proximité, communautaires ou religieuses que compte le Sénégal, un pays sahélien où la culture orale domine en raison d’un taux d’analphabétisme élevé – 67 pour cent de la population ne savent ni lire ni écrire. Quant aux acteurs de la lutte contre le sida, ils estiment que seulement 10 pour cent de la population connaît son statut sérologique, une situation qu’a déploré l’animateur de Radio Nostalgie. «Et je ne parle même pas de tous ces gens qui ont le même préservatif depuis un an ou deux dans leur poche alors qu’ils ont plein de rapports sexuels», a ajouté Vincent Hazoulé. Début mars, le ministre de la Santé et de la Prévention médicale, Abdou Fall, citant les résultats de la dernière enquête démographique et de santé, avait annoncé une chute du taux d'utilisation du préservatif au Sénégal de l’ordre 20 pour cent en 2005.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join